Chapitre 59 - Allie

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Retrouver Stephen dans un café non loin du travail me paraissait être une bonne idée. Mais maintenant qu'il ne se trouve plus qu'à quelques pas, je commence à douter.

— Je suis content que tu m'aies appelé, me dit-il alors que je m'installe face à lui.

Mon Dieu, son petit air suffisant m'exaspère déjà.

— Il était temps qu'on discute toi et moi.

À vrai dire, si James n'avait pas récemment été la cible de cette cinglée d'Emilia, il est fort probable que j'aurais continué à l'ignorer. Mais cette fois-ci, les choses vont trop loin et il est grand temps que je rappelle à cet idiot de quel bois je me chauffe.

— Je n'ai pas rejeté tes appels pour rien.

Il se met à rire comme si nous étions deux vieux amis et que toute cette situation n'était qu'un malentendu.

Non, mais je rêve.

— Je comprends, tu sais. Tu as cru voir quelque chose et tu...

— Je t'arrête tout de suite, lui dis-je. Tu ne me feras pas croire que ce que j'ai trouvé dans ton téléphone n'était que le fruit de mon imagination. Toi et moi savons parfaitement de quoi il s'agit.

— Oh, et de quoi s'agit-il exactement ?

— Tu le sais parfaitement. Je ne suis pas partie du jour au lendemain sans raison.

— Je ne te remercie pas pour ça, d'ailleurs. Il m'a fallu inventer un mensonge plausible pour couvrir ton absence depuis.

— Couvrir mon absence ?

Là, je reconnais être un peu surprise parce que je ne vois absolument pas de quoi il parle.

— Et bien, mes parents se sont logiquement interrogés sur le fait que tu aies récemment disparu. Il a bien fallu que je trouve quelque chose à leur dire.

— Est-ce que tu mens à tes parents à mon sujet ?

— Bien sûr, me répond-il comme s'il s'agissait d'une évidence.

— Mais pourquoi ?

— L'image, ma puce.

— L'image ?

— Tu es une gentille fille, Allie. Aux yeux des gens que nous fréquentons, tu es la compagne idéale.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Écoute... Tu n'es pas idiote. Bien. Oui, je t'ai trompé. Et j'en suis désolé, mais tu ne crois pas qu'il est temps de laisser tout ça derrière nous et de rentrer à la maison ?

— Rentrer à la maison ? Est-ce que tu te fous de moi ?

Il a, au contraire, l'air tout à fait sérieux et garde son calme alors que je fulmine.

— Je t'ai laissé du temps, Allie. Tu es partie il y a des semaines et je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps. Mes parents pensent que tu as rejoint les tiens dans leur voyage, mais tu ne peux, de toute évidence, pas t'absenter plus longtemps.

Je suis sidérée et je dois bien reconnaître qu'il me faut un peu de temps avant de parvenir à trouver quoi répondre.

— Je ne vais pas rentrer, Stephen. Ni maintenant, ni jamais.

— C'est ce que tu dis.

— Non seulement je le dis, mais je le pense. Toi et moi, c'est bel et bien fini.

Ses sourcils se froncent. Il semble clair que ma réponse ne lui convient pas.

— Pourquoi est ce que tu es là, alors ?

— Parce que je veux que tu arrêtes tes conneries.

— Je te demande pardon ?

— Fiche la paix à James.

— Je ne connais pas de James, me répond-il avec un sourire narquois.

— Tu es derrière tous les ennuis que sa société a eus.

— Tu divagues, ma puce. Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.

— Arrête de m'appeler ma puce! Est-ce que tu manques de courage à ce point ?

— Je ne manque de rien, chérie, et il me semble que tu as pu le constater à plus d'une occasion.

Le clin d'œil qui accompagne cette remarque me soulève l'estomac.

— Tu es dégoûtant.

— Tu n'as pas mis longtemps avant de te retrouver dans le lit d'un autre pour quelqu'un qui se disait bouleversée par notre séparation...

— Je t'interdis de me juger !

Je me sens bouillonner de l'intérieur et peine de plus en plus à me contrôler. Je n'ai qu'une envie, c'est de me lever et de lui jeter ce fichu verre d'eau à la figure.

— Ce n'est quand même pas ma faute si tu te comportes comme une traînée.

Je ne pensais pas Stephen capable de se montrer aussi odieux. Me faire des reproches à moi alors que c'est lui qui a été infidèle est un comble !

Je n'ai pas contrôlé ce qui s'est passé avec James, mais je ne le regrette pas, même si, oui, les choses entre nous sont allées vite.

— Je sais que tu es derrière tout ça ! Les ennuis de James et le fait qu'il ait été drogué. Tu es tombé bien bas pour devoir faire équipe avec une pauvre fille comme Emilia. Je te pensais plus subtil, mais tu sais quoi ? Tu avais tort.

— Tort ?

— Tu pensais vraiment que j'allais tomber dans le panneau des sous-vêtements laissés sur place ? C'était quoi l'étape suivante ? Des photos de la foldingue et lui ? Une vidéo peut-être ?

Je vois bien que Stephen est sur les nerfs, lui aussi. Et même si je n'ai jamais eu peur qu'il s'en prenne à moi physiquement avant aujourd'hui, cette fois-ci, j'avoue avoir un peu la trouille parce que ce que je lis dans son regard n'augure rien de bon.

Je me félicite d'avoir choisi un lieu public.

— Qu'est-ce que tu attends ? Que je te félicite d'avoir compris ce que je voulais faire ?

— Ça pourrait être une idée, ouais !

— Je voulais simplement te faire revenir à la raison, mais cette pimbêche a paniqué, et elle a tout fichu en l'air.

Si ce ne sont pas des aveux, ça y ressemble.

— Revenir à la raison ? Mais c'est justement le cas. Et c'est exactement pour ça que j'ai fichu le camp !

— Quel genre de vie crois-tu que tu vas avoir avec lui ? Tu crois qu'il est différent ? Qu'il n'ira pas voir ailleurs à la première occasion ? Tu lui as demandé ce qu'il a fait avec Emilia ce soir-là ?

Je sais qu'il cherche à me faire douter. Mais j'ai confiance en James. Et je crois que c'est ce qui contrarie le plus Stephen.

— Il est grand temps de grandir et d'arrêter de te comporter comme un enfant pourri gâté ! Tes manœuvres n'ont servi à rien. Je suis amoureuse de James. Et je n'ai absolument aucun regret sur le fait de t'avoir quitté ! Tu peux penser que je suis une traînée, honnêtement, je m'en contrefous.

Je n'en peux plus de supporter ses conneries.

— Je sais que tu te penses intouchable. Mais tu ne l'es pas.

Je me lève brutalement de ma chaise, avant que la nausée qui me menace ne me submerge, saisit mon verre et lui balance au visage puis me dirige vers la sortie tandis qu'il me regarde, sidéré.

— Une dernière chose, Stephen. James a trouvé mon clitoris dès notre première fois, lui !

Je claque la porte au moment où il se lève et m'engouffre dans la rue.

Qu'il aille au diable! 

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant