Chapitre 9

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Ariane

Bon sang que ce silence est gênant ! Cela fait maintenant dix minutes que Daemon et moi roulons et exactement dix minutes qu'un silence de mort règne. C'est étrange parce que d'habitude, le silence ne me dérange pas, mais là, maintenant, je donnerai n'importe quoi pour arriver rapidement chez moi. Puisqu'il n'a pas l'air décidé à parler, je me tourne vers la vitre et observe le paysage qui défile. Mes pensées se perdent et je me rends brusquement compte, au vu de ce qui me traverse l'esprit, que je suis encore sous le choc de ce qu'il s'est passé au gymnase. Sinon comment expliquer que ce silence me dérange autant ? Les souvenirs reviennent et le contre-coup est bien plus violent que ce à quoi je m'attendais. Les larmes montent de nouveau et je tourne encore plus la tête en essayant de cacher mes yeux humides derrière les mèchent qui me tombent sur le visage.

- Ça ne va pas mieux ? Tu trembles...constate-t-il à voix haute.

Je tremble ? Je ne m'en étais même pas rendu compte avant qu'il ne le dise. Des frissons me parcourent et une larme m'échappe. J'attrape la veste d'Ayline et la cale sur mes épaules avant de laisser retomber ma tête contre la vitre en reniflant discrètement.

- Je ne m'en étais même pas rendu compte avant qu'il ne le dise.

- Tu vas faire quoi ? lui demandais-je en ayant un peu peur de la réponse.

- T'occupes pas de ça, réplique-t-il sur un ton dur.

Je baisse les yeux et n'insiste pas plus. Le reste du trajet se poursuit dans le silence et j'essaye tant bien que mal de me calmer. Il est hors de question que mes frères me voient dans cet état, je ne veux vraiment pas avoir à leur raconter ce qui m'est arrivé. Mes frères... Je relève brusquement la tête en constatant qu'il doit être tard et qu'ils sont sûrement morts d'inquiétude. Je me saisis rapidement de mon téléphone que j'avais mis en silencieux et l'allume pour découvrir une trentaine d'appels manqués et au moins autant de messages qui me demandent où je suis. C'est presque si je ne m'attends pas à trouver la police chez moi en rentrant. Je leur envoie donc un bref message pour leur signifier que non, je ne suis pas morte, oui, je vais bien et oui, je serai bientôt là. Je soupire en réalisant que l'interrogatoire qui m'attend à la maison risque d'être tout sauf drôle et que je n'ai absolument pas envie de mentir ou même de parler. La voiture de Daemon s'arrête et j'ai brusquement beaucoup moins envie de descendre.

- Merci, soufflais-je la tête baissée.

- De rien, mais fait gaffe quand t'es au lycée. Les mecs sont cons et les filles vicieuses. Tu ne devrais pas rester seule, surtout que tu es nouvelle et que les nouveaux sont considérés comme des proies pour certains des gars là-bas ! lâche-t-il avec son air froid habituel.

- Les mecs sont cons ? lui demandais-je en lui lançant un regard perplexe.

- Ouais, réplique-t-il en plantant son regard dans le mien, pas tous, mais la plupart...Surtout Cameron à vrai dire.

Je lui lance un regard surpris en essayant de comprendre comment Cameron a atterri dans la discussion.

- Quoi ? C'est vrai ! insiste-t-il.

- Si tu le dis. Bref, merci et au revoir, le saluais-je d'un air qui se veut aussi nonchalant que le sien.

Il hoche la tête, mais ne m'écoute sans doute plus. Son regard est fixé sur le bitume et il semble étrangement attristé. Je ne pose aucune question et me dirige vers la porte d'entrée. Je me retourne une dernière fois avant de rentrer, mais il est déjà parti.

***

J'ai à peine le temps de fermer la porte derrière moi que Jellal me prend dans ses bras en me serrant si fort contre lui que je crois ma dernière heure arrivée.

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