Chapitre 37

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Daemon

 Ma tête est lourde et mon corps complétement engourdi. Je me réveille doucement et regrette presque aussitôt d'avoir osé ouvrir les yeux. La lumière du dehors m'aveugle complétement et réveil la douleur dans mon crâne. Je les referme donc avec l'intention de me rendormir quand un détail me frappe. Je n'ai pas de photos accrochées au plafond de ma chambre. Je soupire, passe une main sur ma jambe et constate que je suis toujours habillé, ça veut au moins dire que je n'ai pas couché cette nuit. Bon, mais du coup, je suis où ? Je m'apprête à éclaircir le mystère quand un raclement de gorge me fait sursauter. Je me tourne vivement vers la source du bruit et ouvre les yeux. La première chose que je distingue, ce sont les cheveux encore plus roses que le doudou licorne d'Ondine de l'individu qui me scrute l'air à la fois de vouloir me tuer et à la fois surpris. Après quelques secondes d'hésitation, j'écarquille les yeux de stupeur. Bordel de merde, je suis dans le lit d'Ariane ! Merde ! Mais qu'est-ce que je fou là moi ?!

- Ok Daemon, je te laisse le choix. Tu préfères que je te mette d'abord mon poing dans la figure puis que je te demande comment tu vas ou le contraire ? me demande Jellal à moitié amusé par ma mine défaite.

- Et si on évitait simplement de se battre ? proposai-je gêné.

- C'est vrai que tu as l'air d'avoir déjà eu ton compte, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande-t-il curieux.

- Tu ne crois pas que c'est à moi de te poser la question ? demandai-je en désignant ses cheveux.

- Continue à parler de ça et je vais peut-être revenir sur ma décision de te laisser tranquille, rétorque-t-il agacé.

Je ricane et il lève un doigt menaçant vers moi.

- T'as dix minutes pour sortir du lit de ma sœur ! me lance-t-il avant de tourner les talons.

Une fois que je suis certain que Jellal est bel et bien sorti de la chambre, je me rallonge et fixe le plafond. Les larmes me montent aux yeux à la vue du garçon souriant qui prend la pose sur l'une des photos qui ornent le plafond. Je détaille chaque parcelle de son visage, ses cheveux châtains-roux sont agités par le vent et son bras est posé sur les épaules de la fille qui se tient à côté de lui. Cette fille, c'est Ariane. Elle rayonne de bonheur et sourit comme je ne l'ai pas vu sourire depuis qu'elle est au lycée. Je ferme les yeux et tente de faire remonter quelques souvenirs de cette nuit. Comment je suis arrivé ici ? Soudain, un flash me traverse et je me rappelle. Je me rappelle m'être battu avec Cameron puis d'être parti avec Ariane, je me rappelle ses mains sur mon visage et son corps si proche du mien dans la salle de bain, je me rappelle de ses lèvres, douces, hésitantes... Ses lèvres ?! Oh, putain, je l'ai embrassée ! Je rouvre brusquement les yeux, choqué par ce qu'il vient de me revenir. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je secoue la tête et ne mets pas longtemps à regretter ce geste. La douleur est atroce, ça m'apprendra à boire autant tiens ! Je m'apprête à me lever quand je croise les yeux vert émeraude du garçon sur la photo.

- Merde, ne me regarde pas comme ça Eden. Je te jure que je n'ai jamais pensé à embrasser Ariane, c'était un accident ! menti-je.

Je soupire, pas convaincu moi-même. En même temps, j'étais complétement bourré... Je me lève et me dirige vers la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Je sursaute devant mon propre reflet dans le miroir, cet enfoiré de Cameron ne m'a vraiment pas loupé ! Une fois légèrement plus présentable je descends en bas et me retrouve nez à nez avec Cole.

- Et bah, je commençais à croire que tu étais mort, me lance ce dernier en me tendant du Doliprane et un verre d'eau.

Je les avale et ose m'asseoir à la table avec Jellal.

- Ça fait vraiment longtemps qu'on ne t'a pas vu, jolie coïncidence qu'on te retrouve dans le lit d'Ariane quand on sait à quel point vous vous détestiez, rigole Cole en me tendant une assiette de crêpes.

- Ouais, on a déménagé...j'avais besoin d'air et ma mère aussi...

- Ariane se souvient de toi ? me questionne Jellal.

- Je ne crois pas, répondis-je hésitant.

- Tu vas lui dire ?

Je hausse les épaules en avalant ma crêpe, Cole a toujours était doué en matière de cuisine, tout le contraire de sa sœur, je dois l'admettre. Je souris à cette pensée et finis par poser la question qui me turlupine.

- Elle est où Ariane ?

- Partie courir, me répond Cole.

Ok, c'est le moment parfait pour fuir ! Je me lève sous les regards interrogateurs des deux frangins.

- Bon, je vais y aller, ma mère va s'inquiéter, prétextai-je.

- Tu ne préfères pas attendre qu'Ariane revienne ? me demande Cole.

- C'est gentil, mais non merci. Au fait...avant que vous ne vous fassiez des idées. J'étais bourré cette nuit et Ariane m'a gentiment proposé de rester dormir. Il ne s'est rien passé donc ce n'est vraiment pas la peine de lui faire subir un interrogatoire, expliquai-je très mal à l'aise. Ils hochèrent la tête, peu convaincue, mais n'ajoutèrent rien.

***

Allongé sur mon lit, je fais défiler encore et encore les événements d'hier. Bon sang, mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Je ne sais pas ce qui me dérange le plus. Le fait d'avoir embrassé Ariane ou le fait de ne pouvoir m'empêcher d'y repenser toutes les trente secondes. C'est bien la première fois qu'une fille a cet effet sur moi et le fait que ça soit Ariane est d'autant plus flippant quand on sait que c'est la sœur jumelle de mon meilleur ami.

Je pense que je me souviendrai toute ma vie du jour où j'ai appris la mort d'Eden. La colère, la peur, l'angoisse, ce besoin de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Ariane était la candidate parfaite. Pourtant, aujourd'hui, je me rends compte à quel point j'ai été injuste... Pourtant, aujourd'hui, je me rends compte à quel point j'ai été injuste... Mais c'était tellement dur... Je me souviens de ce que j'ai ressenti le jour où elle arrivée au lycée, c'était comme si je voyais le fantôme d'Eden. Elle lui ressemble tellement, mêmes yeux, même visage, même cheveux. Pour des faux jumeaux s'en était impressionnant. Même si au fond, je savais que ma colère n'était pas légitime, je lui en ai voulu. Voulu d'être là et encore plus quand j'ai cru qu'elle vivait comme si de rien n'était. Pourtant, j'ai rapidement compris en la voyant ce soir-là, trembler près de ce connard de nageur qui lui agrippait le poignet, que son passé ne la quittait pas. J'ai commencé à voir autrement cette fille brisée qui sourit faussement au public à partir de ce moment-là et je m'en suis tout de suite voulu de ne l'avoir remarqué que maintenant. J'ai de la peine pour Ariane. Ça ne peut être que pour ça que je pense si souvent à elle, c'est de la culpabilité...

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