Chapitre 10 - James

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Je vois bien qu'Allie essaie de faire comme si cet appel n'avait pas d'importance, mais manifestement, ça l'a perturbée.

Le jeu du chat et de la souris auquel nous jouions si bien jusqu'à maintenant s'est arrêté et elle me laisse percevoir une nouvelle facette de sa personnalité, beaucoup plus dans la retenue.

— Tu as des ennuis ?

J'ignore pourquoi j'insiste pour en savoir plus. Elle a dit que ce n'était pas urgent... Et elle ne veut manifestement pas s'étaler sur le sujet. Pourtant, je dois avouer que ça m'intrigue.

Parce qu'entre celle qu'elle était avant ce coup de fil et celle qu'elle est désormais, il y a un monde.

Et même si j'ai très envie que notre conversation retrouve à nouveau le chemin de la séduction, j'ai surtout envie qu'elle arbore à nouveau son si joli sourire.

— Des anciens ennuis.

— Les anciens ennuis n'appellent pas.

Elle sourit timidement. Voilà, c'est un bon début.

— Ces ennuis-là ont un peu de mal à comprendre qu'ils ne font plus partie de ma vie.

Quelque chose me dit qu'elle parle d'une ancienne relation amoureuse. Une histoire qui s'est visiblement mal terminée.

Étant donné l'absence de photos en couple dans sa valise, c'est du moins ce que je déduis.

— Je peux t'aider ? On parlait tout à l'heure de ce pourquoi j'étais doué... Et bien, je suis certain que je pourrais te faire oublier tes « ennuis » en un rien de temps.

— Tu ne sais même pas de quoi il s'agit, dit-elle.

— À vrai dire, j'ai ma petite idée sur la question, mais je n'ai pas l'impression que tu veux mettre le sujet sur la table.

— Exact.

— Bien. Je respecte ça. On en revient donc à ce pourquoi je suis censé être doué, dis-je en lui offrant un nouveau sourire charmeur.

Oui j'ai clairement envie d'en savoir plus, mais elle, au contraire, ne semble pas avoir envie d'en discuter alors... Je n'insiste pas. On se connaît à peine, après tout.

Et puis, avant cet appel, notre conversation prenait une tournure des plus intéressantes.

— Est-ce que tu es l'un de ces hommes à l'égo surdimensionné quand il s'agit de parler de sexe ?

— Il y a bien quelque chose de surdimensionné chez moi, mais ce n'est certainement pas mon égo.

Elle pouffe de rire. OK, il est peut-être un peu tôt pour faire des blagues douteuses de ce genre, mais elle semble bon public et ne s'en offusque pas.

— Voilà ma réponse.

Je ris et croise mes bras sur mon torse, me réajustant sur ma chaise.

— Tu essaies de noyer le poisson là...

— À quel sujet ?

— Au sujet de ta réponse précédente.

— Je ne suis pas certaine de te suivre.

— Quand on parlait de ce pour quoi je pourrais être doué. Tu as immédiatement pensé au sexe.

Malgré son air nonchalant, elle rougit. C'est étonnant de pouvoir parler si librement de ça avec elle. La plupart des filles que j'ai fréquentées jusqu'alors se cachaient derrière une fausse pudeur. Mais Allie semble très à l'aise sur le sujet et je m'en réjouis.

Même si les choses ne vont pas plus loin, je m'amuse beaucoup.

— C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit.

Ses yeux se verrouillent sur mes lèvres.

Nous y voilà. À nouveau.

Mais même si j'en meurs d'envie, la table du restaurant nous sépare.

— Tu veux qu'on quitte cet endroit ?

Elle hoche la tête sans dire un mot.

Je fais signe au serveur que nous allons quitter le restaurant afin qu'il nous amène l'addition.

— Vous ne désirez pas prendre un dessert ?

— Non, je vous remercie. C'était excellent tout, mais nous avons d'autres... projets.

Un léger sourire étire les lèvres d'Allie.

— Bien Monsieur. Si vous voulez bien me suivre.

Je m'exécute pour régler la note. Allie proteste en m'indiquant vouloir en régler la moitié, mais je refuse.

Je me suis trompé de valise. C'est à cause de moi que nous nous retrouvons dans cette situation alors je lui dois bien ça.

Elle finit par accepter et je règle nos repas en un rien de temps avant de la rejoindre, saisissant sa veste que je pose sur ses épaules au moment où elle se lève.

Mes doigts effleurent la peau de sa nuque et je la sens frissonner.

Merde.

Me voilà désormais avec une érection naissante bien difficile à dissimuler, mais si j'en crois les signaux qu'elle m'envoie... Elle et moi allons passer une excellente fin de soirée.

— Allons-y.

Nous traversons le restaurant et nous dirigeons vers la sortie.

— Attends... m'interpelle-t-elle. Nos valises !

Nous éclatons de rire en constatant que nous nous apprêtions à partir sans elles.

Il faut dire qu'avec ses jolies hanches qui se trémoussent devant moi... J'ai un peu de mal à garder les idées claires.

Nous faisons demi-tour en direction de l'accueil pour les récupérer.

— Comment tu es venue jusqu'ici ?

— En taxi.

— Je suis venu en voiture, je te ramène ?

Elle semble tout à coup un peu hésitante. Comme si elle perdait soudainement un peu de l'assurance qu'elle avait eu toute la soirée.

— Écoute, je vais être complément honnête avec toi, dis-je en saisissant sa main et en la glissant dans la mienne. Tu me plais, Allie. Est-ce que je meurs d'envie de te ramener chez moi et de te faire l'amour toute la nuit ? Oui, absolument. Mais j'ai vraiment passé une excellente soirée et si tu veux que les choses en restent là... Je respecterais ton choix. Dans les deux cas, ma proposition de te ramener tient toujours.

Elle semble hésiter à nouveau et considérer les options qui s'offrent à elle.

Je ne dénigre pas les femmes qui apprécient les coups d'un soir. J'en suis moi-même adepte. Mais ça ne semble pas être le cas d'Allie. Pourtant... Je sais à la manière dont elle s'est comportée jusqu'alors qu'elle en a envie aussi.

Elle sourit, regagnant un peu de cette confiance qui l'a accompagnée tout au long de notre repas.

— Je veux bien que tu me ramènes. Chez toi.

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant