Ariane
Assise à la cantine avec Ayline, Léna, Iris et Cléa, un silence de mort règne. Les filles ont le regard dans le vide et je ne sais pas quoi leur dire pour les réconforter. Ondine vient de nous appeler de l'hôpital pour nous dire qu'elle s'est bel et bien cassée la jambe, elle devra porter un plâtre pendant six semaines, autrement dit elle ne pourra pas disputer le premier match de basket de la saison et les filles n'ont pas de remplaçante.
- Quel dommage pour cette pauvre Ondine, mais bon ce n'est pas comme si vous aviez un jour eu une chance de gagner, leur lance vicieusement Zoé en passant.
Je la fusille du regard, prête à répliquer, mais Cléa pose sa main sur la mienne en secouant la tête pour m'en dissuader. Les filles n'ont toujours pas desserré les dents quand nous sortons du self. Nous nous posons sur un banc, à l'abri de la pluie dans la cour intérieure.
- Bon, ça suffit ! s'exclame soudainement Ayline en les regardant une par une dans les yeux. On ne va quand même pas se laisser abattre par la première difficulté ! On va trouver une solution !
- Et comment veux-tu faire ? Le tournoi est dans deux semaines et nous n'avons personne pour la remplacer ! réplique amèrement Cléa.
- Et alors quoi ? On abandonne ? On n'a jamais laissé tomber et je ne veux certainement pas que l'on commence maintenant ! contre Ayline en bonne capitaine qu'elle est.
- Je suis d'accord avec Line, si on ne participe pas, on aura du mal à rentrer dans les compétitions inter-lycées. Il faut qu'on joue celle-là ! acquiesce Iris.
- Mais on n'a pas de remplaçante ! leur rappel Léna.
Le silence revient, mais la voix d'Iris le brise.
- Pourquoi pas Ariane ?
Les quatre filles se tournent brusquement vers moi.
- Attendez quoi ?! Vous avez perdu la tête ? La dernière fois que j'ai joué au basket, j'avais huit ans et je me suis cassé le bras ! m'exclamai-je.
- On ne te demande pas de gagner ou d'exceller, mais juste de remplacer Ondine pour qu'on puisse se présenter officiellement aux prochaines compétitions, m'explique Ayline.
- Autrement dit, tu me demandes de me ridiculiser devant tous le lycée pour vous rendre service, me lamentai-je.
- Mais non ne t'inquiètes pas, je suis sûre que tu te débrouilleras, me sourit gentiment Léna.
- S'il te plaît ? insiste Cléa.
Comment voulez-vous refuser devant les yeux brillants de désespoir de quatre filles qui vous regardent comme si leurs vies dépendaient de vous ?
- Bon d'accord, capitulai-je horrifiée par ce que je viens d'accepter.
- Aria t'es la meilleure ! hurle Ayline en se jetant sur moi.
Je n'ai pas le temps de protester que les filles me prennent toutes dans leurs bras. Je leur souris faiblement en me remémorant la phrase de ma mère « Aria, ma chérie, ne touche plus jamais à un ballon », ce souvenir m'arrache une grimace.
***
Au final, j'ai laissé tomber l'idée d'aller jouer du piano et suis rentrée chez moi. J'angoisse à mort ! Déjà, parce que la perspective de me ridiculiser ne m'enchante pas vraiment et ensuite parce que jouer au basket va forcément faire remonter des souvenirs que je m'efforce d'ignorer. Je soupire et m'affale un peu plus sur le canapé.
- Ça ne va pas, Yaya? me demande Cole en m'attirant dans ses bras.
- Bof.
- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il en m'embrassant sur le front.
- Tu te souviens quand je me suis cassé le bras ?
- Bien sûr que je m'en souviens, je crois que tu n'avais pas compris que c'était un sport de mains puisque tu as marché sur le ballon, rigole-t-il en me voyant grimacer.
- J'ai peut-être fait une bêtise alors...
- Comment ça « peut-être » ?
- Ondine s'est cassé la jambe, du coup, j'ai accepté de la remplacer pour que son équipe puisse quand même se présenter en compétition cette année, avouai-je en attendant que mon frère se mette à rire.
Évidemment, ça ne manque pas. Au départ, Cole me dévisage, incrédule, puis il se met à rire en pensant que je lui fais une blague.
- Toi ? Jouer un tournoi de basket ? me demande-t-il mort de rire. Tu rigoles ?
- Non, je ne rigole pas ! m'exclamai-je exaspérée.
Il cesse immédiatement de rire.
- Tu vas vraiment rejoindre cette équipe ? me demande-t-il médusé.
- Oui.
- Les pauvres...
- Hé !
Il me lance un petit sourire en coin avant de se lever.
- Bon et bien je vais de ce pas commencer à préparer la trousse de secours ! déclare-t-il avec un regard taquin.
Je lui tire la langue en marmonnant qu'il est bête ce qui le fait encore plus rire. Foutu vendredi !
Je monte dans ma chambre et envoie un message à Cameron et Daemon pour leur dire de me retrouver chez moi demain à quatorze heures. Puis je préviens Cole et Jellal sur notre groupe de famille pour que ce dernier soit au courant.
Je parcours ma chambre du regard et suis attirée par la photo retournée sur ma table de chevet. Je l'attrape la main tremblante et la regarde. Les deux enfants me sourient derrière la vitre du cadre. Ils ont les yeux qui brillent et les cheveux ébouriffés par le vent. Nous avions quatorze ans, me rappelai-je. Mon regard se pose sur le garçon, ses yeux pétillent de vie et d'amour pour la jeune fille qu'il serre dans ses bras. Son immense sourire brille tellement qu'il pourrait concurrencer les étoiles. Je sens une larme ruisseler sur mon visage. Je l'essuie et repose sèchement le cadre comme il était. Je m'installe derrière le piano et laisse mes doigts se poser sur les notes. Voilà mon langage, mes émotions traversent les notes et se confondent avec la mélodie qui emplit la pièce. Je laisse la musique m'avaler et me guider dans ma petite bulle. La tempête de mes émotions fait rage sous mes doigts, et je ne m'arrête de jouer que lorsque ces derniers me font mal.
......................................................................
Merci de m'avoir lu et à la semaine prochaine !!!
N'oublie pas de voter 🤗🌟
VOUS LISEZ
Supernova
RomanceAriane est une jeune fille au passé tumultueux, les épreuves et les blessures qu'elle a subies ont laissé un vide immense au fond de son cœur. Alors qu'elle se bat contre la douleur et le gouffre que les épreuves du passé ont creusées en elle, elle...