1917. Pas ouf comme année. Tout comme les trois dernières. Et pourtant, le sentiment de joie qui afflua en Tony n'était pas feint. Certes, il venait de se ramasser dans la gadoue à l'arrivée, mais il allait bien. Il avait réussi à survivre à ce combat et atteindre la tranchée d'en face. Son camp avait conquit la première ligne de leurs ennemis.
"Stark ! Tu vas bien ! S'exclama son ami, surnommé Happy, tout en se dirigeant vers lui.
-Happy ! Tu as survécu aussi !" Fit ledit Stark en l'attirant vers lui.
Ils se sourirent et s'engouffrèrent ensemble dans un creux souterrain pour souffler après cette rude étape.
Après cette longue soirée, Tony ressorti du trou, toujours avachi pour ne pas se faire voir de l'autre côté du champs de bataille pour le moment vide, et se prendre une balle bien tirée dans la tête. La tranchée dans laquelle il se trouvait était du coup allemande quelques heures plus tôt et s'y repérer était par conséquent un peu plus compliqué. Surtout que pour le moment, la nuit était tombé et que très très peu de lumière éclairaient le chemin. Bref, Tony s'éloigna du trou dans lequel il venait de rester avec Happy, pour respirer un peu. Bon, il est vrai qu'il respirait plus de terre et de poussière qu'autre chose, mais au moins, il respirait.
Posé contre le mur de terre sec, le soldat français cru entendre un gémissement étrange. Presque inaudible, mais effectivement présent. Il n'hésita pas une seconde et il commença à se diriger vers le bruit, bien décidé à venir en aide à la personne, ou l'animal, qui gémissait tel un blessé.
Plus il avançait, plus il s'éloignait du centre de la tranchée, et plus les soldats devenaient rares. Tony termina par effectivement apercevoir une masse noire semblable à la silhouette d'un homme et il se précipita vers elle. La première chose qu'il put véritablement voir dans le noir presque complet de la nuit, fut les deux orbes glaciales brillantes à la lumière de la lune.
Le regard chocolat du français se perdit dans celui qu'il rencontra et le peu de secondes qui s'écoulèrent furent semblables et vécues comme de très longues minutes. Un énième murmure plaintif tira le soldat en forme de ses pensées et il commença à détailler rapidement du regard l'autre brun en face de lui. Oui, il était blessé. Son bras gauche était entaillé profondément au niveau de l'épaule et le sang s'écoulait abondamment sans vouloir s'arrêter. Tony s'apprêta à l'aider quand il tiqua finalement. L'homme en face de lui ne portait pas un équipement semblable au sien... mais il portait un équipement allemand.
"Es tut mir leid. Helfen Sie mir, bitte !" murmura avec peine l'allemand en croisant à nouveau le regard de son soit futur sauveur, soit futur meurtrier.
Ce dernier décida de choisir la première option et il enleva sa veste, avant de déchirer son t-shirt pour ensuite le presser contre la plaie et sauver la vie de celui sensé être son ennemi. Il aurait dû le tuer, oui. Mais non, il ne l'avait pas fait. Quelque chose dans le regard du brun l'avait comme ensorcelé et son souhait le plus cher sur le moment était, sans même qu'il y ait une quelconque raison logique, qu'il survive.
Après avoir soigné du mieux qu'il pouvait la blessure, Tony lança un regard à l'allemand et constata qu'il s'était évanoui, probablement de douleur et de fatigue. Stark s'éloigna de quelques mètres, guidé par un sentiment qu'il ne connaissait pas, déterminé comme jamais, en direction d'un cadavre d'un de ses conjoint français. Il le dévêtu pour récupérer l'équipement de son camp et se rendit à nouveau auprès du blessé de guerre pour le lui enfiler. Ensuite, il s'installa aux côtés du corps endormi qu'il avait posé contre la paroi de terre, sans plus se demander pourquoi il avait sauvé un homme qui avait probablement tué beaucoup des siens.
Lorsque Stark ouvrit ses yeux, il eu la mauvaise surprise de voir que son camarade adverse avait disparut sans laisser de trace. Il s'en voulut de l'avoir soigné, de ne pas l'avoir abattu comme il aurait dû, de s'être fait avoir par ces beaux yeux bleus. Enervé contre lui-même, contre la fatigue qui l'avait empêché d'agir comme il aurait dû, il retourna vers le centre de la tranchée. Dire que cet énergumène allait sûrement retourner dans son camps pour retourner abattre des français. Quel idiot il avait fait !
Un bruit d'explosion le fit sursauter et il comprit que c'était repartit. Il attrapa son arme posé contre son dos et commença à courir, en direction du combat.
Et après, comme d'habitude. Des cris, des coups de feu, des bombes, du sang, des morts, l'odeur répugnante des cadavres en décomposition déposés un peu partout, et ensuite les cauchemars à chaque tentative désespérée de retrouver le sommeil, même pour un court moment. L'enfer, tout simplement.
Pendant les trois jours qui suivirent cette bataille, impossible pour Tony d'oublier l'homme aux yeux bleus glaciaux. Il voulait le revoir, et même si il essayait de le nier, il lui en voulait d'être parti. Il était présent dans sa tête partout, tout le temps, et c'était dangereux lors des combats. Sa concentration était partie en fumée depuis leur rencontre et se chances de survie en dépendaient atrocement.
Tony soupira en regardant ses mains couvertes du sans de ses nombreux ennemis, mais aussi amis, avec lesquelles il armait son arme et il appuyait sur la gâchette, retirant le vie d'autres innocents, aux aussi plongés et perdus dans cet enfer.
Le soir même, comme d'habitude, il se félicita d'être en vie et se recroquevilla contre le mur de terre, de la tranchée qu'ils habitaient depuis qu'ils l'avaient envahie quelques jours plus tôt. Il chercha désespérément le sommeil, en essayant de ne pas se faire attraper par ses démons nocturnes.
Ce fut le lendemain, alors qu'il combattait à nouveau, qu'il vit l'allemand aux yeux bleu. Cependant, leurs retrouvailles ne se déroulèrent pas comme Tony s'y attendait. Il avait son arme meurtrière dans ses mains, debout sur le champs de bataille, tirant sur ses ennemis pour les mettre hors d'état de nuire. Concentré sur un allemand qu'il n'arrivait pas à avoir, il n'en vit pas un autre se jeter sur lui, arme blanche à la main. Par contre, ça n'échappa pas à son sauveur qui se jeta sur l'ennemi de Stark, lui épargnant par ce geste la mort. Ils étaient quittes à présent !
Tony écarquilla des yeux, en regardant la scène sous ses yeux et il se reprit en continuant de se battre, sans tuer l'allemand aux yeux bleus qui portait toujours l'équipement français subtilisé. Pendant toute la durée de l'affrontement, seule une question flotta dans la tête de Tony: Comment diable avait-il pu passer les derniers jours sans voir celui qu'il avait sauvé vivre dans la même tranchée ? Etrange.
C'est tout naturellement qu'ils se retrouvèrent au lieu de leur première rencontre, une fois la nuit tombée. Tony fut le premier à engager la conversation, brisant le silence installé. Il se pointa du doigt en articulant exagérément lentement son prénom, avant de fixer l'autre soldat qui termina par comprendre la question. Il se pointa également du doigt et fit :
"Bucky. Bucky Barnes."
Leurs regards se rencontrèrent et un sourire illumina leurs visages respectifs. Un sentiment appréciable flottait entre eux deux et aucun ne voulait quitter cette ambiance. Fatigués de la bataille de quelques heures plus tôt, ils se posèrent assis à côtés par terre, dans le même silence que d'habitude, et tentèrent de s'endormir. Magiquement, sûrement grâce à la présence reposante de son nouvel ami, Tony réussit à fermer ses yeux et se reposer.
Les jours passèrent ensuite. Nouvelles batailles, combats, fin, retrouvailles le soir. Une routine qui prenait place au fur et à mesure et Tony termina par attendre impatiemment le soir de chaque journée. Il tenta une fois de s'endormir en pleine journée, mais impossible pour lui de fermer les yeux sans la présence rassurante de Bucky. C'est vraiment étrange, en vrai.. mais de toute façon, rien n'était vraiment logique dans la guerre ! Alors, pourquoi pas apprécier un allemand avec qui il est impossible de converser ? Chacun ses folies !
Un soir, Tony arriva en premier sur leur lui de rendez-vous et il se laissa tomber en attendant Bucky. Ce dernier sembla mettre plus de temps, et lorsqu'il montra le bout de son nez, deux sourires illuminèrent la journée de l'autre. Barnes s'installa à côté de son ami et il posa sa main sur l'autre, toute aussi sale, posé sur le sol. Leurs regards se croisèrent, mélangeant bleu et marron, et un sentiment nouveau fut démontré à l'intérieur de leurs iris de différentes couleur. Un sentiment sauvage et inattendu, mais qui était arrivé dès leur première rencontre. L'amour, vous connaissez ? C'était ça. Ils s'aimaient tout les deux, dans un monde ou la guerre passait avant tout le reste. Et puis, quiconque les aurait vu, aurait pété un câble en criant sur tout les toits que deux hommes qui s'aiment est contre nature. Mais en réalité, ils n'en avaient cure. Ce qui était vraiment contre nature, c'était la guerre qui tuait des innocents par milliers chaque jours, détruisant des familles, des cœurs et des esprits. Elle ne devrait même pas exister.
D'un seul regard, ils comprirent qu'ils allaient survivre, pour profiter de l'amour qu'ils se portaient l'un pour l'autre sans limite.
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Fiction In Suspension
Genel KurguUn recueil contenant plein de nouvelles que j'ai écrite dans le temps, étalés sur mes deux précédents comptes. Il y aura des débuts de fanfiction jamais continuées, que peut-être un jour je reprendrai si vous le voulez ? Ou si j'en ai l'envie ? Quo...