Chapitre 63 - Allie

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Je souris bêtement en montant les marches qui mènent à l'appartement de ma meilleure amie.

En temps normal, j'aurais pris l'ascenseur, mais il y a des jours que je n'ai pas fait de course à pied et je sens que j'ai besoin de faire un peu d'exercice alors je saisis l'occasion.

Même si James et moi en faisons un tas ces derniers temps et que c'est très loin d'être désagréable, j'apprécie le sport et le bien-être que cela me procure. En prime, je me vide la tête et ça, en ce moment, j'en ai bien besoin.

Bref, je m'y remettrais vite lorsque toute cette histoire sera derrière nous. Et en attendant, une rapide visite à Livi après un orgasme matinal du tonnerre, ce n'est pas une si affreuse façon de commencer la journée !

Elle m'a demandé de passer et j'ignore pourquoi, mais ce n'est pas comme si elle et moi avions besoin d'un prétexte pour nous voir.

J'ai évidemment toujours les clés puisque ma cohabitation avec James n'est que provisoire, mais je les ai laissées chez lui, alors lorsque j'arrive devant la porte de l'appartement, je frappe.

Plusieurs secondes s'écoulent, mais je n'obtiens pas de réponse.

Étrange.

Je recommence, mais le même silence me répond.

Ça n'a aucun sens.

Elle doit être là, puisqu'elle vient de m'envoyer un message me demandant de passer.

— Livi ? tenté-je à travers la porte. Tu es là ?

Mon appui sur la sonnette n'y change rien, aucune réponse ne me parvient.

N'obtenant toujours aucun retour, je décide d'enclencher la poignée, en me disant que la porte est peut-être ouverte, tout simplement. Et c'est effectivement le cas. La porte s'ouvre sans opposer la moindre résistance.

Dans l'appartement règne un calme absolu et je dois avouer que cela me fait froid dans le dos. J'ignore pourquoi, mais je pressens qu'il y a un problème. Alors avant de m'avancer davantage, j'essaie de l'appeler en restant prudemment côté couloir.

J'entends son téléphone sonner dans la pièce d'à côté, donc elle est là. Mais rien n'exclut l'hypothèse d'un problème qui la réduirait au silence.

Peut-être a t-elle fait un malaise ?

Merde. Tant pis pour les précautions, j'ouvre grand la porte et me précipite à l'intérieur, suivant le son qui provient de sa chambre. Et lorsque je l'ouvre à son tour, je trouve Livi, étendue sur son lit.

Elle semble endormie, mais je repère immédiatement que quelque chose ne va pas.

D'autant qu'avec le vacarme que j'ai fait pour rentrer, cela aurait clairement dû la réveiller.

— Livi, mon Dieu, est-ce que ça va ?

J'ai tout juste le temps de m'asseoir à ses côtés pour prendre son pouls que la porte derrière moi claque violemment, m'arrachant un cri de surprise.

— Tu es tellement naïve, ma puce.

Cette voix, je la reconnais vite et mon corps y réagit en se raidissant immédiatement.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je à Stephen en me retournant pour lui faire face. Qu'est ce que tu lui as fait ?!

J'aurais dû me douter qu'il n'en resterait pas là. Surtout pas après notre dernière conversation pour le moins agitée.

— Livi, tu m'entends ? J'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine, mais je fais de mon mieux pour rester calme. Il faut que je la sorte de là.

— Avec ce que je lui ai donné, tu peux me croire, elle va dormir un moment, me dit-il fièrement en me voyant m'affoler.

Ce qu'il lui a donné... La même merde qu'à James, sans aucun doute. Mais Livi et lui sont loin d'avoir la même corpulence et si je me fie à l'état dans lequel je l'avais retrouvé ce soir-là... Les choses pourraient vraiment mal tourner.

— Mais tu es complètement malade ! éructé-je.

Les mains tremblantes, je saisis le téléphone que j'avais machinalement posé sur la table de nuit à mon arrivée dans la pièce, mais Stephen me l'arrache après s'être précipité vers moi.

— Laisse-moi appeler les secours !

— C'est bon, arrête de paniquer, elle va bien.

— Elle ne va pas bien, putain !

Je me rue sur lui et, incapable de me contrôler davantage, lui assène une gifle qui résonne dans la pièce.

Stephen semble surpris, mais cela ne dure qu'une fraction de seconde. Juste le temps pour lui de reprendre ses esprits et de me saisir le poignet droit avant de le tordre avec une aisance déconcertante.

La douleur qui me traverse est abominable et je tombe à genoux en hurlant. Je suis presque sûre qu'il est cassé si je me fie à l'étrange bosse qui se forme désormais à son niveau.

Je veux me relever, mais j'en suis incapable. J'utilise mon autre main pour soutenir la première tandis que des larmes de douleur et de frustration roulent sur mes joues.

Ça fait un mal de chien.

— Pourquoi est ce que tu as fait ça ? C'est quoi ton putain de problème, hein ?!

L'adrénaline me permet de me tenir le coup face à cette situation absolument dingue et je parviens finalement à me remettre sur mes pieds, tant bien que mal.

— Parce que tu ne m'écoutes pas.

— Tu viens de...

Je regarde ma main et elle n'est vraiment pas jolie à voir.

Jamais il ne s'était montré violent avec moi auparavant. Pas une fois. Je ne l'en aurais jamais pensé capable. Même si j'ai bien vu, ce jour-là au café, dans son regard, un éclair de méchanceté inédit.

— Mon poignet, sangloté-je en reprenant place auprès de ma meilleure amie.

Je suis sidérée par ce qui se passe sous mes yeux. Et impuissante. Complètement impuissante.

L'appartement de Livi est neuf et l'isolation y est excellente, je sais qu'il me faudrait hurler à pleins poumons pour ne serait ce qu'espérer me faire entendre des voisins. Sans aucune garantie de résultat. New York est le genre de ville où chacun se mêle de ses affaires.

Et vu le regard mauvais que Stephen me jette, je doute que ce soit une bonne idée.

— Je ne voulais pas te faire de mal, mais tu m'y obliges. Tu me fais perdre la tête.

— Je veux juste m'assurer qu'elle va bien, s'il te plait. Je t'en supplie.

— Elle va bien, je te l'ai dit.

— Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ?

— Je veux que tu rentres à la maison, Allie.

Je ne refoule plus les larmes qui menaçaient désormais, mais elles sont autant de terreur que de colère.

— Si je rentre, tu les laisseras tranquilles ?

Je parle de Livi et James et il le sait très bien.

— Et bien, si tu t'entêtes à vouloir continuer à voir ce type, je devrais sans aucun doute prendre des décisions, disons plus... radicales. Mais si tu choisis de rentrer, alors je te promets de les laisser tranquilles, oui.

Repartir avec lui est la dernière chose au monde dont j'ai envie, mais pour le moment, je n'ai pas le choix.

Alors je vais accepter.

Ou du moins, faire en sorte qu'il le croit.

Le temps de trouver une solution à tout ça.

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant