Ariane
Accoudée au montant de ma porte, j'observe les filles explorer ma chambre des yeux. Je ne sais pas trop pourquoi, mais depuis qu'elles ont mis les pieds dans ma maison elles semblent complétement ébahies.
- Bon. Tu peux tout nous avouer maintenant Aria, commence solennellement Ayline.
- Oui. Dis-nous...quand est-ce que tu comptais nous révéler que tu étais en fait une princesse en fuite ? termine Ondine en essayant de garder son sérieux.
- Qu-quoi ? je les fixe toute deux dans une incompréhension totale, je m'attendais à tout sauf à ça.
- C'est pourtant évident ! Il n'y a qu'une princesse qui peut vivre dans une baraque pareille ! Regarde ta chambre ! Elle fait la taille de mon salon ! Ça ressemble plus à une villa qu'à une maison ! s'exclame Ondine.
- Peut-être parce que c'en est une ? proposai-je innocemment.
- Quoi ? demande Ayline comme si elle avait mal entendu.
- C'est une villa, leur confirmai-je en rougissant, piscine, salle de sport, plusieurs chambres, plusieurs salles de bain, balcons, immense terrasse, jardin, etc.
- Tu as une piscine ?? s'écrie Ondine hystérique.
- C'était la chose à ne pas avouer, maintenant, on va venir squatter ici tout l'été. Tu ne pourras plus te débarrasser de nous, plaisante Ayline en m'arrachant un sourire.
- Sinon pourquoi je serai en fuite ? demandai-je en me tournant vers Ondine.
- Simple. Il y a un garde du corps beau gosse et sexy dans ton salon, même si j'avoue que sa couleur de cheveux est douteuse. Il a même réussi à faire tourner la tête à Line.
Je la fixe et éclate de rire.
- Hé ! Qu'est-ce que tu racontes ? Il m'a pas du tout fait tourner la tête ! tente de se défendre Ayline en rougissant.
- C'est mon frère Dine ! m'exclamai-je une fois calmée. J'ai deux frères, Cole et Jellal que vous avez pu apercevoir en bas.
- Oups. Et je pose la question pour Line, mais il est célibataire ? me demande-t-elle avec un regard malicieux.
- Ondine ! s'écrie Line.
Complices, Dine et moi échangeons un regard et explosons de rire devant Ayline qui est devenue aussi rouge qu'une tomate. Une fois le fou rire passé, je leur propose des cookies et nous nous installons sur mon lit pour discuter de tout et de rien.
- Tu joues ? me demande Ayline en me montrant le piano d'un signe de tête.
- Oui, lui répondis-je sans pour autant vouloir m'étaler sur le sujet.
Et je pose la question pour Line, mais il est célibataire ? Elles doivent comprendre que c'est un sujet sensible puisqu'elles n'insistent pas. Ondine se penche sur l'une des photos qui recouvrent mon mur.
- Jellal avait les cheveux bleus ? me demande-t-elle intriguée.
- Oui, jusqu'à ce matin.
- Il voulait ressembler à un bisounours ? me demande-t-elle un sourire aux lèvres.
- Lui non, mais moi, je me suis dit que la prochaine fois qu'il me réveillerait à trois heures du matin, complétement bourré, pour me vomir dessus ou parler à la lune ça le rendrait plus mignon, répliquai-je en lui offrant un sourire sarcastique.
Ondine ricane et exige que je lui apprenne mes techniques de vengeance dans les moindres détails, chose qu'évidemment, j'accepte.
- Bon moi, je vais y aller. Je dois m'occuper d'Aaron ce soir, mes parents sortent, nous dit Ayline en se levant.
- Aaron ?
- C'est son frère, m'explique Ondine, je vais y aller aussi.
Je les raccompagne dans l'entrée et leur dis à demain puis je retourne dans ma chambre pour m'installer derrière mon piano. Je fixe les touches et effleure du doigt la photo posée sur le pupitre et sans que je m'en aperçoive une larme roule sur ma joue. Je l'essuie, mais une deuxième la suit. C'est tellement fatigant de pleurer tout le temps. Parfois, j'ai l'impression de me détruire toute seule. Mes propres émotions m'engloutissent et me tuent à petit feu. Ça peut se manifester par les pleurs, les crises d'angoisse, mais souvent, c'est de la colère qui m'envahit, une rage folle et incontrôlable que je reflux en moi parce que je ne me sens pas en droit de la laisser éclater au nez des autres. Un jour, je sais qu'elle sortira et qu'elle détruira tout sur son passage, mais pour le moment, je l'ignore. Il y a la douleur aussi, une douleur tellement foudroyante que quand elle s'invite en moi, elle me met à genoux. Ce n'est pas le genre de douleur qui part avec un pansement parce que cette douleur est dans ma tête, mon cœur et mon âme. Un jour, ma psy m'a dit que c'était normal de ressentir ce genre de chose et elle m'a promis que le temps faisait bien des miracles alors c'est ce que je fais, je patiente et laisse les jours défiler en attendant de reprendre mes esprits.
***
Après nous être battus pendant de longues minutes sur le choix du film que nous regarderions ce soir, Jellal et moi, nous sommes posés dans le canapé devant Indiana Jones. Je ne comprendrai jamais mon frère. Il me fait la tête depuis ce matin, pourtant, quand je me suis posée à l'autre bout du canapé, loin de lui, il a râlé, m'a attrapé les chevilles et ma tirée contre lui en marmonnant qu'il était faible. Il va falloir que je dégotte un mode d'emploi de l'extraterrestre qui me sert de frère avant de devenir dingue. Cole est sortie dîner dehors avec Lys. Il a passé une demi-heure à nous faire des recommandations puis il est parti en nous intimant de ne pas faire brûler la maison en son absence même pour rire. Qui trouverait ça drôle de jouer avec un briquet ?
Une fois le film fini, je me couche complétement épuisée. Ça arrive souvent ces derniers temps et ça m'inquiète un peu. J'ai l'impression de ne plus avoir de force et je ne suis pas sûre que ça soit bon signe. Je ferme les yeux, mais à peine une heure plus tard, je suis tirée de mon sommeil par un bruit à ma fenêtre. Je me lève et m'approche prudemment de cette dernière et je trouve quelqu'un en bas de mon balcon. Je sursaute et m'apprête à crier, mais le regard qui croise le mien m'en dissuade. Ses pupilles bleu saphir me fixe plus brillantes que jamais sous les rayons de la lune, ses cheveux décoiffés lui retombent sur le visage et un sourire en coin prend forme sur son visage. Bon sang qu'il est beau !
- Daemon ? demandai-je interloquée.
- Lui-même princesse. Descends, m'intime-t-il.
- Quoi ? Non ! Je suis en pyjama et il fait complétement nuit ! Et puis d'abord qu'est-ce que tu fais ici ?
- Allez, descends si tu veux le savoir.
- Non.
- Si tu ne descends pas, c'est moi qui monte ! me menace-t-il.
- Ben voyons ! C'est beaucoup trop haut, tu n'oserais pas ! le provoquai-je.
- On parie ?
Je n'ai pas le temps de répondre qu'il est déjà en train de grimper sur le mur en s'aidant des planches qui maintiennent le lierre contre la maison.
- Arrête !! C'est bon, tu as gagné, je descends, mais par pitié arrête de martyriser cette pauvre plante ! capitulai-je en grimaçant.
- Dépêche, se contente-t-il de répondre en me lançant un sourire victorieux.
Je me précipite dans ma chambre, attrape le premier pull qui me passe sous la main et sors en tentant de faire le moins de bruit possible. Dans quoi est-ce que je viens encore de m'embarquer ?
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Merci de m'avoir lu et à la semaine prochaine !!!
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Supernova
RomanceAriane est une jeune fille au passé tumultueux, les épreuves et les blessures qu'elle a subies ont laissé un vide immense au fond de son cœur. Alors qu'elle se bat contre la douleur et le gouffre que les épreuves du passé ont creusées en elle, elle...