Chapitre 43

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Daemon

Quand j'arrive chez Ariane, tout semble éteint. J'escalade le vieux portail blanc de son jardin et fais le tour de sa maison pour me retrouver face à sa fenêtre. Aucune lumière. Bien décidé à la réveiller, j'attrape un caillou et le lance contre sa baie vitrée. Aucune réaction. J'en lance un plus gros, mais toujours rien. Ce n'est qu'au bout de huit cailloux qu'elle se décide enfin à venir voir.

- Daemon, qu'est-ce que tu fous ici ?! me lance-t-elle sans même avoir vérifié que c'est bien moi.

- Raiponce, jette-moi ta chevelure ! lui criai-je.

- Chut ! Idiot, tu veux vraiment réveiller mon frère ? me gronde-t-elle.

- Tu descends ?

- Non.

- S'teuplé.

- Il fait froid, rétorque-t-elle.

Je soupire et m'accroche au bois qui permet au lierre de pousser pour commencer à escalader le mur, sous ses protestations. Je mets du temps et m'ouvre la main sur un clou, mais fini tout de même par arriver en haut.

- Mais tu es malade ou quoi ? Tu aurais pu tomber ! s'enerve-t-elle en me poussant.

- T'inquiètes princesse, j'en ai vu d'autres, rétorquai-je en la contournant pour entrer dans sa chambre.

- Qui t'a dit que tu pouvais entrer ? marmonne-t-elle en me suivant la moue boudeuse.

Pour toute réponse, je lui offre le plus suffisant de mes sourires. Elle soupire et s'avance vers moi pour me prendre la main.

- C'est ta nouvelle manie de te faire mal quand tu viens chez moi ? lance-t-elle en me tirant dans sa salle de bain.

- Il faut dire que tu me soignes si bien, répliquai-je sur un ton séducteur.

Aussitôt, le rouge lui monte aux joues. Je m'assois sur une chaise et la laisse me soigner. Bon sang, qu'est-ce qu'elle est belle ! Ses cheveux légèrement ébouriffés lui retombent sur le visage, ses longs cils lui caressent les joues à chaque clignement de paupière et ses yeux verts brillent de sommeil. Elle porte un simple débardeur sur un short court, son dos et caché par les mèches de cheveux qui courent dessus et ses lèvres sont légèrement entrouvertes. Trop concentrés sur ma main, elle ne remarque pas que je l'observe. Soudain, les flashes de la nuit dernière me reviennent et sans que je comprenne je culpabilise un peu.

Ariane se redresse et nos regards se croisent un instant. Soudain, son visage semble étonné. Elle pose doucement une main sur ma joue et la caresse du pouce.

- Tu as pleuré ? me demande-t-elle.

Surpris je la regarde un instant avant de répondre en détournant les yeux.

- Non.

- Pourtant, tu as les yeux rouges...

- Je n'ai pas pleuré, insistai-je.

- Si tu le dis, dit-elle sans insister.

Elle se redresse et retourne dans la chambre, je la suis du regard puis la rejoins.

- Bon. Qu'est-ce que tu fais là, me demande-t-elle.

- Je voulais te voir, répondis-je moi-même surpris par ma franchise.

- Pourquoi ?

Je hausse les épaules et vais m'asseoir sur son lit.

- Bien sûr Daemon, fait comme chez toi, ironise-t-elle en me suivant des yeux.

- Merci.

Elle soupire et me rejoint.

- Je peux rester dormir ? demandai-je.

- Quoi ? s'exclame-t-elle en s'écartant de moi l'air soudainement paniqué.

- Fait pas cette tête. Je n'ai pas d'arrière-pensées, je ne veux juste pas retourner chez moi.

Elle hésite un instant et s'approche à nouveau. Elle est adorable, on dirait un petit chat effrayé.

- Pourquoi tu ne veux pas retourner chez toi ?

J'hésite puis décide d'être franc.

- Je me suis disputé avec mon père.

- Pourquoi ?

- Je me suis enfui pour aller à une fête hier, dis-je sans préciser que j'avais passé la nuit dans le lit d'une autre.

- Alors c'est plutôt normal qu'il soit fâché non ? réplique-t-elle les sourcils froncés.

- Sauf que le truc, c'est que mon père n'a aucun droit de me donner des ordres.

- Mais-

- Il m'a abandonné pendant douze ans pour une autre famille, Ariane. Il s'est repointé il y a un an pour foutre le merdier dans ma vie alors non, c'est bien la dernière personne à pouvoir me donner des ordres ! m'exclamai-je agacé.

Je me rends compte à son regard oscillant entre peur et abasourdissement que j'ai dû hausser le ton.

- Excuse-moi. Je ne voulais pas crier, m'excusai-je en baissant les yeux.

Je la vois hésiter un instant avant de me prendre la main. Elle dessine de petits cercles sur le haut de celle-ci et me parle en même temps.

- Pourquoi tu vas chez ton père alors ? me demande-t-elle.

- Pour faire plaisir à ma mère.

Nos yeux se croisent et je vois que son regard a changé. Elle me croit et elle compatit. Ce n'est pas de la pitié, elle partage juste ma peine. Nous nous regardons un instant et je pose une main sur sa joue. Je l'attire dans mes bras et elle se blottit contre moi.

- Pourquoi tu m'as fui, murmurai-je dans son oreille, la faisant frissonner au passage.

- Je ne sais pas... J'étais gênée, répond-elle le visage enfoui dans le creux de mon cou.

Elle se redresse et plante son regard dans le mien. Nous nous défions ainsi quelques secondes avant que son regard ne dérive sur ma bouche, elle se mordille la lèvre inférieure et revient à mes yeux. Il ne m'en faut pas plus pour craquer. Je repose ma main sur sa joue et m'approche doucement de son visage lui laissant le choix de reculer si elle le souhaite. Elle s'approche imperceptiblement à son tour et nos lèvres se touchent enfin. Je veux que le temps s'arrête. Le monde disparaît et il n'y plus qu'elle, juste elle. Sans interrompre le baiser, je l'attire contre moi, elle passe une main dans mes cheveux et nous nous embrassons.

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