ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2

33 | L'adrénaline dans les veines

EMILIO

J- 50

23h08

Quelque part à la frontière du désert, Égypte

        

Les kamikazes sont morts dans l'incendie. Nous avons passé la soirée à regarder les informations, à zapper de chaîne en chaîne pour avoir la confirmation que Miguel Ruiz a payé convenablement sa dette. Ce n'est pas difficile d'avoir des informations quand le monde entier à les yeux rivés sur le centre de formation américain.

La bombe qui a explosé dans un des bureaux du bâtiment administratif a fait sept morts. Les journalistes estiment que les deux terroristes, ceux qu'ils ont vu entrer sur les caméras, sont morts en cherchant à sortir de l'immeuble car ils se sont fait surprendre par le feux. Certains grand noms ont déjà annoncé des incursions punitives contre les instigateurs d'un tel crime pourtant personne n'a encore revendiquer l'attaque.

J'ai essayé de demander à Hayden s'il en savait plus sur la manière dont Ruiz s'y ait pris, s'il a envoyé ses propres hommes à la mort, comment il compte échapper aux autorités américaines mais le blond s'est contenté de hausser les épaules face à toutes mes questions. Caleb, un peu plus loin, était trop concentré sur les tirades du journaliste pour m'entendre. Alors, je suis resté avec mes interrogations comme un abruti, à épier le visage des sept malheureux qui ont trouvés la mort parce qu'ils étaient nel posto sbagliato al momento sbagliato.

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je n'ai cessé de penser à Julia en regardant les images du site en proie aux flammes, à m'imaginer que c'était elle qui, dans un excès de folie ou de douleur, a décidé de faire sauter le bâtiment avant nos camarades mexicains. Une telle pensée n'a rien de raisonnable mais pourtant mon cœur a battu la chamade à chaque fois que les corps noircis des poseurs de bombes sont appaurs à l'écran.

Nous avons lâché la télé des yeux quand Rosalia a envoyé un message à Alexander pour le prévenir qu'elle était en contact avec le Mexicain et que tout était bon. J'ai compris que je retenais mon souffle jusque-là, jusqu'à ces quelques mots qui m'assuraient que ma blonde préférée était saine et sauve dans sa chambre d'hôtel. Thomas n'a pas semblé particulièrement soulagé par la nouvelle et je me suis senti bien con à douter de la réussite de notre affaire plus que le petit nouveau de la bande.

C'est Caleb qui a proposé que nous fêtions ça. Une bière à la main, je suis assis sur le perron avec lui quand Alexander revient du point de livraison avec des cartons de pizza dans les mains. Je ne sais pas comment Thomas a réussi à faire se déplacer un livreur jusqu'ici mais je salive déjà d'avance pour me perdre dans des réflexions qui vont m'empêcher de manger. Je saute sur mes deux jambes et emboîtent le pas au grand roux qui traverse la maison pour rejoindre Hayden et le hacker sur la terrasse de l'autre côté.

Malgré l'heure tardive, il fait encore bon à l'extérieur. Sans se soucier d'avoir une table, nous nous asseyons tous en cercle à même le sol et je n'attends pas une seconde de plus pour attraper le carton le plus haut sur la pile. Je suis tellement affamé que je pourrais avaler n'importe quoi. Caleb me pousse du coude pour essayer d'apercevoir si mon choix lui semble plus appétissant que la sien mais je le repousse en fourrant une part de ma pizza quatre fromage dans ma bouche.

— C'est fou d'être égoïste comme ça, ronchonne mon ami sous les ricanements d'Alexander.

Hayden prend son temps pour choisir sa pizza et jette son dévolu sur une végétarienne que je lui laisse bien volontiers. J'avale une gorgée de bière avant de continuer à manger et pour la première fois depuis ce matin, je me sens bien. Julia me manque, c'est évident mais je suis heureux d'être ainsi entouré de mes amis, de parvenir à revenir à une vie plus simple loin des braquages et des explosions de maison.