Gryfen

23 2 3
                                    

Chapitre 1 :

Je ne suis pas heureuse. Ne cos shi nos layban. Un coup sur mon bras, un coup dans mon ventre, un coup dans mon visage, et je tombe au sol. Je sens mes mains se glisser contre mes zones touchées, guidées par la douleur. Ils s'éloignent doucement et je réouvre mes yeux.

Je suis au sol dans la forêt la plus sombre. Celle qui entoure mon village. D'un rapide coup d'œil, je m'assure qu'ils sont partis et époussette mes mains pleines de terre et de poussière. Je me relève difficilement en me retenant de gémir de douleur. Je sens que ma bouche est engourdie par les coups qu'elle vient de recevoir.

"Gryfen ! S'exclame une voix au loin. Où es-tu ?"

La mention de mon nom me fait frissonner et je me redresse en me retournant. Une grande elfe arrive en courant jusqu'à moi et s'arrête. Elle souffle et me lance un regard noir.

"Stupide enfant ! Ne vois-tu pas qu'il est tard ? Et qu'est-ce qui t'es arrivée ?"

Je ne prend pas la peine de répondre et baisse ma tête. Comment je pourrais même tenter de lui expliquer ? Elle ne prend pas la peine d'insister, comme prévu, et attrape mon bras violemment en me tirant entre les arbres.

On arrive après de longues minutes et sans dire un mot, elle me pousse dans sa maison. Tous sont déjà attablés et ils me lancent un regard noir en murmurant entre eux. Trois garçons elfes, et leur père qui me fait signe de m'asseoir à table avec eux. Je me glisse sur l'une des deux places libres et regarde la femme elfe faire de même en face de moi. Elle dit quelque chose tout bas à son partenaire et ils servent à manger en discutant avec leurs enfants. Enfants dont je ne fais pas partie.

La soirée se termine à nouveau dans le silence pour moi. Je suis envoyée dans la chambre tout au bout du couloir et comme d'habitude et elle se fait fermer à clef une fois que je suis passée. Pas de confiance... Mais comment leur en vouloir ? Accueillir un monstre dans sa maison, ce n'est pas quelque chose que tout le monde ferait.

Je lance un regard à mes mains grises, et relève ma tête pour observer à nouveau mon environnement. Les murs sont froids et vides de décoration. Je n'ai rien à y accrocher et je n'en voit pas l'intérêt. Le seul meuble de la pièce est un vieux matelas usagé et malpropre posé dans un coin poussiéreux. Je ne m'en plains pas, car c'est bien mieux que dormir dehors.

Je m'installe sur ledit matelas et me recroqueville contre le mur en soupirant. Demain, rendez-vous avec le prêtre du village, qui décidera si je suis ou non un danger pour le village. Je ne stresse pas, car je sais déjà que je vais à nouveau me faire rejeter.

Et c'est en suivant le fil de mes pensées que je m'endors doucement, en laissant tomber ma tête sur le matelas.

"Gryfen ! Gryfen !"

Je sens des mains sur mon corps se poser violemment et dans un sursaut de surprise, je saute sur mes pieds et lance un regard autour de moi, à la recherche de mes agresseurs. Personne ne se trouve dans la pièce, mais un sentiment d'insécurité me traverse. Je comprend dans la seconde et plisse mes yeux afin de voir les silhouettes translucides dans la pièce. Tiens... Ce ne sont pas les même que ceux qui me frappent à l'orée de la forêt. Peu rassurée, je me colle tout de même contre le mur en voyant l'un d'entre eux s'approcher de moi. Il me murmure alors :

"Nies rav yenr sed sor- sorcior ?"

Je fronce mes sourcils et me concentre pour comprendre. C'est assez rare que ces être lumineux me parlent... Je suis simplement sûre d'avoir compris le verbe "yenr" qui signifie "envoyer". Et le mot sorcier. Leurs visages apeurés me font comprendre et j'hésite.

Fiction In SuspensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant