Chapitre 47

1 1 0
                                    

Daemon

- Concentre-toi ! s'énerve Ariane.

Je grimace en me demandant ce qui a bien pu me passer par la tête quand j'ai demandé au démon qui sert de sœur à mon meilleur ami, de m'apprendre un morceau au piano. En-tout-cas, Eden s'amuse bien, lui. Cela fait au moins dix minutes qu'il se roule sur le lit de sa jumelle, mort de rire.

- Je rigole pas, concentre-toi Daemon ! Et toi, Eden, arrête de rire, tu le déranges ! ordonne-t-elle sous le regard hilare de son frère qui la tire vers lui pour l'asseoir sur ses genoux.

- Mais je n'y arrive pas ! C'est quand même pas de ma faute ! me défendis-je devant le regard sévère de cette tirante d'Ariane.

- Et bien, tu ferais mieux d'y arriver parce que je ne te lâcherai pas avant que tu n'aies réussi à enchaîner ces accords !

Je soupire et maudis intérieurement ma mère d'avoir des goûts musicaux aussi compliqués que Ludovico Einodi. Quand j'ai demandé de l'aide à Ariane pour la fête des mères, j'étais loin de me douter, que ce serait si compliqué.

- Si c'est trop dur pour toi, tu n'as cas laissé tomber, me nargue la peste à ma gauche.

Je plante mes yeux dans les siens et j'y lis clairement de la provocation.

- Tu vas voir si c'est trop dur ! m'agaçai-je.

Je fixe les touches un air de défi dans les yeux et commence à poser les premiers accords. Tu vas voir ! pensai-je. Mes doigts courent sur le clavier, j'essaye tant bien que mal d'imiter le chemin parcouru par ceux d'Ariane un peu plus tôt. Je grimace sous mon effort de concentration et enchaîne deux accords auxquels j'ajoute un troisième puis un quatrième. Quand je relève la tête Ariane et Eden, assis l'un à côté de l'autre, m'adressent un grand sourire.

- Bravo Dae ! s'exclame mon meilleur ami.

- Il n'est peut-être pas si bête que ça ! ricanne sa jumelle.

Eden s'esclaffe et je fusille cette dernière des yeux. Cependant, j'arrive à lire derrière le sarcasme qui voile ses paroles, une certaine fierté. Elle sait très bien comment s'y prendre pour me pousser à me dépasser la garce !

***

Perdu dans mes pensées, ce n'est que lorsqu'Ariane me pousse en râlant que je me rends compte que mon téléphone sonne. Je me penche et attrape mon portable pour constater que j'ai six appels manqués, dont quatre de ma mère, un d'Ondine et un autre de mon père ainsi que vingt et un message non-lus. Je soupire et me lève pour m'isoler dans le couloir. Je rappelle ma mère et pendant que le téléphone sonne, je décide de me balader un peu dans la villa.

- Daemon ! s'exclame la voix paniquée de ma mère à l'autre bout du fil.

- Salut Maman, soupirai-je en observant une photo d'Ariane et Cole sur le mur.

- Où es-tu ? me demande ma génitrice, que je sens d'ailleurs au bord de la crise de nerfs.

- Calme-toi maman, je vais bien. Je suis chez une amie, lui répondis-je en tentant de me faire rassurant.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Rien.

- Daemon Straus, je suis épuisée et ton père m'a appelée en plein milieu de la nuit pour me dire que tu avais fugué et qu'il n'arrivait pas à te joindre, donc tu vas me faire le plaisir de m'expliquer un petit peu plus en détail ce qu'il s'est passé si tu ne veux pas avoir des problèmes à mon retour ! me menace-t-elle alors que la colère commence à monter en moi.

- C'est pas mon père, répliquai-je en grinçant des dents, sentant la colère monter en moi tel un tsunami dévastateur sur le point de tout ravager sur son passage.

- Daemon, s'exaspére ma mère.

- Ce qu'il s'est passé ? Et bien, il s'est passé que tu m'as abandonné chez un connard d'inconnu qui, quelques années après m'avoir abandonné, se repointe comme si de rien n'était en prétendant être mon père ! Le même type qui essaye de me punir en usant d'une quelconque autorité parentale à laquelle je ne donnerai jamais aucun crédit ! Jamais ! Et puis il y a aussi cette connasse d'Ondine qui fait tout pour me pousser à bout, réduisant tous mes efforts à néant ! Alors tu sais quoi maman ? Punis-moi autant que tu le veux, j'en ai rien à foutre ! Tu n'avais cas pas me ranger gentiment de côté avec quelqu'un qui n'a jamais voulu de moi ! criai-je avant de lui raccrocher au nez.

Au fond de moi, je sais à l'instant où je raccroche que je vais regretter de m'être emporté comme ça. Ma mère à toujours essayer de faire de son mieux, mais aujourd'hui ça ne passe pas. La colère qui gronde en moi me rend complétement sourd au cri de ma raison, et même si je voudrais réfléchir, je ne le peux pas, j'en suis incapable dans cet état. Ce sentiment de colère et de frustration, je l'éprouve depuis mes quatorze ans, il a toujours été là et c'est ce qui m'a permis de m'accrocher pour ne pas sombrer. Mais au fond, je sais aussi qu'il me détruit à petit feu...

Mes pas m'ont mené jusqu'à la piscine dehors et alors que je tente de respirer pour me calmer, rien n'y fait. J'ai juste envie de frapper dans quelque chose et de hurler à m'en casser la voix. Je respire fort et me sens vaciller quand une petite main m'attrape le poignet. Dans un réflexe, je me retourne vivement et plaque au mur la personne qui m'a touchée. La colère m'aveugle et, pourtant, quand je croise les yeux remplis d'effroi et de peur d'Ariane, je me stoppe net. Mon cœur bat à tout rompre alors que les larmes roulent doucement sur ses joues et soudain, il se fissure à la pensée que c'est moi qui ai provoqué ses pleurs.

La colère est retombée, le silence nous entoure, je relâche doucement les mains d'Ariane que je tenais fermement et je cherche son regard fuyant. Du bout des doigts, j'attrape délicatement sa main ne sachant trop quoi faire pour me faire pardonner. Je me penche et appuie mon front contre le sien.

- Ne pleure pas, murmurai-je si bas que je ne suis pas sûr qu'elle puisse m'entendre.

Un sanglot lui échappe et je pose doucement ma main libre contre sa joue essuyant du bout du pouce les larmes qui inondent son visage.

- Je suis désolé, pardon.

Elle accepte enfin de me regarder dans les yeux et ce qu'elle y voit semble la calmer un peu. Elle appuie son visage contre ma main et alors, je m'autorise à me pencher encore un peu plus ne sachant pas vraiment ce que je fais. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres, je peux sentir sa respiration s'accélérer tout comme la mienne, mais je ne bouge pas, je la laisse décider si elle veut m'embrasser ou non. Et après une attente qui me semble interminable, elle dépose un baiser timide sur mes lèvres avant d'aller enfouir son visage dans mon cou. Sans même avoir besoin d'y réfléchir, mes bras l'enveloppent et je hume le parfum de ses cheveux. Ma main, posée dans son dos, dessine de petits cercles sur son pull. Elle me semble d'un coup si fragile, j'ai presque peur de la briser si je la serre un petit peu plus. Ma respiration se calme un peu, mais mon cœur, lui, continue à battre la chamade sans que je ne puisse en expliquer la raison. Bien décidé à ne pas me prendre la tête tout de suite, je me concentre sur la respiration de celle que je tiens dans mes bras. Je souris sans vraiment savoir si c'est une bonne chose quand je réalise que c'est la première fois que je serre une fille contre moi de la sorte. Personne ne m'a jamais approché de si près, Ariane à ce pouvoir sur moi ou plutôt cette emprise. Je ne peux pas lui dire non et quand j'y réfléchis, je réalise que je n'en ai pas vraiment envie...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

SupernovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant