Chapitre 61 - Allie

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— J'aurais tellement aimé être là ! Mieux encore, j'aurais adoré le lancer moi-même à la figure de ce crétin !

Livi rit aux éclats après que je lui ai raconté l'épisode du verre d'eau.

— James a dit la même chose.

— Je le comprends. Tu es sûre que ce café n'a pas de caméra de vidéosurveillance ? Parce que ça me brancherait bien de récupérer les images !

— Je n'en sais rien, mais maintenant que tu le dis, je vais peut-être aller leur poser la question, dis-je en riant à mon tour.

Être avec elle me fait du bien.

James a dû repartir pour gérer des papiers en urgence, mais Livi a pris le relais, car il ne voulait pas que je reste seule. Et honnêtement, il a bien fait. J'apprécie énormément sa présence ici ce soir, car elle me permet de me changer les idées.

Même si je me suis promis de ne pas laisser Stephen me gâcher la vie, je ne vais pas prétendre que cette rencontre ne m'a rien fait. Elle m'a bouleversée, quand bien même j'aurais voulu que ce ne soit pas le cas.

— Et maintenant ?

— Maintenant, je dois leur dire la vérité.

Mon téléphone est posé sur la table, juste devant moi.

Mais j'avoue que j'ai la trouille.

Comment suis-je censée gérer cet appel ?

— James a raison, tu sais. C'est une bonne idée.

— Je sais, mais... comment je leur présente la chose ? Et s'ils ne me croient pas ?

— Écoute... Pour les avoir vus de temps en temps, oui, ce ne sont probablement pas les gens les plus sympathiques de la terre, mais son père a toujours eu l'air de vouloir que son fils arrête de se comporter comme un enfant roi, non ? Et puis ils t'appréciaient beaucoup, tous les deux.

Livi n'a pas tort.

Durant les deux années que nous avons passé ensemble, le père de Stephen n'a eu de cesse de lui rappeler qu'il n'était pas correct de se comporter comme il le faisait lorsqu'il était mécontent ou insatisfait... en utilisant à son profit, les avantages allant avec la profession de juge de son paternel.

Je peux probablement obtenir leur soutien. Et si j'y parviens, il y a de bonnes probabilités pour que tout ce merdier s'arrête.

— C'est vrai, mais...

— Là, leur fils a pété un plomb, ma belle, m'interrompt-elle. Et il est grand temps qu'il arrête d'emmerder le monde. S'il te faut passer par ex-beau papa et ex-belle maman pour ça, ne t'en prive pas !

James et moi avons beaucoup discuté depuis hier soir, après qu'il m'ait récupérée. Et nous avons réfléchi ensemble à une solution pour mettre fin à tout ça.

Déjà que pourrir les contrats de la société de James et Parker était pesant, mais aller jusqu'à retourner le cerveau de cette pauvre fille pour... qu'est-ce que sera l'étape suivante ?

Bref, tout ça va trop loin. Et je n'ai aucun doute sur le fait que notre rencontre de la veille ne va avoir fait qu'exacerber davantage son ressentiment envers nous. Alors honnêtement, je me prépare au pire.

— Tu as raison.

— Comme toujours !

— Je n'irais pas jusque là, la taquiné-je.

— Tu préfères attendre le retour de ta moitié ?

— Non. Je veux le faire maintenant. Plus vite je règle ça et plus vite je serais tranquille.

Livi acquiesce et me lance un regard plein d'encouragement.

J'espère sincèrement que ses parents vont me croire parce que je ne sais pas si j'aurais l'énergie nécessaire pour gérer un conflit avec eux en plus de tout le reste.

Mais je dois tenter le coup. C'est la solution la moins douloureuse. Parce que ni James ni moi ne souhaitons nous abaisser à faire du chantage.

— Absolument.

Je saisis le téléphone, les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre.

Honnêtement, si ça ne fonctionne pas et que ses parents ne parviennent pas à faire revenir leur fils à la raison, il ne nous restera que peu d'options.

Porter plainte contre lui et s'engager dans une longue et coûteuse procédure qu'on ne verra sans doute jamais aboutir ou faire cracher le morceau à Emilia.

James a aussi proposé de, je cite « casser la gueule à cet abruti », mais je refuse qu'il s'attire des ennuis. Même si ça me plairait beaucoup, je dois bien l'avouer.

— Je vais les appeler.

**************

— Comment ça s'est passé ? me demande James qui vient de rentrer et m'enveloppe de ses bras.

— Plutôt bien. Enfin, je crois.

— Qu'est-ce qu'ils ont dit ?

— Ils ont confirmé que Stephen leur a dit que j'étais partie en voyage avec mes parents. Qu'il partait lui aussi pour nous rejoindre quelque temps. Ils ignoraient qu'il était à New York. Il y est depuis des semaines, James... Dieu seul sait ce qu'il a pu manigancé durant tout ce temps.

— Ce type est vraiment malade.

— Je ne m'en rends que trop bien compte aujourd'hui, oui.

— Ils t'ont cru ?

— Son père semblait sidéré et peut-être aussi dubitatif au début, mais avec tout ce que je leur ai dit... Ils voient bien que leur fils lui ment. Son père a promis de s'en occuper.

— C'est une bonne chose, non ?

— Évidemment. Mais je préfère ne pas crier victoire trop vite si tu vois ce que je veux dire. Il y a quand même un moment qu'il cherche à nous pourrir la vie... Je ne suis pas certaine qu'il arrête du jour au lendemain, même si ses parents interviennent.

— Écoute, pour l'instant, les choses semblent plutôt bien parties alors on va essayer de se focaliser là-dessus, d'accord ?

— Est-ce qu'on peut aussi se focaliser sur quelque chose de sexuel ?

James rit et me colle contre lui.

— On peut définitivement faire ça, oui.

— C'est juste pour me changer les idées. Tu vois...

— Je vois très bien, dit-il en riant. On va se sortir de tout ça, ne t'inquiète pas.

— Je suis désolée de t'imposer ça.

— Ne le sois pas. Tu n'y es pour rien. Et maintenant, dit-il en me chargeant sur son épaule, je m'en vais te changer les idées, tu vas voir ! 

Quelqu'un comme toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant