Chapitre 48

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Ariane

Mon cœur bat la chamade et je ne sais pas trop si c'est la peur ou la présence de Daemon qui lui inflige ce rythme. Ma tête tourne et les yeux glacés et remplis de colère qu'il a jeté sur moi quelques minutes plus tôt tourbillonnent dans ma tête au milieu d'un million d'autres images. Je me cache un petit peu plus dans son cou, respirant son odeur, et il resserre un peu plus son étreinte.

- Pardon, murmurre-t-il encore dans mon oreille, et je le pardonne.

Je ne sais pas à quoi nous jouons tous les deux, mais c'est de plus en plus étrange. Ma raison me hurle de reculer, mais j'en suis incapable, mon corps veut rester là, dans ses bras, alors je le serre plus fort et je l'entends soupirer contre mes cheveux. Nous restons ainsi de longues minutes avant qu'il ne recule doucement, me forçant à le lâcher. Je scrute son visage et suis surprise d'y trouver un sourire qui me paraît presque timide. Il ne me ferait pas de mal n'est-ce pas ?

***

Après m'avoir vaguement expliqué qu'il s'est disputé avec sa mère, Daemon est reparti. Allongée sur mon lit, les yeux fermés, mes pensées dérivent. Je sens une vague d'angoisse monter avec une lenteur extrême en moi. Le regard meurtrier de Daemon tourne encore et encore dans mon esprit et, lorsque ses pupilles bleu saphir passent au gris, je me redresse en sursaut, ma respiration se bloque et la douleur me tord le ventre. Je dois me forcer à respirer pour soulager mes poumons qui hurlent à l'aide et me laisse glisser au sol. Je me roule en boule, écrasée par la violence des émotions qui s'abattent sur moi. Des souvenirs remontent à la surface, ils surgissent et déchirent le flot de pensées qui traverse ma tête arrachant tous sur leurs passages. Les larmes dévalent mon visage, je ne respire plus et mon rythme cardiaque et bien trop rapide. Ma vision se floute et soudain...

Je

sombre

dans

le

noir....

***

Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues et je me tapis un peu plus dans mon coin, au sol, lorsque l'ombre de Chad s'approche lentement. Je ferme les yeux et souhaite de toute mon âme qu'il me tue une bonne fois pour toutes au lieu de me torturer ainsi. Mais comme d'habitude, mes souhaits ne sont pas exaucés. Il se penche vers moi et sa main effleure mon bras, mes muscles se crispent et un sanglot m'échappe. Sa main remonte doucement jusqu'à la mienne et il dégage mon visage avant de l'encadrer de ses deux paumes.

- Ouvre les yeux, m'ordonne-t-il d'une voix déjà bien plus douce que quelques minutes plus tôt.

Je resiste, mais la pression qui augmente dans ses doigts me fait craindre un nouvel orage si je n'obéis pas, alors j'ouvre lentement mes paupières.

- Regarde-moi.

Mon regard accroche ses iris grises et je réprime de toutes mes forces le dégoût qui m'envahit.

- Chérie...murmurre-t-il en me tirant vers lui.

- Je suis désolé, je ne voulais pas m'emporter comme ça. Tu me pardonnes, n'est-ce pas ?

Je voudrais répondre, l'envoyer se faire voir ou même acquiescer pour qu'il me laisse tranquille, mais je suis comme statufiée. Seuls les légers tremblements qui m'animent prouvent que je suis toujours vivante. Il me tire dans ses bras et mes muscles se crispent tellement fort à son contact que s'en est douloureux. Son parfum envahit un peu plus mes narines et je me retiens de vomir quand sa voix vient chuchoter à mon oreille :

- Ariane ?

S'en est trop. Je déteste ce prénom dans sa bouche, il me dégoûte, je n'en peux plus et je m'écarte brusquement de lui, réalisant avec effroi mon acte. Mes pupilles terrorisées se posent sur lui et il se relève plus menaçant que jamais.

- Sale garce, qui t'a autorisé à t'écarter de la sorte ?! dit-il d'une voix contenant mal sa fureur.

- RÉPONDS ! hurle-t-il en me tirant les cheveux.

Un cri de douleur m'échappe et bientôt, ce sont les insultes et les coups qui pleuvent. Il me secoue dans tous les sens et son pied rencontre mon tibia puis sa main, mon ventre, ses hurlements me paraissent de plus en plus lointain tandis que je glisse doucement dans l'inconscience. La douleur se propage comme une traînée de poudre à travers les fibres de mon corps. Mon corps... il est en feu, mon cœur est en miette et mon âme est brisée. Le noir m'envahit et la chaleur se propage autour de moi, je sombre un peu plus profondément dans les ténèbres m'accrochant uniquement à la lueur verte qui brille dans mon esprit. Les yeux d'Eden m'apparaissent et je chute m'accrochant désespérément à cette image, espérant qu'elle suffira à me relever, une fois de plus...

***

Un hurlement m'échappe lorsque je reviens soudainement à moi. Et il me faut quelques secondes pour réaliser que quelqu'un me secoue dans tous les sens. J'ouvre les yeux et rencontre le regard terrorisé d'Alyssa.

- Aria, murmure-t-elle en réalisant que je suis revenue à moi.

Je recule jusqu'à rencontrer mon lit et me passe une main sur le visage, complétement sous le choc. Ma respiration ne ralentit pas et mon cœur semble prêt à exploser, je veux partir, loin. La souffrance est horrible. Ma psychologue m'avait prévenu que je pouvais retrouver les souvenirs qu'il me manquait n'importe quand, et jusqu'à maintenant ça avait été douloureux mais jamais à ce point là. J'ai l'impression d'avoir été jetée d'une falaise sauf qu'au lieu de ressentir une douleur physique, c'est une douleur psychologique qui m'atteint. Je me recroqueville un peu plus sur moi-même quand le regard démuni d'Alyssa croise le mien. Je vois bien qu'elle hésite à approcher, qu'elle voudrait m'aider. Mais Lys n'a jamais eu à faire face à une aussi grosse crise avec moi et je ne suis pas du tout en état de la guider pour m'aider, d'ailleurs, je ne suis pas bien sûre de savoir moi-même de quoi j'ai besoin dans l'immédiat. Mes pensées sont trop floues et bien trop paniquées.

J'essaye de respirer, mais un poids énorme enserre ma cage thoracique, je jette un regard désespéré vers Lys alors que j'ai l'impression de suffoquer. Ma tête tourne et mes paupières sont lourdes, je la vois se lever pour faire de la place à Cole, complétement essoufflé, qui s'agenouille près de moi. Il attrape ma main et me secoue doucement pour me ramener à la réalité, mes oreilles bourdonnent, mais je me calme un peu quand je sens la présence de mon frère.

- Aria, tu m'entends ? me demande-t-il cachant du mieux qu'il peut sa peur.

Je hoche la tête et il me demande d'inspirer et d'expirer lentement en calant ma respiration sur la sienne. Je m'exécute et une fois que je suis suffisamment lucide, il me fait avaler un calmant. Il me tire entre ses jambes et je me blottis contre lui, respirant à fond son odeur. Les effets de médicament combinés à la fatigue provoquée par ma crise d'angoisse me plongent doucement dans le sommeil. Je sens mon frère me soulever, mais je n'ai pas le temps de savoir où on va que je dors déjà.

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