Un gros bruit me sort de mon sommeil, je me redresse vivement dans le lit.
Qu'est-ce que cela peut-être ?
J'allume la lumière, la porte s'ouvre brusquement. Je me saisis du drap afin de me couvrir, mais je pense aussi pour tenter de me protéger.
Inutile, un drap n'est pas un gilet par balles...
Kaden entre dans la pièce, puis il referme derrière lui. Je ne sais pas ce qu'il a, mais il ne semble pas aller bien. Et son arme à la main m'inquiète un peu.
— Kaden ? l'interpellé-je doucement.
Il m'ignore, il fait les cent pas dans la pièce. Mon angoisse monte en flèche lorsqu'il daigne enfin me regarder. La froideur de ses traits est un indicateur, je ne suis pas avec le doux et compatissant Kaden, mais avec le tueur.
Mes doigts lâchent le drap, puis je le repousse. Je veux le rejoindre afin de la calmer, sauf qu'il pointe son arme sur moi lorsque je tente de me redresser.
— Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je en fixant l'arme.
— Si je ne peux pas me fier à toi, je ne peux pas te laisser vivre, annonce-t-il sans aucune émotion.
— Vraiment, tu ferais ça ? soufflé-je la peur au ventre.
Je n'ai pas envie de mourir, je suis trop jeune pour ça.
— Oui et je mettrai fin à mes jours en suivant.
— Pourquoi prendrais-tu une telle décision ? Pourquoi ne m'as-tu pas laissée mourir sur ce banc ?
Il baisse son arme un instant, la blessure que je vois dans son regard est réelle.
— Je vois, souffle-t-il. Tu me facilite la tâche, grince-t-il.
Mon téléphone est sur ma table de chevet, je crois qu'il est temps que j'appelle à l'aide.
— Me permets-tu un dernier coup de fil ? Question que je dise au revoir.
— Tu ne peux pas contacter les flics, grince-t-il.
Je m'empare de mon portable puis compose le second numéro enregistré.
— Pas besoin d'appeler les secours.
— Oui, répond l'homme après deux sonneries.
— À quel moment l'amour se prouve-t-il avec une arme braquée sur moi ? craché-je.
J'entends grommeler dans le téléphone, Yuri est furieux.
— J'arrive !
La tonalité est perceptible, je suis seule jusqu'à ce que son meilleur ami le désamorce. Je le dépose sur le lit, puis je soupire.
— Ça devait se terminer ainsi, j'ai de la chance d'avoir survécue ces six dernières années, je suppose.
— Tu doutes de moi, tu ne me fais pas confiance, je pourrai tout te mettre sous le nez que tu nous trahirais dès que possible. Je ne peux pas laisser faire ça Lya, même pour toi.
Son raisonnement est logique. S'il n'avait pas été à la tête de la Silent, je serais morte et enterrée. Il a levé le contrat sur moi, il a tenu à m'expliquer les choses, il m'a aussi menacé. Je reste en place pour éviter de tuer des innocents.
Est-ce que c'est vraiment ça ? murmure ma conscience.
Je le scrute, il est venu le temps de faire un choix : l'organisation ou moi. Je ne sais pas comment je dois prendre qu'il pointe son arme sur moi de cette façon, mais a-t-il la possibilité d'agir autrement ?
— Alors tu choisis la Silent ?
— Je t'ai toujours choisi Lya, mais ce n'est pas ton cas. Tu m'as abandonné dès que tu as pu, sans même essayer de me parler. Alors ne retourne pas les choses.
Touché.
— Pour le meilleur et pour le pire, ma chérie, mais tu t'es vite éclipsée. Je ne suis pas fou, tu recommenceras dès que possible...
Ses mots me touchent en plein cœur, parce qu'il a raison. Je me redresse, malgré l'arme. J'enfile mon pull parce que je commence à avoir froid. S'il doit me tuer autant que j'ai un minimun de descence. Mon corps se rapproche du sien.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je mourrai dans tes bras et nulle part ailleurs.
Il tressaille à mes mots, mes bras s'enroulent autour de sa taille. Le canon se pose sur ma tempe, mon visage se colle contre son torse. Son bras libre vient m'entourer, les larmes coulent sur mes joues, mais je sais que cela ne rimerait à rien de lutter. Le moment est venu. Les minutes s'égrènent, peu importe, elles ne comptent pas. Un vacarme assourdissant se fait entendre.
Yuri !
Yuri entre dans la chambre, mais nous ne bougeons pas. Kaden a toujours son arme posée sur ma tempe.
— Mon pote ne fait pas ça, déclare Yuri. Tu aimes trop Lya pour en arriver là.
— La maintenir enfermée n'est pas une vie et je ne peux pas lui rendre sa liberté. C'est le mieux pour nous deux.
Yuri réfléchis quelques secondes, puis il me fixe. Je ne sais pas ce qu'il trame, mais cela ne me dit rien qui vaille ! Il reporte son attention sur son chef.
— Ok, mais avant tu dois savoir pourquoi Lya t'a vraiment quitté.
Je me tends immédiatement dans les bras de Kaden. Je toise Yuri, il ne parle tout de même pas de ça !
— Autant mourir en étant complètement honnête l'un envers l'autre, poursuit-il en se posant contre la commode.
Kaden baisse son arme, puis baisse la tête vers moi.
— De quoi parle-t-il Lya ?
— De rien.
— Ce n'est pas beau de mentir, Lya, reprend Yuri. Je peux le lui avouer, mais il ne le prendra pas bien.
Je me défais de la prise de Kaden, puis je me poste près de la fenêtre. Il est inenvisageable que je dévoile une telle chose. Cela ne concerne que moi.
— Lya, gronde Kaden, tu m'as quitté pour un autre ?
— Non, vociféré-je en me tournant. Comment peux-tu songé une seconde que je sois ainsi ?
— Ton silence ne m'aide pas à ne pas me faire de film, alors balance.
— Non, je ne dirai rien. Tue-moi, j'emporterai ça dans ma tombe.
Mon mari lève son arme, je ferme les yeux en attendant la détonation.
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Volontairement Captive - The Silent Death - DR -
RomanceTW : Dark romance. Pour rappel, de nombreux TW sont présents et ceci est une fiction ! L'auteure ne cautionne pas les agissements de ses personnages. Comment une carte bancaire peut-elle autant bouleverser des vies ? Lya utilise une carte de crédit...