Chapitre 37 - Lya -

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 Le paysage défile, mais je ne le vois pas. Des sirènes se font entendre, j'entends l'un de mes gardes jurer. Notre chauffeur s'arrête sur le bas-côté, les autres voitures en font autant. Je regarde derrière moi, je me demande bien pourquoi la voiture de police nous a arrêté. Personne ne parle ce qui me semble inquiétant, l'un des deux malabars qui me sert de garde sort son téléphone et compose un numéro.

— Les flics nous contrôlent, déclare-t-il dans le combiné.

Puis il me tend le portable.

— Oui ?

— Quoi qu'ils te demandent tu ne dis rien et tu composes le quatrième numéro de ton tel, c'est notre avocat, m'annonce Kaden.

— Kaden, c'est juste un contrôle de routine.

— Pas obligatoirement. As-tu compris ce que je t'ai dit ?

— Oui, réponds-je exaspéré.

— Repasse-moi Hank.

Je m'exécute puis nous patientons. Le chauffeur discute avec le flic, sauf qu'il n'est pas seul. Ils sont deux, je me demande bien pourquoi.

— Veuillez sortir du véhicule ! annonce l'un d'eux.

Le dénommé Hank est toujours au téléphone lorsqu'il ouvre la portière, il sort le premier, puis c'est au tour du second, je quitte l'espace la dernière.

— Madame Tidwell ?

— Oui, soufflé-je en fixant le policier.

Il a la trentaine, les cheveux blonds, le regard noisette, mais je sens qu'il n'est pas là pour me faciliter les choses bien au contraire. Sa posture m'indique qu'il est hostile alors que je ne le connais même pas.

— Et vous êtes ? demandé-je.

— Inspecteur Reyers du grand banditisme.

— Oh wouah ! Et en quoi puis-je vous aider ?

Son partenaire le rejoint, il a en main les papiers du chauffeur. Ils cherchent quelque chose et ça doit avoir un lien avec Kaden.

— Nous aimerions parler de votre mari.

— Au bord de la route, réponds-je sarcastique.

— Ce n'est pas un jeu madame.

— Je m'en doute monsieur.

— Votre époux est impliqué dans la mort d'un policier sous couverture.

Mon sang ne fait qu'un tour, je vois mes gardes se tendre légèrement. Il est sérieux, il veut vraiment tenter l'intimidation. Ils n'ont rien, ils sont sur les dents, je le vois bien, autrement ils ne tenteraient pas une telle manœuvre. Ils cherchent juste une faille et il pense que c'est moi.

Mon plan est toujours présent dans mon esprit, mais je dois avant tout savoir ce que je désire et ensuite gagner la confiance de Kaden si je poursuis à mettre mon plan à exécution. Je sens une pression dans ma poitrine augmenter.

La peur...

Je suis terrifiée pour lui, pour mon époux, cela me donne le courage d'ouvrir la bouche.

— Avez-vous des preuves de cela ? demandé-je dubitative.

— Nous en trouverons...

— J'en déduis que vous n'avez rien contre mon mari, vous êtes aux abois, fais-je remarquer.

— Ah bon et qu'est-ce qui vous le dit ?

— Ce que vous venez de dire en plus de votre comportement.

— C'est-à-dire ?

— Vous transpirez, vous me regardez en cherchant une faille que vous ne trouverez pas. J'ai à peine mis les pieds dans le tableau que vous tentez votre chance. Vos vêtements m'indiquent que vous n'êtes pas rentré hier soir chez vous. Donc avant de m'importuner, continué-je avec aplomb, je vous conseille donc de contacter mon avocat pour me parler.

— Madame, tente le second.

— Avocat, déclaré-je en les scotchant là. Si vous ne nous mettez pas d'amende ou ne m'arrêtez pas, vous devez nous laisser partir.

Aucun des deux ne bougent, Hank ouvre la porte, puis je m'engouffre dans le SUV. Mes membres tremblent, mais je fais tout ce que je peux pour ne rien montrer. C'est difficile, cependant j'essaie d'être un peu plus courageuse. Le flic rend ses papiers à notre chauffeur, puis nous reprenons la route.

Mon attention se reporte sur mes gardes, ils se sourient, mais ne prononcent pas un mot. Le stress est bien présent et l'envie de vomir aussi. Je prends de grandes inspirations pour me calmer. J'ai hâte d'être à la maison pour aller vomir.

Nous passons les grilles en fer, puis nous nous garons devant le manoir. Je continue de respirer tranquillement, j'essaie de me changer l'esprit pour ne pas dégueuler à peine entrer dans la demeure. Je monte les escaliers en ignorant littéralement les personnes dans mon salon, je file dans ma chambre, puis cours aux toilettes. J'ai à peine le temps d'arriver, je vide tripes et boyaux dans la cuvette.

Des mains attrapent mes cheveux, pendant que j'ouvre mon manteau comme je peux.

— Tu as un sacré cran quand tu t'y mets, annonce Yuri.

Il me tend un gant, je m'essuie le visage avant de me redresser. Je le balance dans le panier avant de m'asperger la face, puis je me lave les dents. Je prends de grandes inspirations afin de garder le contrôle.

— Kaden ? demandé-je angoissée.

— Il est en sécurité.

La pression dans ma gorge diminue et me permet de mieux respirer.

Il est en sécurité...

Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit, je laisse tomber mon manteau par terre.

— Sors s'il te plaît.

— Ok, je suis en bas avec Destiny et Meredith.

Un simplement hochement de tête lui répond, il s'éclipse sans demander son reste. Je ferme la porte, puis me déshabille et me glisse sous le jet. Je vide toutes les larmes de mon corps. Je sais désormais à quoi va ressembler mon existence et je dois m'y accoutumer entre les flics et le métier de Kaden. Il va falloir que je me fasse aux crises d'angoisses...

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant