Quelqu'un comme toi

Chapitre 53 - Allie

— Tu es sûre de ce que tu as vu ?

— C'était un putain de soutien-gorge, Livi, comment je pourrais m'être trompée ?

Face à moi, mon amie a l'air de réfléchir à une explication plausible, mais il n'y en a pas des masses.

— Qu'est-ce qu'il a dit ?

— Rien ! Je ne lui en ai pas dit que je l'avais vu. J'ai attendu que le médecin arrive et je suis venue ici en prétextant je ne sais quoi.

— C'est quand même étrange...

— Pas tant que ça quand on y pense. James courait les nanas avant moi. Oh, tiens. Comme Stephen !

Je bouillonne littéralement depuis que je suis revenue à l'appartement après avoir laissé James.

Je me sens idiote. Idiote de m'être laissée avoir par les beaux yeux sexy du voisin. Idiote d'avoir pensé qu'il était différent. Finalement Stephen n'aura même pas eu besoin de trop insister, j'abandonne.

Je n'ai pour autant aucune intention de retourner vers mon ex.

Quoiqu'il vienne de se passer aujourd'hui, Stephen et moi c'est bel et bien du passé.

Je savais que je n'aurais jamais dû me relancer aussi vite dans quoique ce soit...

— James n'a rien à voir avec Stephen.

Je suis un peu surprise de voir Livi prendre sa défense, je dois bien l'admettre.

— Pourquoi est-ce que tu cherches à justifier ça ?

— Parce que je pense que quelque chose se cache là-dessous.

Elle s'assied face à moi et saisit mes mains, tremblantes.

— Est-ce que tu es prête à m'écouter ?

— Oui.

— Tu sais, depuis le début je trouve ça louche que Stephen ait abandonné aussi facilement. Je veux dire... Toi et moi, on le connaît. Tu l'as clairement blessé dans son amour propre et on sait très bien que dans ce genre de cas...

— Il utilise papa.

— Bingo ! Et c'est très exactement ce qu'il a fait.

— Où est-ce que tu veux en venir ?

— Cette fille... Émilia, tu la connais ?

— Non.

— James t'en a parlé ?

— Oui, mais il ne m'en a pas dit grand-chose.

Juste qu'il la fréquentait de manière plus ou moins régulière avant de me rencontrer et qu'il a mis fin à leur pseudo relation lorsque les choses sont devenues plus concrètes entre nous.

— Tu sais comment elle a réagi?

— Je n'en ai aucune idée.

J'essaie de faire le point sur ce que me dit Livi et d'y mettre dans l'ordre. Et je commence à me dire qu'elle vient peut-être de mettre le doigt sur quelque chose.

J'ai probablement réagi un peu vite.

— Tu crois qu'elle et Stephen ...?

— Auraient pu faire un coup tordu ? Oui.

Merde.

C'est complètement dingue, mais pas improbable.

— Mais ce serait...

— Incroyablement stupide ? Inconscient ?

— Ouais, quelque chose comme ça.

— Est-ce que tu crois que c'est ce qui aurait arrêté ton ex ?

— Je... Non.

Malheureusement, j'ai appris, au cours du temps que j'ai passé avec lui qu'il se pense au-dessus des lois. Et il l'est sans doute. En partie au moins. Parce qu'avec l'aval de son père, il peut faire à peu près tout ce qui lui plaît sans craindre les retombées.

C'est dégueulasse, mais c'est comme ça.

— Mais comment ...?

— Écoutes, je n'ai pas vu James, mais d'après ce que tu me dis... Son comportement erratique, ses pertes de mémoire... Il se pourrait qu'il ait été drogué, non ?

— Drogué ?

Je n'avais même pas envisagé cette éventualité.

On en entend souvent parler lorsque cela concerne les femmes, mais après tout... Livi a raison et c'est loin d'être impossible.

Cette pétasse lui a sans doute fait avaler quelque chose malgré lui. Et ensuite... Dieu seul sait ce qui s'est passé.

Et Stephen dans tout ça ? Je ne sais pas encore quel a été son rôle, mais je n'ai que peu de doutes sur le fait qu'il est lié à cette histoire, d'une façon ou d'une autre.

Une fois dans les vapes, peut-être qu'elle a volontairement laissé traîner quelque chose à elle dans le but de me faire croire que ...?

Mais dans quel genre d'histoire je me suis encore fourrée ?

Et dire que je viens littéralement de planter James alors que ces deux tarés sont probablement à l'origine de tout ça.

Non. Je suis à l'origine de tout ça.

Parce que je me suis enfuie face à Stephen et que je pensais pouvoir continuer ma vie comme si de rien n'était.

Si je n'étais pas entrée dans celle de James, tout ce merdier n'existerait même pas.

— Tu ne penses pas ?

— Maintenant que tu le dis... Si.

— Je crois que la nana qu'il a lâchée pour toi est du genre névrosée du ciboulot si tu vois ce que je veux dire.

— Si Stephen a mis la main dessus... Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il ait pu la convaincre de faire une chose pareille.

Toute cette situation devient tout à coup bien trop compliquée à gérer et je sens mes nerfs qui lâchent. Livi le remarque et vient se placer à côté de moi, m'entourant de ses bras.

— Respire ma belle, OK ? On va régler ça.

— Il faut que je retourne le voir...

— Pas tant que tu trembles comme ça.

Elle a raison. J'essaie de me lever, mais mes jambes ne me portent pas.

— Est-ce que tu as prévenu quelqu'un pour James ?

— Oui, Parker.

— Bien.

Mon téléphone sonne justement tandis que je tente de calmer la crise d'angoisse qui menace de me submerger.

— Laisse, je vais voir.

J'acquiesce et la regarde décrocher. Elle s'éloigne un instant et j'avoue avoir du mal à saisir les bribes de conversation que je peux entendre. Mais l'appel est rapide et elle lorsqu'elle revient vers moi, je saisis immédiatement que quelque chose ne va pas.

— Qui était-ce ?

— Parker.

— Qu'est-ce qu'il a dit ?

— James est dans l'ambulance. Il vient de perdre connaissance.