Chapitre 28 - James

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Plusieurs jours se sont écoulés depuis que Livi nous a surpris en pleine action dans sa cuisine.

Heureusement, elle est du genre bonne vivante et elle n'en a tenu rigueur à aucun de nous.

À force de passer du temps avec Allie, je commence à comprendre à quel point leur amitié est importante et je ne me permettrais pas de gâcher ça.

Cette jeune femme a visiblement beaucoup d'importance dans sa vie.

Je n'ai pas tenu le compte du nombre de fois où ma jolie brune et moi avons couché ensemble, mais je suis certain d'une chose, c'est que j'attends la suivante avec plus encore d'impatience.

Parce que plus le temps passe et plus Allie se révèle.

Sexuellement parlant, au moins. Parce que pour le reste, je sais toujours assez peu de choses sur sa vie. Elle reste relativement secrète et semble vouloir cloisonner les bons moments que nous passons ensemble du reste.

Avec ce que j'ai pu glaner comme informations, j'ai cru comprendre qu'elle avait atterri ici à la suite d'une rupture brutale, mais je n'ai pas beaucoup plus de détails et je crois qu'il serait assez malvenu de lui en demander.

Étonnamment, ça commence à m'ennuyer.

Jusqu'ici, j'ai toujours été plutôt du genre à papillonner, comme on dit.

Je ne dis pas que je change de femme tous les soirs, non. Mais disons que je ne les conserve jamais bien longtemps auprès de moi.

— James, votre amie Emilia est là.

Je jette un coup d'œil en direction du hall d'accueil et constate que c'est exact.

Emilia attend patiemment.

— Faites-la entrer. Merci.

Je ne sais pas trop ce qu'elle fait ici.

Ce n'est pas la première fois qu'elle vient, bien sûr. Ce bureau a quelques jolis souvenirs d'elle et moi d'ailleurs, mais ça reste exceptionnel.

D'une certaine façon, moi aussi je prends soin de cloisonner ma vie et j'évite autant que possible de mélanger le travail et le plaisir.

— Bonjour, James.

Un sourire charmeur vissé aux lèvres, elle entre et dépose ses affaires sur l'une des chaises face à la mienne.

— Emilia.

— Il y a une éternité que je n'ai pas eu de tes nouvelles.

Une éternité ? Elle exagère. Quelques semaines tout au plus je dirais. Et dans notre « relation », cela n'a rien de surprenant.

— J'ai été pas mal occupé.

— Occupé ?

— Et bien, je ne t'apprends rien si je te dis que mes affaires ne fonctionnent pas toutes seules.

Elle sourit et, comme Helen a l'habitude de le faire, se penche un peu plus que nécessaire en avant pour poursuivre la conversation.

Mes yeux se posent brièvement sur son décolleté.

Joli, mais pas à la hauteur de celui que je visite depuis plusieurs semaines désormais.

— Qu'est-ce que tu dirais qu'on sorte un soir cette semaine ?

En temps normal, j'aurais dit oui.

Emilia n'est pas une fille désagréable, mais, comme je l'ai déjà mentionné, un peu trop centrée sur elle-même. Et ces derniers temps, j'ai eu matière à m'occuper autrement.

Je pensais que Parker l'avait invité depuis qu'on en avait discuté.

Visiblement, ce n'est pas le cas.

— Écoute, je préfère être honnête avec toi, Emilia. Je vois quelqu'un. C'est récent, mais... Je doute que sortir avec toi soit correct vis-à-vis d'elle.

Emilia et moi n'avons jamais vraiment mis de mots sur notre relation. Parce que ce n'en est pas vraiment une. Mais je crois tout de même percevoir un éclair de déception sur son visage.

— C'est ta secrétaire ?

— Quoi ? Non !

— Oh je t'en prie, ne me mens pas. Chaque fois qu'elle est dans les parages, elle minaude !

— Je ne te mens pas. Comme tu viens de le dire, Helen est ma secrétaire. Ni plus ni moins.

— Alors qui est-ce ?

Je suis pris au dépourvu par cette soudaine crise de jalousie. Il me semblait que les choses étaient claires entre nous. Apparemment, ce n'était le cas que d'un seul côté.

— Je ne vois pas en quoi ça te regarde.

Face à moi, elle a l'air soudainement furieuse.

C'est une partie d'elle dont j'ignorais l'existence et je ne suis pas ravi de la découvrir aujourd'hui.

— Nous deux ça ne compte pas ?

— Je suis désolé Emila, mais il n'y a pas de nous deux. Il n'y en a jamais eu.

On dirait que ses yeux sont prêts à sortir de leurs orbites. S'ils pouvaient tirer, j'aurais déjà probablement reçu une rafale.

— Et moi qui pensais que tu étais différent des autres !

Je ne sais pas quoi répondre à ça.

Autant j'étais peiné de la voir contrariée tout à l'heure, autant son attitude de folle furieuse commence sérieusement à m'agacer.

Surtout que ça sort d'absolument nulle part.

Elle et moi on s'est toujours bien amusé, mais ça s'arrête là.

— Je suis navré si tu as pensé qu'il y avait plus que du sexe entre nous. Je n'avais pas l'intention de te blesser.

J'apprécie Emilia. Même si nous n'avons finalement pas grand-chose en commun, ce n'est pas quelqu'un de mauvais. Et je m'en veux un peu de ne rien avoir vu venir.

Ça arrive que les sentiments se développent lorsqu'on se fréquente de façon plus ou moins régulière...

J'aurais dû être plus attentif.

— Tu sais quoi ? Ça n'a pas d'importance. Tu peux sortir avec qui tu veux.

Je sens bien l'amertume et le reproche dans sa voix, mais je n'ai pas envie de débattre avec elle sur ce que je choisis de faire de ma vie.

Les choses sont claires et je doute qu'elle puisse me reprocher mon honnêteté même si, à l'heure qu'il est, cela semble être la dernière chose dont elle se soucie.

— Tu es...

— S'il te plaît, non. Pas de couplet sur le fait que je mérite mieux que toi. Ce n'est pas ce que j'allais dire, mais elle est tellement remontée que je ne crois pas pouvoir ajouter quoique ce soit qui lui conviendrait.

— J'ai besoin d'air, dit-elle en se relevant précipitamment avant de saisir ses affaires, et de claquer la porte, ne me laissant même pas le temps de réagir.

Il me faut quelques secondes avant de reprendre mes esprits.

Cette confrontation était vraiment inattendue et, je dois bien l'avouer, elle m'a contrarié. 

Je crois que moi aussi j'ai besoin d'air...

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant