Chapitre 23 - Lya -

61 5 4
                                        

 Yuri ne parle pas beaucoup. Il me conduit à travers la ville. Nous nous arrêtons dans les magasins, mais aucun ne me convient. Je trouve ça vulgaire, j'aime la classe, le sobre et je n'ai jamais changé. Cela doit être le dixième magasin que nous faisons et je ne trouve rien. Je soupire, ça m'exaspère, si j'étais une brindille cela ne poserait pas de soucis, mais je suis une grosse vache. Et puis, je le reconnais, le regard des vendeuses me pose comme d'habitude problème.

— Lya, je te vois entrer et ressortir au bout de quatre minutes.

— Tu exagères, soufflé-je.

— Non, j'ai chronométré, déclare-t-il en me montrant sa montre à trente milles dollars.

Nouveau soupir.

— Lya qu'est-ce qu'il y a ?

— Ça ne sert à rien, j'ai toujours eu du mal à m'habiller, je ne vois pas ce que j'espérais.

La main de Yuri se pose sur mon épaule en signe de soutien, puis il me ramène à lui.

— Allez Oneesama, je vais t'aider.

— Comment ça ? demandé-je en me reculant.

— Suis-moi.

Il me prend la main, puis nous nous dirigeons vers une enseigne de luxe. La vendeuse se jette presque sur nous à notre entrée. Yuri lui sourit, mais je vois parfaitement qu'elle n'est pas son genre. Il a froncé le nez légèrement, le parfum de la demoiselle semble l'importuner.

— Madame, Monsieur, en quoi puis-je vous aider ?

— Je souhaiterai refaire la garde robe de ma sœur.

Tiens donc, sa sœur...

— D'accord.

— Elle est magnifique, je veux des choses qui la mettent en valeur. Si vous lui vendez des trucs qui ne lui vont pas nous iront ailleurs, est-ce clair ? questionne-t-il brutalement.

— Oui, monsieur.

La jeune vendeuse est une blonde filiforme, avec un maquillage de femme fatale.

— Madame qu'elle genre de vêtements aimez-vous ?

— J'aime ce qui me met en valeur malgré mes kilos en trop.

— D'accord, souffle-t-elle.

Elle me détaille des pieds à la tête, avant de me faire signe de la suivre. Je lui emboite le pas un peu mal à l'aise, mais j'essaie de me montrer digne. Elle me fait installer dans une cabine privée, du champagne nous est apporté, je n'en prends pas. L'alcool n'est pas mon truc, je ne bois que de temps en temps. Yuri refuse d'entrée de jeu et j'en fais de même.

Les vendeuses affluent les unes après les autres avec des portants remplis de vêtements plus classes les uns que les autres. Du Gucci, du Dior, du Chanel... toutes les plus grandes marques sont sur ces portiques.

Je m'approche afin de les regarder, les prix sont exorbitants, mais la Silent Death peut se le permettre. Je prends plusieurs vêtements, des robes, des tailleurs, des chaussures, tout y passe. Je fais plusieurs essayages, Yuri me sourit, je crois même qu'il prend des photos, mais pas sûr. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi il agirait ainsi.

Au bout de quatre heures, nous sortons du magasin des paquets à la main. J'ai une quinzaine de tenues pour tous les jours, quelques robes de cocktails, des sous-vêtements que j'ai bien entendu garder pour moi. Hors de question de me montrer en petite tenue devant Yuri.

J'avoue que ça a été un moment agréable. Je me suis amusée, mais je me suis aussi un peu retrouvée. C'était un instant que j'aimais particulièrement partager avec Kaden, il nous ait même arriver de nous envoyer en l'air dans une cabine d'essayage. Ce souvenir me fait sourire, cependant l'image de lui tuant un homme vient se superposer et je perds l'éclat que j'avais.

Kaden...

Je secoue la tête, je dois m'en tenir à mon plan : récupérer ma vie ! C'est la seule chose qui doit compter et rien d'autre. Alors je vais m'y accrocher de toutes mes forces. Les émotions ne doivent plus me submerger, je dois être un iceberg. Je dois être aussi froide que l'antarctique !

Une sonnerie de téléphone retentit, je m'attends à voir Yuri sortir le sien, mais non. Au lieu de ça, il me scrute avec insistance.

— Lya, songe à décrocher, ricane-t-il.

— Oh !

Et oui, ce n'est pas le sien, mais le mien qui fait un tel boucan. Je le sors de ma poche, puis reste figée dessus. C'est lui.

— Oui ? demandé-je en décrochant.

— Tu as été bien longue !

— Je n'ai pas réagi, ce n'est pas ma sonnerie habituelle.

— Alors change-là, affirme-t-il doucement.

Tiens donc, son ton a changé.

— Pourquoi m'appelles-tu ?

— Il est presque l'heure de dîner, je voudrais que tu mettes la robe verte que tu viens d'acheter. Je t'emmène au restaurant.

— Kaden, grommelé-je.

— Rentre, fais toi belle, je te sors.

Il raccroche sans attendre ma réponse.

Non, mais quel toupet celui-là !

Brusquement je percute. Il vient de me demander de porter une robe que je viens juste d'acheter ! Je m'arrête pour fusiller Yuri du regard, cela ne l'atteint même pas.

— Tu lui as envoyé des photos ! m'exclamé-je en le montrant du doigt.

Il soulève les épaules.

— Il a validé toutes tes tenues.

Il me tend son téléphone. Une photographie de moi dans la fameuse robe suivit de messages.


La verte lui va parfaitement, elle fait ressortir sa belle peau.

Ok, je lui confirme que c'est bon.

Et là matte pas trop !


La conversation se poursuit, mais je ne la lit pas, je souris juste comme une idiote.

— Il voulait voir si tu allais bien, je l'ai juste rassuré, reprend-il en rangeant son téléphone.

Mouais !

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant