Chapitre 6

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Ariane

~6 mois auparavant~

Je suis dans la salle de bain depuis plus d'une heure et les larmes n'ont toujours pas cessé de couler. Je suis appuyée sur le lavabo et quand je relève enfin les yeux, je ne reconnais pas la fille qui me dévisage dans le miroir. Elle a des cernes, ses yeux sont rougis par les larmes et le sourire qui ne la quittait jamais a disparu. Je reprends laborieusement ma respiration et tente de me redresser pour finir de me préparer, mais je m'écroule sur le carrelage. La fraîcheur de ce dernier envahit ma peau, mais je ne la sens pas, car je me sens morte. Je me noie dans un océan d'émotion et de larmes et mon esprit est parti avec lui. Je revois la scène de sa mort se jouer en permanence dans mon esprit. Les images tournent et virevoltent sous mes paupières, un cri silencieux m'échappe et l'angoisse est si grande que j'en tremble. Il n'est plus là et il ne reviendra pas, tu es seule maintenant. J'ai l'impression de chuter, je suis vide et la seule chose qu'il reste de moi est ce corps sans âme qui sanglote sur le carrelage froid et mouillé par les larmes que je verse. Les larmes... elles sont mes dernières amies, témoins de mon crime et représentantes de ma douleur. Nous sommes le 13 mai 2022 et aujourd'hui est le jour de son enterrement. Je fixe la robe noire que j'ai posée sur le rebord de la baignoire, c'est celle qu'il adorait, il me l'avait lui-même choisi. C'est l'heure et quand je monte dans la voiture, je ne peux m'empêcher de penser que l'on enterrera son corps et mon âme aujourd'hui.

***

Je me réveille en sursaut et me redresse si vite que je manque de tomber de ma chaise. Un cri est coincé dans ma gorge et mes joues sont noyées de larmes. Le soleil se couche et des rayons roses et dorés dardent par la fenêtre. Je me suis endormie. J'essuie mes larmes et j'ose jeter un œil sur la pagaille que j'ai semée dans mes feuilles pendant que je cauchemardais. Je grimace et me dirige dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Hors de question que Cole et Jellal me voient dans cet état et se fassent plus de souci. En revenant dans ma chambre, mon cœur bat encore beaucoup trop vite et l'angoisse provoquée par ce souvenir n'a pas tout à fait disparu. Mes yeux sont attirés par le piano, près de la fenêtre. Pourquoi pas ? La seule chose efficace que je connaisse pour me calmer, c'est jouer jusqu'à avoir mal aux doigts. Je joue depuis mes 4 ans et j'ai appris à composer à l'âge de 8 ans. Le piano a toujours fait partie de ma vie que ce soit dans les moments de joie, de tristesse ou même de colère, je ne connais rien qui me calme mieux que cet instrument et la magie qu'il produit.

Je m'assois donc sur le banc et effleure les notes. Cela fait un moment que je n'ai pas joué, alors, je prends le temps de savourer la sensation d'excitation et de satisfaction que la seule idée de laisser courir mes doigts sur le clavier provoque en moi. Je positionne mes doigts et commence à jouer. La mélodie est douce et lente. Je me laisse porter et les notes m'entraînent dans leur danse. Le temps s'arrête et mon cœur s'apaise. Les sons roulent, virevoltent, se cognent et volent tout autour de moi. J'adore cette sensation. Mon corps et là, mais mon esprit, lui, s'est envolé à la seconde ou la première note a retentit. J'enchaîne les mélodies et quand je me sens prête à regagner la terre ferme, le soleil n'est plus qu'un doux souvenir dans le ciel qui s'est rempli d'étoiles. Je soupire et un léger sourire flotte sur mes lèvres. Je me retourne et sursaute en trouvant Cole, souriant, adossé à l'encadrement de la porte.

- C'était magnifique. C'est une nouvelle composition ? me demande-t-il en me jetant un regard intrigué.

- Oui...je l'ai finie hier. Je pensais vous la faire écouter plus tard, mais je ne t'ai pas entendue rentrer, lui répondis-je en souriant à mon tour.

- Comme à chaque fois que tu t'assoies sur ce banc, me répond-il en riant, aller viens manger, le repas est prêt et Jellal vient de rentrer.

- D'accord, j'arrive !

***

Assise devant mon assiette, je suis tentée de prétendre ne pas avoir faim, mais lorsque je relève le nez et croise le regard de mes deux frères qui font mine de ne pas me surveiller, je comprends que je ne m'en sortirai pas si facilement cette fois. J'attrape donc ma fourchette et prends quelques bouchées pour leur faire plaisir.

- Bon alors, il est comment ce lycée ? Ça s'est bien passé ? Tu t'es fait des amis ? me questionne Jellal.

- Oula doucement, j'ai l'impression d'être au commissariat, le taquinais-je, oui ça s'est bien passé et le lycée est super grand ! Je ne vais jamais réussir à me repérer. Par contre, il devrait changer de secrétaire ! Cette dame est horrible ! Et sinon oui, je pense m'être fait des amies.

- Génial Yaya ! Et... les garçons ? me demande Cole en essayant – et je dis bien en essayant – d'avoir l'air détendu.

- Quoi les garçons ?

- Ils sont sympas ?

Je crois que j'ai eu un instant de beugue parce que quand mon regard se pose à nouveau sur mes frères, ils me fixent tous les deux comme si j'allais m'échapper.

- Sérieusement ? grimaçais-je.

- Quoi sérieusement ? Tu es jolie Yaya et tu dois sérieusement apprendre à te méfier, t'es encore beaucoup trop naïve, me lança Jellal.

- N'importe quoi ! Je n'en ai rien à faire des mecs moi ! lui répondis-je en tentant d'effacer le souvenir du sourire de Cameron et des yeux bleu de Daemon de mes pensées.

- Mouais, si tu le dis, marmonna Cole.

L'interrogatoire enfin terminé, je remonte dans ma chambre, me douche et me change rapidement avant d'aller souhaiter bonne nuit à mes frères puis je me mets au lit en espérant ne pas avoir à affronter de nouveaux souvenirs cette nuit-là. Je ferme les yeux et la fatigue ne tarde pas à me faire glisser dans le sommeil. Pourtant, alors que mon esprit dérive, le souvenir du regard que m'a lancé Daemon me revient et une étrange sensation de déjà vu m'assaille.

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