Chapitre 38 - Lya -

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 Il y a un moment que je suis sous le jet, il est temps que je sorte. Ma peau se ratatine à force d'être sous l'eau. Je m'empare de ma serviette, puis me sèche. Mon esprit repense sans cesse à ce qui est arrivé. Je ne m'étais jamais fait arrêter de cette façon, c'était complètement arbitraire. Juste parce que je suis sa femme... Ce genre de truc ne m'est jamais arrivée quand mon père était de ce monde, mais il devait subir en silence. Dû moins, il n'a jamais daigné m'en parler. Comment est-ce que j'aurais réagi s'il m'en avait parlé ?

Je ne sais pas...

J'ose espérer que je me serai rangée de son côté. Il était mon père, je l'aurai soutenu ainsi que mon oncle. Et si j'admettais ce qui me gêne vraiment dans tout cela...

Il ne m'ont pas fait confiance...

C'est là le nœud de mon problème. Néanmoins, si j'avais été dans un poste de police est-ce que j'aurais tenu le coup ? En y réfléchissant, j'étais jeune, je me serais sûrement emportée... Est-ce que je décevrais les miens ? Est-ce que mon père et mon oncle me détesteraient ? Si je trahis Kaden, est-ce que je trahirai leurs mémoires ? Après tout, il était leur protégé... Est-ce que c'est vraiment ce chemin que je souhaite emprunter ?

Autant de questions qui tournent dans mon esprit. Mes paumes se posent sur la vasque en face de moi, je prends de grandes inspirations.

Ressaisis-toi ! Tu as affronté des choses plus difficiles !

Je me sermonne mentalement. Mes yeux trouvent mon reflet dans le miroir, je suis pâle, je suis encore l'ombre de la femme que j'étais avant de tout perdre.

— Allez ma grande, il est temps de monter en selle ! déclaré-je avec force à mon reflet.

Puis je me mets debout, redresse les épaules et sors de la salle de bain. Je ne serai pas la déception de cette famille, je me dois de leur accorder le bénéfice du doute.

Un petit détour par mon dressing, j'hésite entre deux tenues. J'attrape la robe noire, les collants, les guêtres, puis une paire de talons assortis avant de retourner dans ma chambre.

Kaden attend que je prenne ma place, mais je ne sais pas si je suis faîte pour ce monde. Alors avant de prendre la décision de trahir mon époux et les miens, je dois tenter de comprendre qui ils sont.

Je me prépare, puis une fois prête, je descends. Mon tumulte intérieur s'est légèrement calmé, cette décision m'apaise en partie.

Lorsque j'arrive en bas, Yuri discute avec Meredith et Destiny.

— Veuillez m'excuser pour mon impolitesse, j'avais deux, trois mots à dire à mon mari.

— Pas de soucis, rétorque Meredith.

Elle m'observe de la tête aux pieds avant de me faire un clin d'œil.

— Ted s'est occupé de vous, c'est une bonne chose, déclaré-je en m'asseyant près de Yuri.

Ce dernier pose sa main sur mon genou en guise de réconfort. Je l'en remercie silencieusement avant de reporter mon attention sur les deux jeunes femmes.

— Tu as dit que vous étiez là pour moi. Peux-tu préciser pourquoi exactement ?

— Oui, sourit Meredith. Nous sommes là pour t'aider à évoluer dans ce monde, mais aussi pour te soutenir.

— Pourquoi feriez-vous ça ?

— Lincoln, annonce Meredith en souriant.

— Isaac, rétorque Destiny.

Ces simples prénoms les ont fait venir jusqu'ici afin de m'aider. Si ça ce n'est pas de la loyauté, je me demande bien ce que cela peut-être !

J'hésite une seconde avant de me jeter à l'eau.

— Je peux savoir ce que ma famille a bien pu entreprendre pour que vous soyez aussi réactive ?

Meredith sourit avant de prendre une gorgée de sa boisson. Je patiente en attendant qu'elle me raconte, mais ce n'est pas elle qui ouvre la bouche, mais sa comparse.

— J'ai été abandonnée quand j'avais environ huit ans, commence Destiny. Je suis tombée dans des familles d'accueil qui ne me nourrissaient pas ou me tabassaient. Vraiment rien de joyeux, j'ai fugué un tas de fois et j'ai vécu dans la rue. Un jour les services sociaux m'ont envoyé dans une famille et le cauchemar a débuté. J'étais enchainée à un radiateur et le mec me violait sous les yeux de sa femme.

Elle raconte ça avec si peu d'émotions que s'en est flippant.

— Isaac s'est pointé et les a descendus. Au lieu de me laisser dans le système, il m'a proposé une nouvelle vie et me voilà, termine-t-elle théâtralement.

Donc mon père n'était pas juste un comptable, au moins je le sais. Et puisque Meredith a prononcé le prénom de mon oncle, je suppose que lui aussi l'a sauvé.

— C'est ce que nous appelons dans notre monde une dette de vie, reprend Yuri.

— Je vois le concept, tu dois la rembourser en sauvant la personne qui t'a sauvé, c'est ça ?

— Oui, acquiesce le second.

Nous restons silencieux quelques secondes avant que je reporte mon attention sur Meredith.

— Ce n'est pas aussi sordide que Destiny, ricane-t-elle. C'est assez simple même, la Silent et la Red Blossom sont alliées depuis des années. Quand ma mère est décédée, j'ai repris le flambeau. Lors d'un deal avec des arméniens, ton oncle a senti que ce n'était pas bon et il m'a fait évacuer. À peine étais-je dans la voiture que les balles ont fusé de partout. Nous nous sommes sortis de là sans égratignures, mais pas sans perte. C'est ainsi que j'ai contracté ma dette.

Je vois et une fois qu'elles m'auront sauvé la vie une fois, l'alliance disparaîtra... Ça ne donne pas vraiment envie de se fier à elles.

— Et toi Yuri ? Parce que si elles ne font pas partie de la Silent, toi si, alors ?

— Je suis un simple tueur à gages Lya. Il n'y a pas d'histoire de folie ou autre. Tu avais vu juste sur beaucoup de choses, je viens d'une famille où tout ceci est normal. Je rêvais d'une vie différente et la Silent m'a accepté. Rien de plus.

Je le toise afin de voir s'il me dissimule une information, mais non.

— Pas de dette de vie ?

— Envers Kaden, si ! ricane-t-il. Mais c'est mon meilleur ami, donc ça ne compte pas.

Donc deux poids deux mesures. Je peux me fier à Yuri, mais je dois prendre garde à Meredith et Destiny.

C'est bon à savoir.

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant