Quelqu'un comme toi

Chapitre 4 - James

Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ?

Après être rentré tard hier, je me suis enfin décidé à vider le contenu de ma valise.

Étrangement, le code de mon cadenas avait changé.

Enfin... C'est ce que j'ai pensé. Au début du moins.

Parce que je me suis rapidement rendu compte que ce n'était pas mon cadenas.

Et encore moins ma valise.

Me voilà donc comme un idiot à regarder le contenu d'un bagage qui n'est pas le mien.

C'est celui d'une femme de toute évidence.

Les premiers vêtements que j'en sors peuvent en témoigner.

Je poursuis mes recherches, à la recherche d'un potentiel indice sur sa propriétaire. Peut-être y a-t-il une photo, un papier d'identité... N'importe quoi qui m'aiderait à trouver à qui tout cela appartient.

Mais je ne trouve rien. Rien d'intéressant. À part, peut-être, cette délicieuse lingerie.

Ce n'est probablement pas très correct de ma part de faire ça, mais je ne peux m'empêcher de la détailler avec un intérêt non dissimulé.

Qui que soit cette femme, elle aime la dentelle. Et si j'en crois ses mensurations... Elle a un corps de rêve.

Mes doigts parcourent ce trésor surprise pendant quelques secondes supplémentaires avant que je ne les stoppe.

Reprends-toi, James. On dirait un putain de pervers !

Je la referme, déçu de n'avoir pas trouvé d'indication pouvant m'aider à éclaircir la situation.

Mais c'est à la fille du bar qu'elle appartient. Forcément.

Il n'y a qu'à ce moment-là que j'ai lâché ma valise des yeux.

Quand elle a fait tomber ses clés sur le sol, je me suis baissé pour les ramasser et quand mon regard a rencontré le sien...

J'ai peut-être un peu perdu pied. Quelques secondes tout au plus.

Je me souviens de la façon dont ses yeux sont restés bloqués sur mes lèvres et de comment elle a mordu les siennes lorsque je l'ai dévoré du regard.

Elle était sublime, vraiment.

Mais j'étais trop absorbé par le merdier que j'avais à gérer pour me concentrer là-dessus.

Alors je m'étais contenté de ramasser ses clés et de partir sans dire un mot.

Elle non plus n'avait rien dit d'ailleurs, mais nul doute que pour elle aussi, l'intensité de ce moment avait fait son effet.

Il faut que je la retrouve.

Pour échanger nos valises bien sûr.

Pas parce que maintenant que j'ai eu sa lingerie en main je l'imagine dedans... Ou sans d'ailleurs.

Ça m'irait bien aussi.

Et c'est une vision délicieuse qui se dessine désormais dans mon esprit.

Dans ma valise, en dehors de quelques vêtements coûteux, rien ne devrait lui permettre de venir jusqu'à moi. Elle ignore qui je suis et j'ignore tout d'elle, moi aussi.

J'aurais dû écouter Parker quand il me disait d'investir dans l'une de ces puces de suivi.

Je me souviens de lui avoir dit que la probabilité pour qu'elle se perde était infime. Tu parles... Maintenant, je vais passer pour un con en lui racontant mon histoire.

Mais si moi je n'y ai pas pensé... Peut-être qu'elle l'a fait...

Je vide à nouveau la valise et en dépose le contenu sur mon lit, veillant à ne pas m'attarder une nouvelle fois sur ses sous-vêtements.

Peut-être qu'elle appréciera tellement de les retrouver qu'elle et moi on pourrait... Je ne sais pas trop. Sortir... Ou passer directement au plat principal.

Quelque chose me dit qu'elle serait pour, elle aussi.

Mais voilà que je m'égare à nouveau.

Je reprends ma recherche de façon plus minutieuse et découvre, nichée entre deux chemisiers, une pochette contenant quelques photos.

Sur la plupart d'entre elles, ma jolie brune pose, tout sourire.

Il n'y a qu'une photo où elle est seule, assise et adossée à un arbre sous un ciel d'un bleu cristallin. Sur toutes les autres, elle est toujours entourée. Des amis ou de la famille, j'imagine.

Mais pas de fiancé visiblement. Enfin, pas d'après ce que je vois en tout cas.

J'avoue que ça me fait plaisir.

Mais même si tout ça semble adorable au possible, ça ne me donne pas beaucoup d'informations.

Nous n'étions pas dans le même vol, sans quoi je l'aurais forcément repérée.

Peut-être que je devrais téléphoner à l'aéroport. Même s'il est peu probable qu'ils aient son identité, il se pourrait qu'elle ait la même idée que moi.

Étant donnée l'heure tardive, je vais commencer par un email. Et on verra bien si cela fonctionne... Mais comme dit le proverbe, qui ne tente rien n'a rien.

Il n'y a plus qu'à laisser le temps faire son œuvre.

*************

— Cette nana a l'air de t'avoir fait de l'effet.

Affalé dans le fauteuil face à moi, Parker sourit.

— C'est tout ce que tu retiens de mon histoire ?

— Excuse-moi mon pote, mais le fait que tu as perdu ta valise n'est clairement pas la partie la plus intéressante.

Il a raison et s'il vient de faire cette remarque, c'est peut-être aussi parce que le moment de la rencontre avec mon inconnue est celui que je viens de lui raconter avec le plus de détails.

Chacun d'entre eux apparaissant encore nettement dans ma tête.

J'ai eu bien du mal à m'endormir hier, après ma petite inspection dans sa valise.

Je dois avouer qu'avoir mis la main sur sa lingerie a peut-être un peu trop activé mon imagination et que, pour y mettre fin, j'ai dû prendre les choses en main. Ou plutôt LA chose en main.

Bref. Pas besoin de faire un dessin.

— Ouais, tu as probablement raison.

Inutile de se mentir, le fait de récupérer mon bagage est clairement passé au second plan depuis que je sais qui l'a en sa possession.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? Une fois que tu l'auras récupéré, je veux dire.

— L'inviter à dîner.

Parker me lance un sourire moqueur.

— Ta valise ?

— T'es vraiment un crétin, dis-je en levant les yeux au ciel.

Il rit, visiblement fier de lui.

— Elle est mignonne à ce point ?

Bordel, oui.

— Tu n'as pas idée.

Je ne suis pas du genre à croire au destin ou à toutes ces conneries romantiques, mais je ne peux m'empêcher d'y voir un signe. J'aurais probablement déjà dû tenter quelque chose au moment où je l'ai vue, mais je ne l'ai pas fait. Alors je ne compte pas me faire avoir deux fois.

Si ma jolie brune repointe le bout de son nez, je ne la laisserais pas filer.

Mon ordinateur me signifie l'arrivée d'un email, qui attire immédiatement mon attention.

Une réponse de l'aéroport.

On dirait bien que ma chance est sur le point de tourner.