Chapitre 2 - Lya -

92 12 0
                                    

 Une fois mon petit déjeuner englouti, Ted me fait faire le tour du propriétaire. Il y a une salle de sport avec tout ce qu'il faut à l'intérieur, une salle de cinéma et trois autres chambres. Ces dernières ne semblent pas habitées, enfin c'est l'impression qu'elles m'ont donnée. Aucune photo, aucun vêtement qui traîne, aucun chargeur... Visiblement le couple qui vit ici n'a pas d'enfant. Je me demande bien à quoi peuvent servir ces trois chambres ?

— Monsieur ne réside pas en ces lieux, il a demandé à ce que je m'occupe de vous ici afin de vous laisser vous accoutumer.

— Comment cela ?

— Je ne fais qu'obéir aux ordres, madame.

Je n'aime pas du tout ce qu'il vient de dire. Que je m'habitue ? Mais pour quelles raisons ?

— Souhaitez-vous regarder la télévision, madame ?

Sa question me sort de ma réflexion.

— Il serait mieux que je rentre chez moi.

— Monsieur s'est occupé de tout, il a des choses à vous remettre ce soir lors du dîner.

Mon interlocuteur allume la télévision, me donne la télécommande avant de s'éclipser. Je n'ai pas le temps d'en apprendre plus qu'il me laisse seule.

Je ne suis pas rassurée. Tout semble beaucoup trop beau. Mes pas me portent jusqu'à ma chambre, je cherche mes affaires dans la pièce, mais je ne trouve rien. Alors petit détour par le dressing afin de m'habiller un peu plus convenablement. Je m'empare d'un pantalon crème avec une chemise blanche. Je ne sais pas si j'en ai le droit, je m'excuserai auprès de l'hôtesse et ferai porter ses affaires au dressing. Puis je file prendre une bonne douche, j'en ai besoin après hier soir. Bien sûr, les bleus au niveau de mes côtes me rappellent à nouveau ce que j'ai enduré, j'essaie de chasser cela de mon esprit. Hors de question que je laisse la peur me commander.

Une fois lavée, je m'habille puis je sors. Je m'arrête net lorsqu'une imposante stature apparaît sous mes yeux. Ma respiration devient difficile.

Je rêve ! Je suis en plein cauchemar !

Sauf que je ne suis pas endormie et je ne suis pas folle. Je n'ai pas besoin qu'il se retourne pour le reconnaître. Sa posture, la puissance qui émane de lui, ses petits cheveux dans son cou et je devine sans mal la paire de lunettes qu'il a sur le nez. Lorsqu'il se retourne, mon corps se recule immédiatement.

— Non, soufflé-je.

— Tu m'as appelé, alors me voilà, annonce-t-il avec sa voix grave.

— Non, déclaré-je en m'élançant vers la porte ouverte.

Je cours le plus loin possible afin de m'écarter de lui ! Il faut que je me tire d'ici ou je ne donne pas cher de ma peau. La terreur me tenaille encore plus qu'hier soir ! Mes pas me conduisent jusqu'à cette espèce d'ascenseur qui lui sert visiblement d'entrée. Le souci ? Il y a un code pour l'activer.

— Lya, tu veux vraiment que l'on prenne cette direction ?

Je ne lui réponds pas, mes yeux cherchent autour de moi une porte de sortie. Je suis sur le point de bouger lorsque ses bras se resserrent autour de moi et que je sens un truc froid sous mon menton.

— Lâche-moi ! crié-je en me débattant.

S'il doit me tuer qu'il le fasse, mais je ne me laisserai pas abattre sans riposter. J'essaie de lui envoyer un coup dans les côtes comme je l'ai appris en autodéfense, mais il m'interrompt en une seconde.

— Lya, ma chérie voyons.

— Je ne suis pas ta chérie ! craché-je.

Je sens la pression de ce que j'ai sous le menton augmenter.

— Je devrais te mettre une balle dans la tête, gronde-t-il contre mon oreille.

Cette fois cela m'arrête, je cesse de me débattre. J'ai un flingue sous la gorge !

— Je devrais te tuer pour avoir osé me quitter !

Il est furieux, je m'attends donc au pire avec lui.

Brusquement je me retrouve le dos collé au mur froid de la cage d'ascenseur. Mon cœur cavale dans ma poitrine, mon souffle est court, la peur est bien présente. Mes iris percutent ceux de mon interlocuteur. Kaden me scrute avec attention, ses prunelles noisette ne reflètent rien. Je suis incapable de lire en lui, pourtant avant je savais parfaitement ce qu'il se déroulait dans son esprit. Aujourd'hui nous sommes des étrangers l'un pour l'autre.

Sa main sur ma gorge se referme, il range son arme dans son dos. Kaden est toujours aussi magnétique, en tout cas il a toujours été ma kryptonite, avec ses cheveux courts et châtains, ses iris noisette, son nez droit, ses lèvres tentatrices. Ce sont toujours les mêmes émotions qui m'envahissent lorsque je le vois. Un mélange de désir, d'amour mêlé à de la haine et la peur.

— Vas-y tue-moi, Kaden, soufflé-je. Aie le courage de me regarder dans les yeux lorsque ma vie se terminera.

Je ne sais pas d'où provient ce courage, mais il vient sûrement de sceller mon destin.

Il me scrute, puis ses lèvres s'abattent sur les miennes sans aucun préavis. Je devrais me débattre sauf que je suis rentrée chez moi. Son baiser me happe, il me ramène dix ans en arrière quand nous nous sommes rencontrés. J'avais seize ans et lui vingt-six, il était beau, ténébreux et inaccessible. Enfin, c'est ce que je croyais jusqu'à ce que nous nous embrassions lors du bal de Noël organisé par mon oncle. Ce soir-là, il a capturé mon âme dans ses filets et ne l'a jamais relâchée. Même lorsque je l'ai vu tuer un homme de sang-froid, je me suis enfuie, mais je ne l'ai jamais dénoncé. J'en étais incapable...

Sa langue s'enroule autour de la mienne, mes bras enlacent son cou, nos corps se collent l'un à l'autre. Mon âme exulte d'être enfin de retour au bercail. Mes doigts agrippent les petits cheveux dans sa nuque, mon être se met sur la pointe des pieds.

Il rompt notre baiser, le souffle aussi court que le mien.

— Je ne te laisserai plus m'échapper ! annonce-t-il avec hargne.

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant