J'ai besoin d'être seule. Cependant avant de me réfugier dans la chambre de mon père, je fais un détour. Mes pas me portent jusqu'à la porte blanche, je m'arrête un instant devant avant de tourner la poignée. J'ai besoin de ce temps, puis lorsque je me sens prête j'ouvre.
Notre chambre...
Rien n'a bougé, même pas l'odeur de la pièce. Notre gigantesque lit est toujours en place, le dressing sur la droite et la salle de bain sur la gauche. Sur la table de chevet, une pile de photos. Je m'en empare afin de les regarder. Il y a des clichés de moi à l'hôpital, à la sortie de mon boulot, à la fenêtre de mon ancien appartement et de mon nouveau...
Il savait où j'étais. Il l'a toujours su...
Mes fesses trouvent son côté du lit sous la surprise. Je pensais avoir été discrète, mais visiblement Yuri a bien fait son travail. Je repose les photos là où elles étaient. Ma main s'égare sur son oreiller. Des souvenirs remontent et cela empire lorsque je vois le bout de tissu qui ressort de sous l'oreiller. Je m'en empare, je sais déjà ce que c'est : ma nuisette blanche. Une soirée en particulier me revient.
— Kaden cesse de repousser les choses, déclaré-je en le toisant.
Il est beau avec sa chemise ouverte qui découvre son tatouage. Il a une grande paire d'ailes sur chaque pectoral. Je les embrasse tellement de fois, il est mon ange. Celui qui veille sur moi et qui m'aime telle que je suis.
— Lya, attendons tes dix-huit ans. Ce n'est que dans quelques mois.
Il m'énerve à vouloir autant me protéger ! Comme si j'étais en sucre. Avec mon tas de graisse, je suis loin d'être celle qu'il faut sauvegarder. La plupart des gens ne me remarque pas et je leur inspire plus de dégoût que de désir.
Cette fois, je ne lui laisse pas le choix. Je porte une nuisette blanche en dentelle avec un deshabillé noir que j'ai acheté spécialement pour lui. J'ouvre mon déshabillé, son souffle se coupe. Ses iris se remplissent de désir et son corps réagit, son pantalon me l'indique.
— Mon amour, rhabille toi.
Sa voix est rauque, ma peau frissonne, hors de question de reculer. Je le veux et je l'aurai ! Je glisse ma main sous ma bretelle...
Je secoue la tête afin de revenir. Ses mains sur moi me manquent, sa bouche est un péché à elle seule. Mes doigts se portent à mes lèvres, mes yeux se ferment, je revis tous nos baisers depuis que je suis partie. L'envie de me pelotonner contre lui, qu'il réchauffe enfin mon corps qui est gelé depuis tellement de temps.
— Te voir assise-là va me torturer.
Je sursaute en portant la main à ma poitrine, je ne l'ai pas du tout entendu arriver.
— Qu'est-ce que...
— J'ai été incapable de toucher à quoi que ce soit, déclare-t-il en s'accoudant au chambranle de la porte.
Le tissu retrouve sa place sous son oreiller, puis je prends la pile de photos.
— Obsession ? demandé-je en me levant.
Cette fois, il entre dans la pièce et ferme derrière lui. Son corps se rapproche du mien, puis il me prend le paquet des mains.
— Elles ne te rendent pas justice, murmure-t-il.
— Arrête de tenter de m'amadouer, Kaden, vu ton numéro de tout à l'heure ça ne risque pas de fonctionner.
Le sourire qu'il me renvoie est éblouissant. Un soupir m'échappe, puis je tente de quitter la chambre.
— J'ai besoin d'être seule.
Kaden saisit mon poignet, je me retrouve de nouveau bloquée. J'essaie de le faire lâcher sa prise, mais il a plus de force que moi.
— Ta chambre est ici. Tu partages mon lit et je t'arrête tout de suite si tu n'obéis pas je t'enchaîne à cette pièce.
Il me menace, étrangement je suis certaine qu'il le fera.
— Crois-moi, je t'enleverrai ton boulot et ta liberté s'il le faut.
— Pourquoi ferais-tu ça ? Pourquoi veux-tu que je partage ton lit ? Tout cela n'a aucun sens, m'énervé-je.
— Parce que tu es mon épouse que cela te plaise ou non. Tu dors dans mon lit, c'est aussi une question d'image.
— D'image ? D'avoir une baleine dans ton pieu, laisse-moi rire.
Cette fois sa prise se resserre, il me ramène brutalement vers lui, son regard est noir, il est furieux.
— Ne redis jamais une telle chose ! C'est compris ! Tu es magnifique et tu me rends complètement fou ! Est-ce que j'ai été clair ?
Je hoche simplement la tête. Il n'a, d'aussi loin que je me souvienne, jamais apprécié que je parle ainsi de moi. Il m'a toujours reprise ou encore montré qu'il me voulait. Visiblement, il n'a pas changé sur ce sujet là.
— Je vais te laisser un peu d'intimité, tu sais ou trouver tes affaires.
Il dépose un rapide baiser sur ma tempe, puis il sort me laissant seule. Je suis épuisée, la soirée d'hier et cette journée ont été harassantes, je me sens lasse de tout. Mes pas me portent jusqu'à notre penderie, je reste bête devant le dressing. Toutes mes affaires sont là, que ce soit mes anciennes ou même celles qui étaient encore dans mon appartement hier après-midi.
En même temps, il t'a dit qu'il avait tout déménagé !
Je n'en reviens tout de même pas. J'agrippe rapidement mon pyjama panda avant d'aller prendre une douche. Une fois de plus, tous mes produits de beauté sont présents.
Ne cherche pas pour ce soir...
Je me lave rapidement, cela me fait du bien, mais j'ai hâte de dormir. Fermer les yeux, puis me reposer. Je verrai demain pour les problèmes et pour leur trouver une solution. Je me glisse sous les draps et son odeur est partout.
Je ne vais jamais m'en sortir.
Mon être se tourne et se retourne, pourtant je suis exténuée. Mon corps est lourd pourtant ce lit me gêne. Ce n'est pas celui dont j'ai eu l'habitude ces dernières années... Celui-ci est plus confortable, je devrais donc mieux dormir. Mon souci ? Mon cerveau sait qu'il va me rejoindre, que nous allons à nouveau dormir ensemble après quatre ans, il ne cesse de me le sortir à tout bout de champ. Je m'empare de l'oreiller, puis j'essaie de me caler. Il est temps que je dorme.

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Volontairement Captive - The Silent Death - DR -
Любовные романыTW : Dark romance. Pour rappel, de nombreux TW sont présents et ceci est une fiction ! L'auteure ne cautionne pas les agissements de ses personnages. Comment une carte bancaire peut-elle autant bouleverser des vies ? Lya utilise une carte de crédit...