Chapitre 20 - Lya -

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 Trois jours... Trois jours qu'il n'est pas revenu. Trois jours depuis la soirée de charité. Ted me tient compagnie, mais il ne me raconte pas grand-chose. Dès que j'essaie d'en apprendre plus sur l'organisation, il se referme. Je sens que mon quotidien ne va pas être facile. Kaden ne me fera jamais totalement confiance et je ne me fie pas à lui. Ted ne dévoilera rien et Yuri même pas la peine de rêver.

— Madame, m'interpelle Ted.

— Oui ?

— Monsieur revient, mais il ne sera pas seul.

— Comment ça ? demandé-je sur la défensive.

— La garde de monsieur reprend ses quartiers ici, ainsi que monsieur Yuri.

— Oh... euh... ok.

Il hoche la tête avant de me laisser. Je suis assise dans la cuisine devant mon café. Ma conversation avec Agasha me revient. J'essaie de ne penser qu'à ça puisque je n'en peux plus de la télévision et des livres ! Mon travail d'infirmière ne s'arrêtait jamais, lorsque j'étais de garde c'était la course sans arrêt. Là, l'ennui est en train de me rendre dingue, parce que mon esprit passe son temps à cogiter. Je ressasse en permanence ma vie avec ma famille et avec lui, où encore ce qui s'est déroulé l'autre matin. Je ne peux songer à rien d'autre, tout cela m'obnubile.

Agasha semblait peinée, la douleur était perceptible dans sa voix et dans sa posture. Elle a accepté tout cela, parce que la vie l'y a forcé... mais en serais-je capable ?

La porte d'entrée s'ouvre, mais je ne bouge pas, mon attention est toujours fixée sur mon café. Kaden pénètre dans la pièce, il me salue avant de poser son téléphone sur le comptoir.

— Bonjour, soufflé-je.

— Salut.

Il ne me regarde même pas.

— Il faut que nous discutions, tenté-je.

— Parce que maintenant tu es disposée, crache-t-il en se retournant vers moi.

Il est hostile et je sais que je n'arriverai pas à en savoir plus. Je m'abstiens de tout commentaire, cela ne ferait qu'envenimer la situation. Il me plante là comme une idiote. Je l'entends parler avec des personnes, mais je ne comprends pas ce qu'ils se disent. Mon œil est attiré par le portable qui vibre sur le plan de travail. Je sais que je ne devrais pas, mais je dois tenter de prévenir que je suis prisonnière ou un truc du genre. Cependant, je ne sais pas qui je contacterai.

Mon esprit s'échauffe, mais le téléphone vibre de nouveau. Je me rapproche discrètement, mon visage se tourne et il n'est pas dans le coin, il discute toujours et je suis bien seule. Je prends le téléphone, j'hésite une seconde avant de regarder. J'ouvre la messagerie, il n'y a qu'une conversation et visiblement des photos en attente, lorsque je l'ouvre j'ai envie de vomir. C'est une nana qui lui écrit, je remonte la conversation et découvre que c'est la réceptionniste des bains nordiques. Leur conversation est banale, puis elle dérape vite. Elle lui a envoyé une photo de sa poitrine, de son cul et même de son sexe. La colère enfle dans ma poitrine. Il n'est qu'un sale menteur ! Les messages suivants sont graveleux et ceux de ce matin son carrément porno et visiblement il a couché avec elle !

Je remets le message en non lu, puis je repose l'objet du délit. La meurtrissure dans mon âme augmente. Je ne pourrai jamais me fier à lui ! Il n'est qu'un menteur, en même temps c'est son job !

Je me fustige de mettre fait avoir et de l'avoir laissé me toucher. Je n'ai pas couché avec lui alors il est parti se vider dans cette traînée ! Je ne lui pardonnerai jamais !

Lorsqu'il revient, je l'ignore et quitte la pièce mon café à la main.

— Yuri va se charger de toi, annonce-t-il.

— Se charger de moi ?

— Oui, déclare-t-il sans aucune émotion.

— Ce qui veut dire ?

— Tu verras bien.

Puis il reprend son téléphone et file rejoindre ses hommes. Je peste intérieurement, mais je ne montre strictement rien. Au lieu de cela, je prends la direction de ma chambre.

Si tu crois que je vais partager ton lit, tu rêves mon pote !

Il devra me tuer désormais ! Je balance quelques affaires sur le lit, puis une fois que j'ai tout ce que je désire, je sors. J'ai eu le temps d'explorer la demeure ces derniers jours, il y a trois chambres un peu plus loin. La plus éloignée de lui devrait faire l'affaire, alors je m'installe. Mes vêtements sont mis dans l'armoire, je dépose mes affaires de beauté, puis je me pose dans le lit devant la télévision. C'est tout ce que je peux entreprendre, maintenant je dois patienter jusqu'à ce que Kaden se lasse.

Trois coups retentissent à la porte, je sursaute, mais je ne réponds pas. Je ne suis pas chez moi, donc s'il veut entrer, il le fera.

— Lya ?

C'est Yuri.

— Quoi ?

— Puis-je entrer ?

— Oui.

Je resserre ma main sur ma tasse, je baisse légèrement le son de la série que j'ai lancée. Yuri pousse la porte et la referme derrière lui.

— Comment vas-tu ?

— En quoi ça t'intéresse ? Si tu es venue me tuer, soit gentil fais ça vite.

— Te liquider ?

Il fronce les sourcils, visiblement surpris par ma réplique. Pourtant, j'aurai juré que c'est ce qu'a sous-entendu Kaden. Peut-être ai-je fait erreur ?

— Je ne vais pas te tuer, en fait tu es la seule qui ne craint rien ici, sauf peut-être si tu nous balances, mais là encore, je suis certain qu'il te pardonnerait.

— Mouais.

Là j'ai un doute.

— Écoute, je ne suis pas venu pour parler de votre histoire.

— Alors pourquoi es-tu là ?

Il sort un téléphone de sa poche, puis me le tend. C'est le dernier portable à la mode avec une coque et le fond d'écran est une photo de ma famille. Je le regarde sans comprendre.

— Il est intraçable et je verrai tout ce que tu entreprendras. Si tu tentes d'appeler les flics, le téléphone se vérouillera et j'aurai une alerte. Je t'ai installé des applications pour tes achats, quoi que tu aies besoin, fais toi plaisir. Tu as une carte de crédit illimité dans l'étui.

— Attends, c'est une blague ?

— Non, bijoux, vêtements, livres... peu importe. Si tu veux un ordinateur, j'ai ça aussi en sécurisé, dis le moi et je te l'apporte.

— Quand est-ce que je peux sortir d'ici ?

— Dès que tes côtes vont mieux.

— Et mon boulot ? demandé-je septique.

— Tu vas le reprendre, Kaden a prévenu que tu reviendrais dans les prochaines semaines. Il a allongé plus de deux millions afin que tu sois tranquille et surtout bien traitée.

Je reste incrédule.

Deux millions ! Putain de mafieux !

— Ça va ?

Les larmes montent, j'ai l'impression d'être spectatrice de ma vie ! J'ai juste envie de disparaître, de me fondre dans mon lit pour ne jamais en sortir.

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant