Ariane
À peine ai-je mis un pied dehors que l'air frais de la nuit me fouette le visage. Si je tombe malade à cause de cet abruti, il me le paiera, songeai-je en contournant la villa pour le rejoindre sous mon balcon. On dirait un scénario raté de Roméo et Juliette. J'arrive au coin de ma maison et m'arrête pour l'observer de loin. Il est assis dans la pelouse et fume tranquillement sa clope comme s'il ne venait pas de rentrer par effraction chez moi. Il relève la tête et plante son regard dans le mien. Oups ! Je m'empresse de le rejoindre et essaye de me donner un air nonchalant.
- Bon, qu'est-ce que tu veux ? lâchai-je en le toisant de haut en bas.
Il ne me répond pas et se contente de me regarder. Ses yeux brillent et il a l'air de peiner à se tenir droit. Je m'apprête à réitérer ma question quand il tapote l'herbe à côté de lui en guise d'invitation à m'asseoir. Je croise les bras et le dévisage. Mauvaise idée. Dès que mon regard atteint son visage, je perds contenance. Il devrait être interdit d'être aussi beau. Je détaille ses cheveux bruns qui lui retombent sur le visage, ses yeux si bleus qui brillent dans le noir comme deux saphirs. Mon regard descend et se fixe sur ses lèvres. J'ai brusquement envie de l'embrasser. De l'embrasser ? Mais à quoi tu joues Ariane ?! Reprends-toi ! Je relève brusquement la tête et un sourire moqueur apparaît sur son visage.
- Quoi ? lui demandai-je sur la défensive.
- Je n'ai rien dit, répond-il en levant les mains en l'air comme pour prouver son innocence.
Je soupire et m'assois à côté de lui.
- Depuis quand tu fumes ?
Il hausse les épaules et continue de tirer sur sa cigarette.
- Je n'aime pas ça.
- De quoi ?
- La clope, les odeurs de clopes, les mégots, les cigares, les joints, les-
- D'accord, c'est bon, j'ai compris, répond-il en éteignant la cigarette avec une grimace. Tu n'es pas de très bonne humeur hein ?
- Je suis fatiguée et j'aimerais beaucoup que tu arrêtes de faire des mystères et que tu répondes à mes questions pour que je puisse retourner essayer de dormir.
- Compris. Pose-les, tes questions, soupire-t-il.
- Pourquoi tu es dans mon jardin à minuit et demi ?
- Je voulais m'excuser, marmonne-t-il en se passant la main dans les cheveux, l'air nerveux.
- T'excuser ?
- Ouais... Pour l'autre jour à l'infirmerie. Je n'aurai pas dû m'emporter comme ça, ni te traiter comme si tu étais ma chose. Ce n'était pas cool de ma part...pardon, me dit-il en fuyant mon regard.
- Oh...et tu débarques souvent tard dans la nuit chez les filles pour leur présenter tes excuses ? le taquinai-je.
- T'es la première, princesse, répond-il avec un air niais.
- Ben voyons. En tout cas tes excuses sont acceptées, lui répondis-je en levant les yeux au ciel.
Il sourit et un blanc s'installe. Le silence ne me posait pas problème, au contraire d'habitude, le silence me réconforte et me calme, mais cette fois, il me dérange. Daemon à le regard triste et perdu dans le vide. J'ai envie de combler les quelques centimètres qui nous séparent et de le prendre dans mes bras.
- Tu as peur de la mort ? me demande-t-il soudainement.
- De la mort ? Non et toi ?
Il ne me répond pas tout de suite, comme s'il réfléchissait à la question. Quand il le fait, sa voix est grave et éteinte.
- Ouais...j'ai peur de la mort. J'ai peur qu'il n'y ait rien après et je n'arrive pas à l'accepter. Je ne peux pas croire que les gens que j'ai connus aient pu disparaître comme ça du jour au lendemain et qu'ils n'existent plus quelque part. Je refuse de croire que je peux disparaître à tout moment sans qu'il y ait une autre vie ou un autre univers qui m'accueillerait après.
- Je crois que je vois ce que tu veux dire. Moi, j'ai toujours été convaincue que les morts rejoignent un univers parallèle qui se situerait dans les cieux. Je suis convaincue que chaque étoile dans le ciel représente un défunt et que celui-ci veille sur nous à travers elle.
- C'est une jolie vision, me répond-il en souriant. Tu aimes les étoiles ?
- J'adore, mais je n'y connais rien ! rigolai-je.
- Quand j'étais tout petit, ma mère m'emmenait les voir, dit-il l'air nostalgique.
Je ne réponds pas. Je ne reconnais pas ce Daemon. Il a perdu sa façade froide et sûre de lui. Il a l'air triste. J'hésite un instant puis décide finalement de lui prendre la main. Quel mal y a-t-il ? Nous sommes juste ami et je veux simplement le réconforter, n'est-ce pas ? Mes doigts frôlent d'abord le dos de sa main ce qui le fait sursauter, je l'attrape et la serre entre les miennes. Il redresse la tête et je lui fais un petit sourire. Je remercie la nuit de cacher mes joues rougies par la gêne. Il me dévisage étonner puis me surprend en attrapant à son tour ma main. Nous restons assis là sans rien dire pendant au moins dix bonnes minutes, mais c'est agréable. J'ai l'impression d'être entrée avec lui dans une autre dimension, un endroit où mes soucis s'envolent. Je me sens légère et une chaleur réconfortante se fraie un chemin jusqu'à mon cœur. Je ne sais pas pourquoi ni comment c'est possible, mais à ce moment-là, je réalise que j'ai complétement confiance en Daemon. Pourtant, ma confiance n'est pas chose facile à obtenir. Je me méfie de tout et de tout le monde à longueur de temps, surtout des hommes, à tel point que ça en est épuisant. Seulement, avec Daemon, c'est différent. Je voudrais croire que non pour me rassurer, mais il est plus qu'évident que ma confiance lui appartient. Après tout, je n'ai pas hésité à monter dans sa voiture alors que je le connaissais à peine, je n'ai pas hésité à partir seule avec lui dans les couloirs, ni même à descendre le voir en plein milieu de la nuit alors qu'on venait de se disputer. Sans que je ne sache pourquoi j'ai l'impression de le connaître sans vraiment le connaître. C'est comme si je lui avais toujours fait confiance. C'est vraiment étrange comme sensation.
Je commence à m'endormir au moment où il lâche ma main et tente de se relever tant bien que mal. Il vacille et à l'air d'avoir du mal à se tenir debout.
- Tu as bu ? lui demandai-je ahuri de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.
- Un peu, grimace-t-il.
- Pourquoi ? lui demandai-je inquiète.
- Ne fait pas cette tête, je vais bien. Je dois y aller, bonne nuit princesse.
Il caresse ma joue et se dirige vers le portail comme si de rien n'était. La magie est rompue et je suis encore étourdie par le fait qu'il soit venu me présenter des excuses, soûl et non pas par ses doigts sur ma joue. Bien évidemment. Je décide de ne pas me prendre la tête même si j'aimerais bien savoir pourquoi il a bu. Je me relève et me dirige vers ma porte, je tourne le coin de la maison et-
- AAAAAAAAAAAAH ! hurlai-je en me retrouvant nez à nez avec Cole et Lys. Mais vous êtes malade ! Vous voulez me tuer ou quoi ?!
- Tu rigoles ?! Tu nous as foutu la trouille aussi je te signal ! s'exclame Cole. Qu'est-ce que tu fous dehors en plein milieu de la nuit et en pyjama ?
Panique à bord ! Mon cerveau tourne à plein régime pour trouver rapidement un bobard à raconter à mon frère.
- J'avais laissé mon pull sécher sur le balcon et il s'est envolé alors je suis descendue le chercher, répondis-je en tentant de garder l'air naturelle.
- En pleine nuit ?
- Je n'arrivai pas à dormir.
Cole soupire et m'ordonne d'aller dormir. Je ne le fis pas répéter et déguerpis aussi vite que possible dans ma chambre sans prêter attention au regard inquisiteur de Lys. Je ferme les yeux et m'endors sans même m'en rendre compte, j'aimerais retourner dans cette dimension que Daemon et moi avons ouverte dans le jardin.
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Merci de m'avoir lu et à la semaine prochaine !!!
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Supernova
RomanceAriane est une jeune fille au passé tumultueux, les épreuves et les blessures qu'elle a subies ont laissé un vide immense au fond de son cœur. Alors qu'elle se bat contre la douleur et le gouffre que les épreuves du passé ont creusées en elle, elle...