AEXANDER
J- 35
23h12
Appartement 3B, Rue Cambon, Paris, France
— Mais où sont-ils, putain ?
Ça fait dix minutes qu'ils devraient être là. Je fais les cent pas dans l'appartement exigu de Regina et Marco et je me ronge les ongles en attendant que la porte d'entrée sonne mais rien ne vient. Même Cece n'arrive pas à me calmer. Je connais Rose par cœur et ce n'est pas normal qu'ils ne soient pas déjà arrivés.
Quand nous les avons quitté, tout allait bien. Hayden et Julia venait de décrocher le tableau du mur et Rosalia commençait déjà à faire sauter les agrafes qui maintenaient la toile contre son encadrement. C'est vrai que nous n'avons pas vraiment pris le temps d'échanger deux ou trois mots avant de partir mais tout avait l'air d'aller bien.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment, l'intuition que quelque chose a mal tourné et que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Pour la énième fois en l'espace d'une minute, je jette un coup d'œil à ma montre, écarte le rideau de la fenêtre du troisième étage et souffle bruyamment en constatant qu'il n'y a toujours personne pour tambouriner à la porte. Cece observe mon manège depuis la chaise de la table à manger, une tasse du café préparé par Marco à la main.
— Tout va bien. Ils ne doivent pas trouver la rue, c'est tout.
C'est au moins la dixième fois qu'elle me répète ça mais ce n'est pas pour autant que je la crois. Je lui adresse un bref mouvement de tête mais revient vite à l'étude de la rue en contrebas, plongée dans une obscurité et un calme presque inquiétant.
— Non. Il s'est passé quelque chose, je le sens. Elle a dit un truc sur Thomas quand elle t'a vu ?
— Pour la troisième fois, Alex, non elle ne m'a rien dit. Tu la connais, elle aime entretenir le suspense. Ils vont arriver.
Elle a sans doute raison mais la petite voix dans ma tête n'est pas d'accord avec elle. En fait, elles sont deux à me murmurer des horreurs à l'oreille. La première, la plus angoissée, me chuchote qu'il est arrivé quelque chose de terrible, un imprévu qui les retarde et qui fait qu'ils n'arriveront peut-être jamais dans cet appartement. La seconde, bien plus vicieuse, me susurre qu'elle a recommencé, qu'une nouvelle fois elle va nous abandonner pour se donner la mort au pied de ces trésors dont elle admire la beauté à longueur de temps.
J'aimerais être assez fort pour ne pas douter d'elle, d'Hayden ou de Julia mais encore une fois, malgré tout le travail que je fais sur moi-même pour accepter de ne parfois pas tout savoir, je me sens seul et incapable de comprendre ma famille.
Je ne l'entends pas arriver donc je sursaute quand Cece m'enlace par l'arrière. Ses bras se referment autour de moi et sa tête se pose sur ma nuque dans une étreinte qui se veut réconfortante. Je prends une grande respiration mais la boule au fond de ma gorge ne passe pas. La soirée est trop riche en émotion et c'est la seconde fois que je scrute une rue déserte dans l'espoir que quelque chose se passe.
— Tu veux que je demande à Regina de te faire un thé ?
Je hoche la tête sans répondre et après avoir déposé un baiser dans le creux de mon cou, Cece fait demi-tour et disparait dans le couloir qui mène à la cuisine. Quelques instant plus tard, j'entends la voix de Regina qui s'active dans la cuisine et le remue-ménage des ustensiles pour trouver la bouilloire. Marco est sûrement parti se coucher donc je suis seul dans la salon, seul à guetter leur retour à la fenêtre et à prier pour que mes doutes soient infondés.
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ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Action↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...