Volontairement Captive - The Silent Death - DR -

Chapitre 30 - Yuri -

 Lya est intelligente, elle l'est même plus que nous le pensions ou que Isaac et Lincoln pouvaient le croire. Elle sait aussi parfaitement dissimuler ses émotions. Mon instinct m'indique que je ne dois surtout pas me fier à elle, dû moins pas complètement. Il n'y a rien de certain avec elle, hormis son amour pour Kaden. Il va être de mon devoir de la surveiller, mais surtout de ne pas me laisser berner par ces grands yeux noisettes et sa candeur.

Nous rentrons au manoir, je la dépose et donne l'ordre à mes hommes de faire attention à elle. Ils savent que la femme du chef est leur priorité, mais je me dois de le leur rappeler. Le froid s'est installé, l'hiver s'en vient.

— Swan au QG.

— Oui, monsieur.

Nous nous remettons en route, je sors mon téléphone. La douce Loreleï m'a écrit, j'ai bien entendu lancée une enquête poussée sur elle à peine la porte des bains passée. J'ai aussi installé un logiciel espion sur son cellulaire afin de vérifier qu'elle n'est pas une infiltrée. Oui, les flics aiment bien se servir de leurs agents féminins comme des putes. Je ne comprendrai jamais ce genre de comportement, les femmes ne sont pas là que pour le cul, ce sont des êtres avec une intelligence bien plus élevée que celle des hommes.

Tous nos échanges sont de plus en plus osés et j'aime ça. Elle sait ce qu'elle veut, elle ne perd pas de temps pour me l'exprimer et c'est plutôt rare de nos jours. Malgré tout, une part de moi reste sur la réserve. Je ne peux pas mettre l'organisation en danger.

Nous nous garons, puis je file directement rejoindre Kaden dans son bureau. Il est important que lui aussi songe à nous protéger. Il ne peut pas tout passer à Lya sous prétexte qu'il l'aime.

— Salut, mon pote, annoncé-je en entrant dans son bureau.

Il relève à peine la tête de l'ordinateur. Je sais par avance que son attention n'est pas du tout dirigée vers moi. Je me racle la gorge une nouvelle fois et cette fois, il me regarde vraiment.

— Salut Yuri.

— Le contrat est exécuté.

— Bien, souffle-t-il.

— Je me suis permis de mettre les points sur les « i » à ta femme.

Il se redresse, son mode hypervigilant est en alerte.

Qu'est-ce que je disais ! Dès qu'il s'agit d'elle, il perd la boule...

— Doucement, mon pote, annoncé-je. Je lui ai parlé d'une partie de notre boulot, mais tu dois faire gaffe.

— Comment ça ?

— Lya est extrêmement intelligente, elle serait un atout de folie pour nous, mais elle est aussi un danger. Alors s'il te plaît ne lui dévoile pas certaines parties de notre organisation, ne la croit pas sur parole, mon frère.

Il m'observe, puis il se lève et nous sert à boire. Je m'attends à du soda ou un truc du genre, mais il nous verse du whisky. Kaden ne sort ce breuvage que lorsqu'il a besoin de réfléchir. Il me tend le verre, il prend une gorgée du sien avant de s'asseoir dans le fauteuil à mes côtés. Il fait tourner le liquide dans son verre, son esprit est visiblement perdu.

— Kaden qu'est-ce qui se passe ?

— Nous ne pourrons jamais nous fier à elle.

— Je n'ai jamais dit cela, je lui ai montré quelques personnes que nous avons aidé, sa compassion a pris le dessus, mais sa conscience est revenue au galop rapidement.

Je vois la douleur dans ses iris. Kaden est doué pour tout cacher, mais je le connais trop bien. Sa femme est son bien le plus précieux, elle est aussi ce qui le met à terre, pourtant je l'ai vu prendre des balles et presque y passer.

Lya ne s'en rend pas compte, mais depuis sa fuite, Kaden est l'ombre de lui-même. Il est perdu dans le noir et si le peu de lumière qu'il a disparaît, il sombrera vraiment. Le côté obscur de Kaden est l'un des personnages qui m'effraie le plus.

Je n'ai pas honte d'admettre que le Kaden froid et insensible me fout les boules !

— À quoi songes-tu ? demandé-je.

— Selon toi, devons-nous la tuer ?

La tuer ? Il vient vraiment de dire ça ?

Je me redresse dans mon fauteuil.

— Tu n'es pas sérieux ? le questionné-je.

— Elle est dangereuse, tu le dis toi-même...

Il prend une nouvelle gorgée, il se donne du courage pour prendre une décision.

— Je n'ai jamais parlé de l'éliminer et tu sais ce que tu risquerais en faisant ça !

— Elle mourrait de ma main, murmure-t-il.

Lorsqu'il relève la tête vers moi, je comprends ce qu'il sous-entend.

— Tu te suicideras, c'est ça ! m'exclamé-je en me redressant.

— Je me sacrifierai pour l'organisation.

— Hors de question ! m'emporté-je. Je ne te laisserai pas prendre une telle direction.

Je balance le verre dans le mur, puis je sors en trombe du bureau. J'ai besoin de me défouler et vite, avant de ne faire un truc que je vais regretter. Je sors dans l'entrepôt, Swan est en train de fumer, il monte dans la voiture lorsqu'il me voit approcher.

— Ou allons-nous monsieur ?

— Loreleï !

Je ne la préviens pas que j'arrive. Nous nous engageons dans les rues, au bout de trente minutes nous arrivons en bas de son immeuble.

— Je vous attends, annonce mon chauffeur.

Un simple hochement de tête lui répond. Je sors de la voiture, compose le code de son entrée, puis entre dans l'ascenseur. J'arrive vite au deuxième étage, je longe le couloir, puis me stoppe devant sa porte. Je ne prends pas la peine de sonner, je sors la clé que j'ai fait faire à son insu et entre.

L'eau de la douche est perceptible, je retire mes chaussures pour éviter de me faire entendre. J'arrive dans son salon, puis prend la direction de sa chambre. La porte de la salle de bain est ouverte, je m'accoude contre le chambranle de la porte. Le parfum de son gel douche embaume l'air, j'adore ça. Son corps est perceptible sous cette buée. Elle crie lorsqu'elle me voit.

— Putain tu m'as fait peur !

Elle me scrute.

— Alors comme ça tu entres chez moi par effraction, déclare-t-elle en mettant les mains sur ses hanches.

— Oui, réponds-je en soulevant les épaules, et ? Que vas-tu faire ?

Ses iris me détaillent avant de me tendre la main.

— Nous devrions discuter, mais je vois qu'il y a quelque chose qui cloche alors déshabille-toi et rejoins moi, je vais te changer les idées.

Je souris à sa proposition, il ne m'en faut pas plus pour la rejoindre.