La peur, voilà tout ce que je ressens. Elle parcourt mes veines et plus nous nous approchons, plus je panique. À chaque feu où nous nous arrêtons, mon cœur s'emballe et ma respiration devient difficile.
Mon boulot à l'hôpital m'a habitué à beaucoup de choses, mais là, c'est une autre dimension. J'ai l'impression d'avoir atterri dans un univers parallèle où les lois ne sont pas du tout les mêmes que celles d'où je viens. Mon genoux tressaute et je suis dans l'incapacité de l'arrêter. Je suis entourée de trois hommes, Yuri est à mes côtés alors que les deux autres sont à l'avant. Mon angoisse grimpe en flèche lorsque j'entends l'un des hommes annoncer que nous sommes en approche du lieu du rendez-vous.
Pitié, mon dieu, je ne veux pas mourir !
La main de Yuri se pose sur ma jambe.
— Respire, Lya.
— J'essaie, couiner-je d'une petite voix.
Son grand corps se tourne vers moi, il me fixe avec attention. Cela devrait me mettre mal à l'aise, mais ce n'est pas le cas, bien au contraire.
— Écoute moi, ma belle. Il est fou de toi et il vient de faire une entorse à notre règlement, murmure-t-il.
— Comment ça ?
Je suis toute ouïe, mon attention n'est focalisée que sur mon interlocuteur.
— Mon job c'est de le protéger lui et rien que lui. Il est le chef de notre organisation, sa sécurité est ma priorité.
Je fronce les sourcils parce que ce n'est clairement pas ce qu'il lui a ordonné tout à l'heure. Nos iris se croisent et il me sourit, comme s'il lisait en moi.
— Oui, ma belle. Tu es sa priorité et je ne connais aucun chef de gangs, de cartels ou encore de groupuscules qui prendrait une telle décision.
Ses paroles me réchauffent le cœur l'espace de quelques secondes, avant que je ne me souvienne de qui est Kaden. C'est un assassin.
— Tu es tout son monde, Lya. Sans toi, il n'a plus de raison de continuer.
C'est un assassin qui m'aime...
Et alors ? Ça excuse tout ce qu'il a entrepris ?
— Aies foi en lui, Oneesama (1). Laisse-lui le bénéfice du doute.
Je n'ai pas le temps de lui répondre que nous nous arrêtons devant un édifice plutôt ancien. Je n'ai aucune idée de sa fonction, mais visiblement il a été reconverti. Il est inscrit « Bains Nordiques ». Nous descendons, Kaden le premier, puis nous suivons. Il y a beaucoup d'hommes, je suis incapable de les compter.
Les portes vitrées s'ouvrent devant nous. L'endroit est plutôt cosy, une douce odeur de chlore s'élève dans l'air. Il y a des petits fauteuils d'installés sur la droite avec des coussins sur les assises. Une jeune femme attend derrière un comptoir en bois. La standardiste écarquille les yeux avant de sortir de son bureau. C'est une blonde, les iris bleus, un petit décolleté. C'est une belle jeune femme et je ne loupe rien de son léchage de lèvres lorsqu'elle regarde Kaden.
— Monsieur Tidwell, nous sommes ravis de vous voir, Mademoiselle Barks vous attend dans le grand Lagon.
— Eh bien menez-nous à elle, craché-je en arquant le sourcil, plutôt que de baver sur le boss.
La surprise s'inscrit sur ses traits, alors que Kaden tourne le visage vers moi avec un petit sourire en coin.
Oui, c'est ça, rigole fumier !
Certes je ne lui pardonne pas, mais je suis un brin possessive. Je l'ai toujours été.
— Madame Tidwell n'est pas patiente, annonce Kaden. Alors montrez-nous le chemin avant qu'elle ne perde son sang froid.
Blondie hoche la tête.
— Suivez-moi, murmure-t-elle.
Les hommes de Kaden sourient, visiblement mes paroles les amuse. Néanmoins, moi je ne trouve pas cela drôle, bien au contraire. Je me dégoûte, parce que ce que je ressens n'a aucun sens. Ma vie est en danger et moi je rêve juste de rouler une pelle à Kaden afin de marquer mon territoire.
Voilà, je deviens dingue !
Je crois qu'en moins de quarante-huit heures, je viens de perdre la boule. Il n'y a plus rien de cohérent dans mon esprit.
Je secoue la tête afin de me remettre les idées en place, puis nous leur emboîtons le pas. Je reste silencieuse tout le long. Nous parcourons un couloir, il y a des vestiaires, des douches, dans certains coins des canapés. Le passage est tout de même assez large pour que nous passions tous. Les clients s'écartent sur notre chemin et ils ont raison. Les malabars qui m'entourent foutent carrément la trouille avec leurs costumes noirs.
Nous nous dirigeons vers une porte qui mène à l'extérieur, il y a des bains un peu partout qui sont occupés. Nous poursuivons notre chemin, puis nous finissons par nous écarter des autres. Nous débouchons près d'un bassin, qui est entouré par des tables et des chaises, mais il est aussi rempli de monde. C'est assez clair, que ce ne sont pas des clients lambda, mais bien des hommes comme ceux qui m'entourent. Nous contournons le bassin par la droite, pour arriver devant deux chaises, juste en face il n'y en a qu'une et une femme est installée dessus.
Elle ne ressemble pas du tout à ce à quoi je m'attendais. Ses cheveux sont colorés dans un dégradé de rose, elle a un côté rasé, le reste de sa chevelure lui arrive au menton. Ses iris sont bleus perçants, son maquillage les fait parfaitement ressortir, ses lèvres sont pulpeuses, son nez droit. Elle a des tatouages sur la poitrine et elle est vêtue de cuir. Son corps est grâcieux et bien proportionné. Il n'y a aucun doute qu'elle est dangereuse, elle semble aussi « originale » que Harley Quinn. Elle est magnifique !
Je suis jalouse !
Et cela empire lorsque je vois le regard qu'elle porte sur Kaden. Elle le bouffe littéralement des yeux. Mon ex se tourne vers moi, il me fait signe de m'approcher et j'obéis, puis il me montre l'une des deux chaises, je m'y installe. Contre toute attente, une fois assis sur l'autre chaise, il pose sa main sur mon genoux. Les iris de la tueuse se posent sur moi et étrangement ce n'est pas de la peur que je ressens pour elle, mais autre chose. Je ne saurai pas l'expliquer, mais elle a un regard que j'ai vu plus d'une fois chez les victimes de violences. Néanmoins, il m'est impossible d'occulter sa fonction. Après tout, elle est la cheffe du Soulless Ones.
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1 : petite sœur en japonais
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Volontairement Captive - The Silent Death - DR -
RomanceTW : Dark romance. Pour rappel, de nombreux TW sont présents et ceci est une fiction ! L'auteure ne cautionne pas les agissements de ses personnages. Comment une carte bancaire peut-elle autant bouleverser des vies ? Lya utilise une carte de crédit...