Chapitre 11 - Lya -

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 Il est vraiment dingue ; aucun doute là-dessus ! Comment peut-il tenter une chose pareille ? Comme si j'avais envie de voir quelqu'un se faire abattre sous mes yeux ! La tension est palpable, même lorsqu'il baisse son arme. Et cette voix d'outre tombe qu'il utilise, il n'est pas le Kaden que j'ai connu.

Ma main est fichée dans la sienne, je sens tout le contrôle qu'il exerce sur lui. Quand Yuri se poste devant lui, ma paume se resserre et lorsque l'asiatique prononce le prénom de mon père, je ne réagis pas tout de suite.

Les épaules de Kaden sont tendues, sa posture est sur la défensive, j'ai assez travaillé avec l'humain pour connaître certains comportements, il faut dire que je les ai étudiés pendant quelque temps. Ma seconde main s'empare de sa veste, je l'oblige à me regarder.

— La mort n'a jamais été celle que je voulais, soufflé-je.

Ses iris bleus me scrutent, je vois le moment où il s'apaise.

— Souviens-toi que je me bats tous les jours pour sauver des vies.

La paume de Kaden glisse sur ma joue pour finir dans mes cheveux, un doux frisson me parcourt.

— Et moi, mon rôle est de retirer le dernier souffle.

Nous nous toisons, nous sommes deux faces d'une même pièce. Il est la mort, je suis la vie.

— La fille d'Isaac, tu n'es pas sérieux, déclare la voix blasée de la tueuse. Tu aurais pu trouver mieux.

Kaden se tourne vers elle tout en me maintenant dans son giron. Est-ce que j'ai peur ? Oui, parce que tout peut encore exploser.

— Il dit pourtant la vérité.

— Non, impossible, reprend Destiny. J'aurai su, Isaac me l'aurait dit.

— Sa fille unique mariée à son successeur, annonce Yuri.

Successeur !

Non, j'ai mal entendu. Ma prise sur Kaden se retire et il le remarque.

— Lya, gronde-t-il.

Il essaie de me maintenir, mais je recule. Ses doigts crochètent ma manche, je retire en vitesse le manteau afin de m'éloigner de lui, d'eux en fait. Ma respiration est difficile, les gens s'écartent autour de moi. Je finis par trouver les scratchs du gilet et les enlève. Ma poitrine n'est toujours pas libre.

Je ne peux pas laisser mon angoisse me terrasser de cette façon ! Réagit Lya comme en situation de crise !

Je secoue la tête, lorsque Kaden tente de s'approcher, ma main se lève.

— Reste où tu es !

— Lya, écoute...

— Veux-tu bien me laisser respirer ! grondé-je. Je me suis fait molestée, battre et presque violée ! Je me retrouve dans un putain d'univers qui est en totale contradiction avec qui je suis et j'ai un contrat sur la tête.

Mon corps se redresse, ma haine est plus forte que mon désappointement.

— Et Yuri vient de parler de « successeur », donc j'en déduis que mon père était un tueur. Ai-je omis quelque chose ?

— Il a fondé « The Silent Death », ajoute Yuri.

— Bordel de merde ! craché-je en me tenant les côtes. Super !

Ma respiration s'accélère, l'adrénaline se répand, elle occulte la douleur. Mon doigt se lève et se pose sur le torse de Kaden.

— Un mensonge ! Vous m'avez menti tous les deux ! Dis-moi que Lincoln n'avait rien à voir là-dedans.

Les iris de mon mari me fixent, j'y vois du regret et il n'a pas besoin d'en dire plus.

— Super ! déclaré-je sarcastique. Vive la famille !

Je le contourne afin de m'asseoir sur le siège, ma tête tombe entre mes mains. Je ne sais plus quoi penser, j'ai l'impression que la trahison est immense. J'ai toujours porté mon père et mon oncle en haute estime. Ils étaient tout ce que j'avais en dehors de Kaden et c'était des tueurs... Je ne les connaissais pas.

— Alors, c'est vrai, tu es la fille unique adorée de Isaac.

— Je ne sais pas s'il m'adorait, mais oui je suis la fille d'un tueur.

— D'un maître, je dirai plus, ajoute la jeune femme. Il me semblait que tu faisais médecine, déclare-t-elle.

Je souffle avant de me mettre dans le fond du siège.

— Oui, enfin quand j'ai fui je me suis reconverti.

— Fuis ? Pourquoi as-tu fui ? me questionne la cheffe de la Soulless Ones.

— A ton avis, comment aurais-je dû réagir lorsque j'ai vu l'homme que j'aimais et qui était mon mari mettre une balle en pleine tête à un inconnu derrière un cinéma ? aboyé-je.

Je ne sais pas si elle capte le sarcasme dans ma voix, mais il est bien présent. Mon regard capte le sien, elle me sourit franchement et ça se répercute dedans.

— Oui, difficile, rétorque Destiny.

Le silence s'installe, mais je m'en moque. De toute façon, je n'ai pas mon mot à dire sur rien. En fait, je n'ai visiblement jamais eu le choix. J'ai fait médecine pour commencer, ça me semblait logique pour atteindre mon but. Mon père m'y avait poussé. Je rêvais de devenir profiler, il trouvait que j'avais un don pour cerner les gens de manière générale. Le comble, je n'ai pas vu que j'avais des tueurs juste sous mon nez. Heureusement que je ne suis qu'infirmière, j'aurai fait une piètre profiler ou thérapeute.

— Alors vas-tu lever le contrat ? demande Kaden en se postant près de moi.

La boule rose me scrute puis elle se penche vers moi.

— Je ne sais pas encore.

— Tu as une dette, commence Yuri.

Destiny tourne son visage vers lui, elle le fusille du regard.

— Pas besoin de me le rappeler, je suis au courant. Et ce n'est pas juste une dette de vie, ce terme n'est même pas assez fort, s'énerve-t-elle en se levant brusquement.

Yuri sourit avant de se rapprocher d'elle, puis il dépose un baiser sur sa joue avant de la serrer contre lui.

Un tueur ???? Je me pose vraiment la question.

L'asiatique relâche Destiny qui lui envoie un coup dans l'épaule avant de se rassoir dans son fauteuil.

— Je veux vérifier quelque chose, commence-t-elle en sortant et jouant avec un couteau. Isaac disait toujours que sa fille était difficile à duper, c'est pour cela qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis. Donc je voudrais savoir, si tu arrives à penser si je suis quelqu'un à qui tu pourrais te fier.

Elle a raison, je n'ai pas d'amis. J'ai toujours vu clair dans les intentions des autres envers moi. Quand j'avais cinq ans, j'ai bien vu le jeu de Carolyn Newton. Elle voulait juste être mon amie pour ensuite me ridiculiser devant les autres. Je me suis toujours fiée à mon instinct, néanmoins, il n'est pas infaillible...

— Je n'ai pas vu que mon propre père était un monstre...

— Oui, mais en ce qui me concerne tu le sais, donc que peux-tu me dire sur moi comme ça juste en me regardant ?

Elle est sérieuse, elle ?

Je la fixe et oui, elle est parfaitement sérieuse. 

Volontairement Captive - The Silent Death - DR -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant