Chapitre 55 - Lya -

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 Je caresse son ventre, les coups derrière moi tombent, mais je m'en moque. Ce que cette petite m'a révélé est suffisant pour me convaincre que c'est le meilleur comportement à adopter. Sans parler des deux jeunes femmes que nous avons sauvées. Combien sont-elles à avoir subi le même traitement ? Combien sont mortes sous leurs coups ? Ou exécutées comme si elles ne représentaient rien ? Tout cela est suffisant pour que je vois la Silent comme un moyen différent de lutter contre tous ces monstres.

— Lya ? me questionne Kaden. Qu'as-tu en tête ?

— Je ne resterai plus passive, annoncé-je en me tournant et en regardant le fameux Reynart encaisser les coups.

Kaden m'enlace sans prononcer un mot. Alaric sort un couteau et je sais ce qui va advenir pourtant je ne détourne pas les yeux. La lame s'enfonce dans le poumon droit du prisonnier. Il hurle et sa respiration devient difficile.

— Pitié ! crie-t-il.

— C'est sûrement ce qu'elles ont dit quand tu les violais ou les exécutais, grondé-je.

Je perçois sa peur d'où je suis et elle ne me fait aucun effet. Je suis hermétique à ses émotions et états d'âme.

— Ne le tuez pas, Ruth voudra sûrement s'en charger et ce sera son test d'entrée, annoncé-je.

— Bien, patronne, répond Yuri en souriant.

Je dépose un baiser sur le bras de mon homme avant de sortir.

Oui, ce matin mon monde était blanc ou noir, mais cette petite à tout changé, elle a ajouté des nuances que je ne soupçonnait même pas ! J'ai besoin de dormir, je crois que je suis épuisée. Les émotions de la journée m'assaillent : la peur, la haine, l'excitation et le soulagement se mêlent.

— Madame ? m'interpelle Ted.

— Oh Ted, pouvez-vous me ramener ?

— Bien entendu, madame.

Il me prend par le bras, puis nous prenons la direction de la voiture. Je m'installe dans le SUV, le sommeil me happe à peine nous nous mettons en route. Ted me réveille lorsque nous sommes arrivés et je file me mettre au lit.

**

— Ne me demande pas de continuer sur cette voix, déclare Kaden.

— Tu n'as pas le choix, il en va de sa sécurité, affirme mon paternel.

— Tu m'en demandes trop. Je ne peux pas continuer à lui mentir.

Le silence s'installe, je ne perçois que leurs voix.

— Tu le feras où ça pourrait mal se terminer, tu le sais aussi bien que moi.

Ma tête se penche afin de voir ce qu'il se passe. Kaden est assis la tête entre les mains pendant que mon père lui tend un verre d'alcool.

— Elle est tout ce que nous avons de plus précieux, fils.

Mon époux hoche la tête, je vois la résignation dans ses traits. Je ne sais pas de quoi il s'agit, je poserai bien la question, mais si c'est l'entreprise je n'en fais pas partie. Je ne suis pas certaine que je leur serai d'une quelconque utilité. Je n'aime pas les voir aussi graves.

Je retourne vers la cuisine, j'ai un petit creux. Je vais devoir faire attention à mon poids si nous décidons de donner suite. Je ne comprends toujours pas comment cela a-t-il pu se produire ? Je suis sous stérilet depuis un an, ça n'aurait pas dû arriver.

Ma paume se porte à mon ventre, la peur est présente. Je suis jeune et pour un peu Kaden ne veut pas d'enfant.

J'attrape un pot géant de yaourt, sors une cuillère et m'installe sur l'un des tabourets. Mon regard est dans le vague, je n'entends pas l'arrivée de mon oncle Lincoln.

— Eh bien, princesse, une fringale.

Ma tête acquiesce d'un simple mouvement. Il m'observe avant de se rapprocher, puis de caresser mon dos.

— Mon coeur, il va être heureux, cesse de te tracasser.

— Difficile, murmuré-je. Je ne veux pas le perdre.

Il continue de frotter mon dos avec douceur.

— Tu es l'amour de sa vie, même nous, nous ne pouvions dire le contraire. Tu es toute son existence, Lya.

— Ça ne veut pas dire qu'il voudra du bébé...

Lincoln me retire le yaourt des mains, puis il me serre contre lui.

— Je te promets que tout ira bien et pour vous trois. Aie confiance, mon coeur.

**

Les larmes dévalent sur mes joues à ce souvenir qui me sort de mon sommeil. C'est la dernière conversation que j'ai eue avec mon oncle la veille de sa mort. Mon cœur se serre, cependant je n'oublie pas la conversation que j'avais surprise entre mon mari et mon père. Ils ne parlaient pas de l'entreprise ou de quelque chose s'y rapportant, ils parlaient de moi ! Étrangement, je n'ai aucun doute sur ça, à cause du désarroi de Kaden. Il ne supportait pas l'idée de me mentir et mon paternel lui a intimé le silence pour mon bien.

À cette prise de conscience, je me tourne pour découvrir un Kaden endormi. Le filet de lumière que m'offrent les rideaux me permet de l'admirer. Il est beau et insouciant lorsqu'il est ainsi. Ma main décale l'une de ses mèches de cheveux et sa main se referme sur mon poignet. Il ouvre brusquement les yeux avant de se détendre et de relâcher mon poignet.

— Mon amour, désolé, je ...

— Tu dormais, soufflé-je.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demande-t-il avec inquiétude. Tu as fait un cauchemar ?

— Non.

Ma paume se pose sur son torse nu, puis s'arrête sur l'une des nombreuses nouvelles cicatrices qu'il a.

— Alors parle-moi, qu'est-ce qui se déroule dans ta tête ?

Il se redresse, puis se glisse complètement derrière moi, me serrant contre lui. Je suis bien dans ses bras, je l'ai toujours été. C'est chez moi, c'est ma maison, mon refuge et être loin de lui me demande beaucoup trop d'énergie.

— J'ai surpris votre conversation avec papa, la veille de sa mort.

Il se raidit un instant, mes paumes se posent sur les siennes et mes doigts se lient aux siens.

— Tu as toujours voulu tout me dire, n'est-ce pas ?

Un soupir sort d'entre ses lèvres, il glisse sa bouche dans mon cou pour déposer des baisers.

— Je ne voulais pas continuer à te cacher les choses, pour moi tu pouvais comprendre sans peine, avoue-t-il.

— Mais mon père le voyait autrement.

— Et tu lui as donné raison quelques semaines plus tard, reprend-il d'une voix éteinte.

Je sens la douleur dans sa voix. Pendant tout ce temps, je me suis persuadée que cet homme ne ressentait rien, mais je sais que c'est faux. Je le vois encore plus maintenant. Kaden m'a aimé, il m'a permit d'exister, il a fait de moi une femme et m'a choyé autant qu'il l'a pu.

— Pourquoi n'es-tu pas revenu me chercher ?

— Une taupe, mon amour.

— Une taupe ? Explique moi ? 

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant