Chapitre 36

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Ariane

Il est déjà vingt-deux heures quand nous arrivons à la maison de l'une des cheerleaders, Anna je crois. La musique bat son plein et tout un tas d'ados déjà bien bourrés sont entassés sur les marches du perron, occupés à fumer, à discuter ou à se rouler des pelles. Après avoir passé cinq minutes à pleurer dans les bras des filles sur le terrain, j'ai passé dix minutes à pleurer dans les bras de mes frères. Une fois de retour dans les vestiaires, Ondine et Iris ont insisté pour que je vienne à la fête organisée après chaque match. Faible comme je suis, j'ai fini par accepter à la condition qu'elles restent avec moi. Pourtant, j'ai horreur des fêtes, ça me rappelle des souvenirs que je préférerais oublier. Mais voilà, je me suis laissé embarquer.

Maintenant, devant cette grande maison, vêtue d'un top vert à bretelle à chaîne doré, d'une jupe en cuir et de talons noirs et or empruntés à Cléa, je m'efforce de sourire sous le regard de plusieurs mecs qui ne se gêne pas pour nous reluquer. Chad me revient en mémoire presque immédiatement. Les filles avancent et moi, je reste pétrifiée, les yeux fermés à essayer de faire refluer la panique qui me saisit la gorge. Je suis avalée par un torrent d'images et de sons qui déferlent dans mon esprit. Ses mains, son rire, la musique et les rires des gens qui ne se doutent pas une seconde de ce qu'il se passe dans cette réserve. Je me sens trembler et je tente de me ressaisir. Tout ça est loin, la situation est différente. Chad n'est pas là, tout va bien. Respire. Soudain, ce ne sont plus les yeux gris de Chad qui me fixent, mais deux prunelles d'un vert émeraude. Ce regard est plein de colère, de dégoût et d'horreur, mais ce n'est pas moi qu'il fixe.

Une main m'agrippe le poignet et je sursaute violemment en rouvrant les yeux. Ayline me regarde, soucieuse.

- Aria, tu es sûre que ça va ? Tu sais si tu ne veux vraiment pas venir, ce n'est pas grave, je peux te raccompagner, me dit-elle d'une voix douce et emprunte de compassion.

Je déglutis difficilement et prends le temps de respirer avant de lui répondre.

- Ça va, ne t'inquiète pas Line.

Je prends sa main dans la mienne et la serre doucement en forçant un sourire.

- Tu sais Aria, tu n'as peut-être pas envie d'en parler maintenant ni même de m'en parler tout court, mais si un jour l'envie te prend de te confier sache que je t'écouterai, me dit-elle, compréhensive.

Surprise, je la regarde, sa peau est tellement pâle qu'elle est presque blanche, le fard à paupières argenté qu'elle s'est appliqué fait ressortir ses deux magnifiques pupilles d'un bleu très clairs et ses longs cheveux blonds qu'elle a bouclés retombent en cascade sur sa robe d'un rose pâle. Derrière son apparence d'ange, Ayline est quelqu'un de très perspicace et je devine facilement qu'elle se doute de quelque chose. Pourtant, ça ne me dérange pas, le fait qu'elle sache que j'ai un passé plutôt tumultueux ne me contrarie pas et ses paroles ne me paraissent pas intrusives. Mon sourire s'adoucit et je hoche la tête. Je la laisse m'entraîner un peu à contrecœur à travers la foule et nous nous asseyons sur le canapé avec les autres. Je sirote un verre de vodka et observe la foule autour de nous. Brittany est collée à Cameron, ce dernier, ayant l'air de chercher, n'importe quel prétexte pour fuir. Je rigole doucement et continue mon observation quand un bras s'abat sur mon épaule.

- Hello princesse ! s'écrie Liam en chancelant.

- Liam ! Tu as bu combien de verres au juste ! lui demandai-je en le voyant pousser Léna pour s'asseoir près de moi.

- Pas assez, rigole-t-il.

Je lève les yeux au ciel et cherche Daemon du regard en écoutant Léna qui sermonne Liam sur sa présence ici.

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