Chapitre 48 - Lya -

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 Un grognement m'échappe lorsque je vois l'état de mon patient.

Ne me dis pas que tu le plains Lya ? Il a fait partie de ceux qui ont attaqué le club !

Peut-être, mais je ne peux pas rester là sans rien faire. Proposer cette solution afin qu'il ne meurt pas tout de suite ne m'enchante pas, cependant c'est tout ce que j'ai trouvé.

Et tu comptes faire quoi cruchotte ? Le libérer ?

Ma conscience a décidé d'être moralisatrice, néanmoins elle n'a pas tort. Il ne recouvrera jamais sa liberté et il ne sortira jamais d'ici vivant. Autant être parfaitement honnête avec moi. C'est un mort en sursis, rien de plus. Sauf que je ne laisse pas cela m'atteindre. Je fais ce que je peux pour lui, mais s'il meurt, je ne serai pas responsable.

Mon patient remue en gémissant.

— Ne bougez pas trop, je sais que c'est dur, mais j'essaie de vous soulager.

Il porte sur moi son seul œil valide, l'autre est contusionné comme une grande partie de son corps. Je ne sais pas s'il a des organes qui ont éclaté, une IRM pourrait me l'indiquer, mais je n'ai pas accès à ça ici.

— Vous avez au moins trois côtes cassées de chaque côté, annoncé-je en le palpant légèrement sans appuyer.

Il serre une nouvelle fois les doigts.

— Pourquoi vous faites ça ? crache-t-il.

— Parce que c'est mon job.

— Vous êtes médecin ?

— Infirmière.

Il tousse, du sang s'écoule de sa bouche, ce qui n'annonce rien de bon.

— Aide-moi, murmure-t-il.

— C'est ce que je fais, réponds-je en sortant un flacon et une aiguille.

— Non, reprend-il, passe un message pour moi.

Je fronce les sourcils, il n'est pas en train de me demander ce que je pense tout de même. Je le fixe un instant, mon esprit s'échauffe. Peut-être que je peux obtenir les choses sous un autre angle.

— Ils vont me tuer si je fais ça, déclaré-je en tournant la tête afin de regarder par dessus mon épaule.

Les trois hommes ne sont pas là, mais la porte est tout de même ouverte. Ils pourraient nous surprendre, mais je sais que je ne crains rien. Alors je décide de jouer la comédie.

— Non, ils sont fous, je ne peux pas entreprendre ça, ma famille... feins-je en tremblant.

— Je vous jure que nous vous sortirons d'ici.

— Comment ? supplié-je presque.

Je prends garde de bien regarder régulièrement par-dessus mon épaule afin de lui faire croire que je suis prisonnière au même titre que lui.

— Quand ils viendront, vous donnerez un mot qui sauvera votre vie.

— Mais..., couiné-je avec désespoir.

— Nous n'avons pas beaucoup de temps, souffle-t-il entre deux quinte de toux.

— Et les autres prisonniers ? demandé-je en pâlissant.

— Ils tueront tous ceux de l'organisation...

— Mais les femmes et les enfants ? murmuré-je. Non, je ne peux pas faire ça, ils vont tuer ma famille s'il le découvre.

Je fais semblant de ranger tout mon matériel.

— Je vous jure que nous ne ferons rien aux prisonniers, par contre les autres seront tués ou...

— Ou ? le questionné-je la gorge nouée.

— Vendu, c'est eux ou nous, annonce-t-il.

Le choc s'inscrit sur mes traits, il le remarque.

— La cheffe de la Red Blossom et la femme du chef de la Silent seront vendues c'est certain, pour les autres, elles seront sûrement exécutées.

Mon sang se glace parce que ce qu'il m'annonce est le pire cauchemar de toutes les femmes de cette planète. Il me balance ça comme si une personne saine d'esprit pourrait accepter de prendre un tel chemin ! Rien qu'en entendant cela, ça ne me donnerait pas envie de le libérer, au contraire. Pour la première fois, je crois bien que j'ai envie qu'il meurt.

Mes mains tremblent une seconde avant que je ne reprenne le contrôle. Kaden et Meredith ne sont peut-être pas des enfants de choeur, mais ils ne versent pas dans le trafic d'êtres humains et dans le viol, du moins je l'espère.

— C'est eux ou nous, les miens leur feront payer ma mort...

— Je suis désolée, je ne peux pas.

Mon corps se lève précipitamment. Je fais attention de ne rien oublier afin de ne lui laissez aucune chance de blesser l'un des nôtres.

« Nôtres », tu es des leurs, maintenant ?

Je sors de la pièce, puis ferme la porte derrière moi. Je prends une grande bouffée d'oxygène. Ce mec est un monstre, il n'a aucun remords et aucune empathie, c'est certain. Meredith est un peu plus loin, elle me voit sortir et vient vers moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me questionne-t-elle.

— Tu ne fais pas de traite d'être humains ? demandé-je.

Elle pose sa main sur mon épaule.

— Non, ni moi, ni Kaden, ni Destiny, ni Sasha, mais ce n'est pas le cas des autres organisations.

Ses paroles me réconfortent légèrement, parce que je prends conscience que je suis devenue une cible encore plus grande que je ne le pensais. Si je n'avais que les flics ça serait un jeu d'enfant, mais visiblement certaines corporations m'ont dans leur collimateur, juste parce que je suis la femme de Kaden.

— Il nous veut toutes les deux, avoué-je.

— Pour ?

— Nous vendre, annoncé-je le souffle court.

Les doigts de mon interlocutrice se referment, la colère s'inscrit sur ses traits.

— Comment le sais-tu ? demande-t-elle.

— Il vient de me le révéler. Il pense que je suis prisonnière aussi.

Meredith hoche la tête avant de me prendre par la main. Elle me tire derrière elle jusqu'à une partie de bunker. Kaden est en pleine discussion avec plusieurs hommes et femmes, dont Yuri et Erika.

— Nous avons une partie des réponses, déclare Meredith en me lâchant.

— Nous t'écoutons, répond Kaden avec froideur.

— Lya et moi sommes visées. Je ne sais pas qui s'est lancé à notre poursuite, mais apparemment ils nous veulent toutes les deux pour nous vendre.

Le grognement est général, Kaden reporte son regard froid sur moi.

— Il t'a parlé donc, commence-t-il, que t'a-t-il dit d'autre ?

Tous les yeux sont tournés vers moi, je me sens mal à l'aise. Je me rapproche d'un des fauteuils et m'y installe. La pièce est munie de plusieurs canapés et fauteuils en cuir, il y a une grande table en bois qui trône au milieu de la pièce avec une bouteille et des verres. C'est une salle de réunion sans aucun doute.

— Il voulait que je passe un message.

— Lequel ? demande Yuri.

— Aucune idée, déclaré-je en soulevant les épaules. J'ai joué la carte de la peur et il m'a donné quelques bribes d'informations.

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant