Chapitre 50 - James

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Ça m'a coûté de devoir laisser Allie, mais je pense que c'est important pour elle de pouvoir se reposer et, malgré mes grandes paroles, je suis à peu près certain que je ne l'aurais pas laissée dormir.

Parce que lorsqu'elle est près de moi, ce n'est clairement pas à ce genre de choses que je pense.

La soirée avec mes amis s'est très bien passée.

Non pas que j'en doutais, mais je dois avouer que je suis soulagé de voir qu'elle a fait l'unanimité.

Même auprès de Mark. Et pourtant, Dieu sait que depuis son expérience malheureuse avec la mère de son fils, il est bien difficile qu'une femme trouve grâce à ses yeux.

Je sais que c'était important pour Allie aussi.

Elle s'est mise beaucoup de pression pour ce soir.

Je la sens inquiète depuis que nous avons échangé au sujet de son ex.

Je lui ai dit qu'il n'y avait pas lieu de l'être. Que je gérais. Et c'est le cas.

Même si cet enfoiré, je dois bien l'avouer, me met de sacrés bâtons dans les roues.

Enfin, je n'ai pas de preuves que ce soit bien lui, mais de toute évidence, autant de choses qui coincent, d'un seul coup... J'ai du mal à croire qu'il n'y soit pour rien.

D'autant que tout ce que j'ai pu réunir jusqu'ici le désigne comme coupable.

Allie m'a dit qu'il aimait se servir des avantages que lui procure la profession de son père pour régler ses comptes. C'est ce qui me fait dire qu'il est derrière tout ça.

Parker est au courant et il a la même théorie.

Il me dit de ne pas m'en faire, qu'on peut absorber la perte d'un contrat ou deux et que notre réputation n'en pâtira pas.

J'espère qu'il a raison.

Lui et moi avons travaillé trop dur pour échouer maintenant, qui plus est à cause d'un trou du cul sans envergure comme Stephen Dillinger.

Et s'il pense que je vais abandonner Allie pour ça, il se fourre le doigt dans l'œil. Jusqu'à l'os.

— Bonsoir, James.

Je viens d'arriver devant mon immeuble et le fait de tomber sur Emilia me prend au dépourvu. Non pas que je m'attendais à voir qui que ce soit, mais disons que parmi toutes les possibilités qui s'offraient à moi, rencontrer Emilia ce soir faisait partie des moins probables.

— Emilia, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je... Je passais dans le quartier. Écoute, toi et moi, on ne s'est pas quittés en très bons termes la dernière fois. Et je voulais m'excuser pour ça.

Depuis sa sortie en trombe de mon bureau lorsque je lui ai dit que je ne souhaitais pas la revoir puisque j'avais commencé à fréquenter Allie, elle et moi ne nous étions pas reparlés.

— Il n'y a pas de problème. C'est plutôt moi qui te dois des excuses, pour ne pas avoir été... plus clair.

Elle m'offre un sourire timide. Du genre de celui qui me faisait craquer. Avant.

Aujourd'hui, il n'y a que ma jolie brune qui puisse m'amadouer ainsi.

— J'ai mal interprété les choses. Disons que sur ce coup-là, on partage un peu la responsabilité.

— Oui, sans doute.

J'apprécie ses excuses. Sincèrement. Comme je l'ai déjà dit, Emilia n'est pas une méchante fille.

Un peu trop centrée sur elle-même ? Oui, clairement. Mais pas méchante.

— Alors elle et toi... c'est du sérieux ?

Cette conversation est étrange. Enfin, c'est étrange de l'avoir avec cette femme avec qui je couchais encore il y a peu. Mais elle a l'air sincère. Et je ne veux pas me montrer blessant. Si cette discussion est l'occasion d'aplanir les choses entre nous, alors elle en vaut la peine.

— Oui. Je l'aime beaucoup.

Emilia sourit. Mais son regard laisse paraître une pointe de... Jalousie ?

Je ne suis pas certain d'analyser cela correctement. Il faut dire que, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais trop pris le temps de veiller beaucoup aux sentiments des femmes qui m'entourent.

— Elle a de la chance.

Je pense plutôt que c'est moi qui en aie. Parce qu'Allie est incroyable. Mais je me dis qu'il n'est peut-être pas utile de trop insister sur ce point avec elle.

— Tu trouveras quelqu'un, toi aussi.

— Oui... On verra bien.

J'ignore comment poursuivre cette conversation. Honnêtement, je suis crevé. Avec toutes les merdes que j'ai eu à gérer cette semaine à cause de l'ex d'Allie, notamment. À défaut de l'avoir dans mon lit, je rêve d'aller me coucher et de ne rouvrir les yeux que tard demain matin, après avoir rattrapé le sommeil qui me manque.

Alors je ne veux pas me montrer impoli, mais...

— Il est tard, je suis désolé, mais j'allais rentrer.

— Oh, oui. Bien sûr, acquiesce-t-elle. Je voulais m'excuser, c'est fait. Je ne te retiens pas plus longtemps.

— Et je te remercie pour ça. Je ne tiens pas à ce qu'on soit en mauvais termes, toi et moi. Si les choses n'ont pas fonctionné entre nous, rien n'empêche que nous soyons amis.

— Ça me va.

Je suis soulagé qu'elle réagisse ainsi parce que je n'ai clairement pas l'énergie pour gérer une nouvelle dispute avec elle.

— Oh attends ! Je suis vraiment désolée de te demander ça maintenant, mais je crois avoir laissé un bracelet chez toi.

— Un bracelet ?

— Oui, tu sais, celui que m'a offert mon père pour mes quinze ans. J'y tiens beaucoup et je suis à peu près convaincue qu'il est dans ton appartement. Est-ce que ça t'ennuie si je monte une minute ? Je te promets de faire vite.

Honnêtement, oui. Ça m'ennuie. Mais il est fort probable que ce fameux bracelet se trouve toujours chez moi. Parce qu'elle avait l'habitude de laisser traîner ses bijoux lorsque nous passions la soirée ensemble. Alors j'accepte qu'elle aille vérifier.

Ce sera vite réglé.

— D'accord, monte avec moi.

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant