CECILIA
J- 54
20h58
Quelque part à la frontière du désert, Égypte
Je suis sur la terrasse avec Hayden quand Melkinov et ses gardes du corps arrivent. Leur 4x4 ressemble en tout point à celui qui nous a déposé devant la villa plus tôt dans la soirée mais la seule différence notoire, c'est que les hommes qui sortent du véhicule ont chacun une kalachnikov dans la main. Le ministre des affaires étrangères est le dernier à sortir de la voiture. Il referme la veste de son costume noir avant de lever les yeux vers nous, perchés devant la porte d'entrée, et de nous adresser un signe de la main à peine enjoué.
Anton Melkinov ne ressemble en rien à un criminel. Ses cheveux blancs et sa barbe grisonnante lui donnent l'air d'un homme décontracté et son sourire ravageur lui attire la sympathie de tous ceux qui prétendent croiser son chemin. Il a l'allure des politiciens qui misent sur leur charme pour marquer des points et pas du tout celle d'un des plus gros narcotrafiquants du XXIème siècle.
Hayden refuse de dire le moindre mot tandis que le cortège s'approche de nous par l'allée en pierre. Je suis soulagée qu'il ne cherche pas à combler le vide par une conversation d'autant plus creuse. Je me sens bien au côté du blond parce qu'il ne tente pas de comprendre mon silence comme Alexander et parce qu'il ne me méprise pas à chaque fois que nos regards se croisent comme s'amusent à me torturer Julia et Emilio.
La seule autre personne avec qui je pourrais supporter de passer ce moment s'appelle Rosalia mais elle n'a même pas pris la peine de venir me parler alors peut-être que je suis vouée à rester terrée dans ma colère jusqu'à la fin des temps. Bien sûr que j'ai mérité leurs reproches. Je suis devenue une version de moi-même qu'ils n'aiment pas mais ils ne comprennent pas à quel point ça fait mal de se faire rejeter par les seules personnes qu'on parvient à estimer. Je ne comprends pas pourquoi elle peut pardonner à Rosalia mais pas à moi. Ou, même si je comprends, je trouve ça simplement injuste.
Les hommes de main de Melkinov s'arrêtent à mi-chemin de l'allée et empoignent leurs armes pour monter la garde devant la maison tandis que leur chef nous rejoint en haut des marches. De près, l'assurance du politicien est d'autant plus perceptible. Il jette à peine un coup d'œil à Hayden avant de diriger son regard vers moi et de sourire comme si j'étais le plus beau trésor qu'il pouvait trouver dans cette maison.
Il ne se gêne pas pour me dévisager et son sourire s'agrandit encore quand il se rend compte que ma cicatrice n'est pas qu'un accessoire de mode. Une arme est cachée dans le revers de sa veste mais j'ai à peine le temps de baisser les yeux pour tenter de deviner le modèle qu'il tend sa main dans ma direction. Une fois certain que j'ai bien remarqué son sourire pendant qu'il empoigne mes phalanges, il se tourne vers mon ami et réitère l'opération.
— Le vol était agréable ? le questionne Hayden sans se départir de son flegme à toute épreuve.
Anton passe une main dans ses cheveux et je remarque que les soldats dans son dos resserrent leur prise sur leurs armes. Melkinov a répondu présent à l'invitation de Rose car ils se considèrent comme amis mais il souhaite que nous gardions à l'esprit qu'au moindre signe de sa part, nous pouvons tous mourir. Il sait que la villa dans laquelle il s'apprête à rentrer est un nid de vipère alors on peut difficilement lui en vouloir d'assurer ses arrières.
— Je préfère la fois où je suis venu à Rome.
Sa voix est dans la continuité logique de son allure. Grave, il essaye de nous séduire par son regard charmeur, sa familiarité audacieuse et il compte sur moi pour céder la première. C'est pourtant mal me connaître. Je lui retourne son regard appuyé sans manifester la moindre sympathie, pressée de mettre fin à cette comédie. Hayden présente plus de diplomatie que moi et se contente d'attendre que l'homme se décide à nous dépasser pour entrer dans la maison.
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ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2
Action↪ ceci est le second tome de la duologie : il est nécessaire d'avoir lu NÉMÉSIS pour comprendre ANAIDÉIA ❀ Rome, Italie Ils étaient derrière vous mais vous ne les avez pas vus. Ils vous ont tout dit et pourtant, vous n'aviez pas compris. Vous n'ave...