Fiction In Suspension

Safe Place

Rédaction imaginaire du premier brevet blanc.

     Je m'en souviens parfaitement. J'étais enfermé dans ma chambre, comme à mon habitude et mes écouteurs diffusaient la musique dans mes oreilles. Mais malgré tout, j'entendais encore les cris incessants de mes parents qui criaient tels des ouistitis en colère. La voix plus qu'aigüe de ma mère perforait mes tympans sans ménagement et je soupirais, avant d'augmenter le volume.

Quel soulagement j'avais eu quand ma meilleure amie m'avait appelé pour m'informer que son petit-ami avait quitté leur appartement et qu'elle ne pouvait plus payer le loyer toute seule. J'avais sauté sur l'occasion et je lui avais proposé de faire une colocation.

Cela faisait plusieurs semaines que je vivais avec elle et ma vie avait totalement changé. Je pouvais enfin passer mes journées dans le salon et la cuisine en silence. Plus aucun hurlement et également plus de règle. Je pouvais dormir aussi bien trois que dix-sept heures et je pouvais même choisir mon repas. Le matin, au lieu de me réveiller de mauvaise humeur à cause d'une nouvelle dispute, je me réveillais tranquillement, ébloui par les rayons du soleil. J'étais tout simplement heureux, épanoui, et bien. Très bien, même.

A présent, je pouvais me concentrer sur mes écrits. Ces derniers représentaient mon travail, étant auteur. Je partageais d'un côté ma vie, dans l'autobiographie que vous lisez en ce moment même et je faisais rêver mes lecteurs en créant des histoires délirantes dans des mondes imaginaires et fantastiques.

Cette nouvelle vie, cette nouvelle capacité à pouvoir me déplacer où je le voulais m'inspirait au plus haut point. Après avoir appris à connaître mon logement comme ma poche pendant les saisons froides, j'ai commencé à sortir et passer du temps dehors. J'ai rencontré de nouvelles personnes en respirant l'air frais. Cette sensation de liberté que j'avais me faisait rêver et j'adorais avoir le contrôle de ma vie, sans que mes parents ou d'autres adultes se croyant supérieurs ne me disent quoi que se soit.

Je comptais bien en profiter le plus longtemps possible. Après tout, j'étais adulte donc pourquoi aurais-je dû retourner dans la famille qui, avait beau être la mienne, me pesait tout au long de mes journées ?