Chapitre 43 - James

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— Ces frites sont délicieuses !

Je regarde Allie dévorer l'assiette qui se trouve sous ses yeux.

Après notre petit tour dans les airs, il m'a semblé important qu'elle mange quelque chose, car elle avait l'air un peu faible.

Alors je suis ravi de la voir avaler son plat avec autant d'appétit.

— C'est le meilleur restaurant du coin.

Un endroit sans prétention, qui contraste beaucoup avec celui dans lequel nous avons passé notre première soirée, mais qu'elle semble apprécier tout autant. Si ce n'est plus.

— Je ne connais pas les autres, mais il place la barre haute ! Comment est ce que tu as appris à piloter ?

Elle n'a pas posé de question dans l'hélicoptère.

Je l'ai même sentie stressée, malgré son enthousiasme initial.

— Disons que lorsque j'étais ado, j'avais un peu de mal à me canaliser. Mes parents me poussaient à fond dans les études, mais moi j'avais besoin de m'évader, tu vois le genre.

— Je crois, oui, dit-elle en souriant.

— Quand j'avais seize ans, je leur ai dit que je voulais piloter un hélicoptère. Ils ne m'ont évidemment pas pris au sérieux, mais j'ai insisté. Encore et encore.

— Et ils ont fini par céder ?

— Ma mère a eu plus de mal que mon père, mais, oui. La seule condition était que je sois excellent au lycée, puis à la fac.

— Laisse-moi deviner, tu l'as été ?

— J'ai fini major de promo.

— Waouh, très impressionnant.

— C'est marrant, ce n'est pas la première fois que tu me dis ça.

Elle rougit légèrement et secoue la tête.

— Tu n'as jamais pensé à en faire ton métier ? À temps plein je veux dire ?

— Ce serait mentir de dire que ça ne m'a jamais traversé l'esprit, mais Parker et moi avons fondé la société et ça nous a demandé énormément de temps et de travail. Et puis elle a grandi, et continue de le faire encore aujourd'hui. C'est un bébé que je ne suis pas prêt de lâcher.

— Je comprends, vous êtes fiers de ce que vous avez créé, c'est normal.

— Quelque chose comme ça, oui.

— Et Jesse ?

— Quand je me suis installé ici, j'ai cherché un endroit où je pourrais continuer à voler. On s'est rencontrés comme ça et on a sympathisé, c'est un chic type.

— Il en a tout l'air.

— Et toi ?

— Moi quoi ?

— Comment tu en es arrivée à vouloir sauver tous les bébés phoques de l'univers ?

— Et bien, je ne sauve pas que des bébés phoques, mais disons juste que, petite, j'ai eu la chance de grandir en pleine nature. Et que le monde sous-marin m'a toujours fasciné. J'étais douée en sciences. Alors en grandissant... Disons juste que ça a été facile pour moi de trouver ma voie.

— Tu as des frères et sœurs ?

— Non, je suis fille unique. Et mes parents, à l'heure qu'il est, doivent être quelque part entre le Pérou et le Mexique.

— Ce sont de grands voyageurs. Mon père a revendu son entreprise il y a trois ans et depuis... ils font plus ou moins le tour du monde.

— Waouh, ça doit être super.

— Je les ai suivis au cours des premiers mois. Mais ensuite...

— Tu as rencontré l'abruti dont tu t'es récemment séparée ?

Elle sourit timidement.

— Oui. Mais ne parlons pas de lui.

— Pas besoin de me convaincre.

Nous rions tous les deux.

— Parle-moi de ta famille, toi aussi.

— Monica et Jonas Preston, trente-deux ans de mariage sans faille et propriétaires d'un énorme terrain de golf dans le merveilleux état du Missouri.

— Du golf ? Vraiment ?

— Vraiment, oui. Ils ont ouvert au public alors que je n'avais que quelques mois et depuis... disons que ça s'est nettement développé.

— Est-ce que ça veut dire que tu sais y jouer ?

— Je me débrouille, oui. Est-ce que tu as déjà essayé ?

— Jamais, mais ça me tenterait bien.

— Je pourrais t'emmener là-bas, un jour.

— Et bien, je n'ai jamais été contre de nouvelles découvertes.

Elle me lance un petit clin d'œil qui fait s'agiter mon entrejambe.

Je ferais mieux de remettre le nez dans mon assiette sans quoi je vais encore me remettre à bander comme un con.

Nous finissons rapidement nos plats, après ça, en discutant de tout et de rien. Et nous partageons même l'énorme banana split que nous choisissons en dessert.

J'aimerais que cette soirée ne se termine jamais.

Que je puisse profiter encore et encore de son doux sourire et de sa si agréable compagnie, mais le temps passe, et bien plus vite que je ne le voudrais.

***********

— Tu ne vas pas régler à chaque fois que nous sortons !

Allie proteste alors que nous nous apprêtons à partir du restaurant.

— Bien sûr que si.

— Bien sûr que non !

Je lève les yeux au ciel et l'attire contre moi avant de planter sur ses lèvres un baiser qui la fait taire.

— Quelque chose à redire ?

— Euh... non. Plus maintenant.

— Je préfère ça.

— Tu aimes quand je me tais ?

Je me penche vers elle avec un sourire carnassier.

— Pour être honnête, je préfère quand tu cries. Surtout si j'en suis à l'origine.

Allie rougit et tourne rapidement son regard vers le comptoir où personne ne semble nous avoir entendus. À titre personnel, je m'en fous. Je la baiserais ici même, devant toute la clientèle si elle me le demandait.

— Ne dis pas des choses comme ça en public !

— Oh Allie chérie, si tu savais tout ce que je pourrais te faire, en public.

Je l'observe déglutir difficilement.

— Tu es vraiment incorrigible.

— Un cas désespéré. Je plaide coupable.

Elle rit et glisse sa main dans la mienne en se dirigeant vers la sortie.

— Merci. Pour l'hélicoptère, pour le restaurant. Pour tout.

Elle semble heureuse et ça me fait vraiment plaisir de la voir ainsi.

Le sujet de Stephen a été évité.

Pour ce soir au moins.

Mais je ne suis pas certain que cela pourra être le cas bien longtemps.

Parce qu'on dirait bien qu'à défaut de pouvoir atteindre Allie, il a décidé de s'en prendre à moi.

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant