CECILIA
J- 75
04h02
Hôtel California, Macao, Chine
Je scrute ma montre pour la troisième fois en une minute. Accoudée contre le comptoir, je cherche la moindre distraction qui pourrait m'aider à faire passer le temps plus vite mais je commence à être à court d'imagination.
J'ai déjà passé deux minutes à tenter de comprendre les conversations animées dans la rue, deux de plus à scruter le moindre paquet de chips proposé dans le distributeur et sans doute près de dix minutes à simplement compter le nombre de dalles qui composent le plafond. Je fais même tourner mon SIG dans un geste mécanique, sans vraiment me rendre compte qu'un mauvais geste réduirait ma main en charpie.
Je suis sur les nerfs, complètement épuisée et passablement agacé que les choses prennent aussi longtemps. Je ne sais pas prendre mon mal en patience, encore moins quand la solitude ramène à mon esprit des pensées désagréables. Quand je suis seule, c'est plus facile de me souvenir qu'ils ne sont plus là, qu'il n'est plus là et que ma sœur s'est confié sur ses blessures à un inconnu et pas à sa putain de famille.
C'est égoïste de lui en vouloir pour ça mais c'est plus fort que moi. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle ne trouve pas assez digne de confiance pour me parler alors que j'ai toujours tout fait pour lui montrer que je serais là et ce, peu importe tout le reste. J'en veux à Emilio qui se croit assez bien pour l'approcher, à Caleb qui ne semble rien voir de tout ça et à Alexander qui n'est plus là pour nous faire oublier nos rancœurs.
Pourtant, c'est à Rosalia Spinam que j'en veux le plus. Elle nous a tout donné sur un plateau d'argent, nous a fait miroiter une belle famille parfaite où l'amour devait se mêler à la violence dans un subtil mélange puis a tout repris quand elle a décidé de se tuer dans cette putain de villa. Pour elle, la vie n'était sans doute qu'un jeu mais maintenant, nous voilà terrés au fin fond de Macao à attendre désespérément qu'un miracle se produise pour que tout redevienne comme avant.
Alors que je fais de mon mieux pour faire abstraction de l'odeur abominable de la réception, j'entends le bruit caractéristique d'une porte qui claque résonner au fond du couloir. Je bondis sur mes jambes, resserre ma prise sur mon arme et fait quelques pas le plus discrètement possible en direction du bruit qui s'approche un peu plus à chaque seconde qui passe.
Toute distraction est la bienvenue pour repousser les démons qui dansent autour de moi, qui m'exhortent à tout abandonner sans un seul regard en arrière. Je balaye la réception, guettant le moindre mouvement, la moindre trace d'une présence autre que ma haine et ma rancune.
Quelques secondes plus tard, je l'aperçois enfin. Il est difficile de le manquer tellement l'hôtel est désert et sa démarche bruyante mais, lui, ne semble pas préoccupé par l'idée qu'il puisse y avoir quelqu'un d'autre dans le bâtiment : rien d'autre, si ce n'est la fuite, ne lui importe. Il ne me repère pas depuis l'angle de la réception alors je peux l'observer à loisir sans craindre de compromettre la mission.
Il y a comme une lueur de folie dans ses yeux, presque de danger mais ce qui me stupéfait le plus, c'est son allure passe partout. Jamais je ne me serais retournée sur lui dans la rue en pensant qu'il était le hacker le plus talentueux de sa génération. Il ressemble à n'importe qui, à vous et moi, à un pauvre garçon solitaire qui vient de s'échapper d'une pièce sordide où le retenait trois ravisseurs soucieux de gagner du temps. C'est presque admirable la manière dont il sourit comme s'il avait déjà gagner la partie.
J'aurais aimé qu'Alexander soit là avec moi pour m'aider à le lui ôter.
- Tu sembles bien pressé.
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ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Ação↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...