Sous un autre angle

Chapitre 13

Myriam

- Myriam, tu peux m'expliquer ce qui se passe exactement s'il te plaît ? demanda Hamid, la voix calme mais empreinte d'une certaine gravité.

Il était assis sur le canapé du salon, les mains jointes, le regard me fixant avec une attention bienveillante.

J'avais pris une profonde inspiration avant de commencer.

Hamid, c'était le témoin de notre mariage, le meilleur ami de Malick. Un homme mature, toujours prêt à écouter et à conseiller. C'était quelqu'un que j'avais toujours considéré comme raisonnable.

Je savais qu'il n'était pas venu pour prendre parti, mais pour essayer de nous aider à sauver ce qui pouvait encore l'être.

N'empêche qu'aujourd'hui, il me demandait de justifier ce qui, à mes yeux, était injustifiable.

Depuis la dispute de la dernière fois, quand je m'étais enfermée dans la salle de bain... J'y etais restée une heure entière avant de sortir, parce que je n'entendais plus aucun bruit dans la chambre. Et quand j'étais finalement sortie, Malick n'était plus là. Il avait dormi dans une autre chambre cette nuit-là.

Je ressentais encore cette colère sourde qui m'avait envahie en découvrant son absence. Comment avait-il pu se permettre de déserter le lit conjugal pour une histoire où il n'avait même pas raison ? Ça m'avait profondément blessée. C'était lui qui avait tort, c'était lui qui m'avait blessée. Mais au lieu de venir me parler, de régler le problème, il avait préféré m'abandonner.

Je n'étais pas allée vers lui non plus. On avait passé toute la semaine ainsi, à s'ignorer. Je partais au travail chaque matin, je faisais le dîner quand je rentrais le soir, je déposais sa part sur la table et je m'enfermais dans la chambre. On ne s'etait pas adressé la parole, pas une seule fois.

Je marquai une pause, rassemblant mes pensées. Cette semaine avait été une torture silencieuse, une guerre froide où aucun de nous ne voulait céder.

Chaque jour, je me demandais s'il allait faire le premier pas, s'il allait enfin reconnaître qu'il avait tort. Mais il n'a rien fait, sauf me ramener Hamid et Dieu sait ce qu'il lui a raconté !

- Hamid..., commençai-je doucement, essayant de retenir la colère qui menaçait de refaire surface. Malick m'a reproché de manquer de respect à lui et à sa mère. Il m'a reproché d'avoir haussé le ton. dis-je avec amertume...

... Mais Hamid, c'est lui qui est en tort dans cette histoire. C'est sa mère qui est en tort. Elle m'a humiliée, encore une fois, et il veut que je m'excuse ? Il essaye de me faire croire que je suis le problème alors que je n'ai fait que défendre ma dignité. Je ne vais pas céder.

Hamid écoutait attentivement, ses yeux cherchant à capter chaque nuance de mon discours.

Je le regardais donc droit dans les yeux, cherchant un signe de soutien, quelque chose qui me ferait croire que je n'étais pas seule à voir l'absurdité de la situation.

- À la mairie, Je n'ai pas signé pour un tel nombre d'enfants, Hamid. J'ai signé pour un mariage, pour du soutien mutuel. Les enfants viendraient après. Et ce n'est pas parce que ça tarde chez moi que je suis inférieure aux autres femmes, que je devrais tout accepter.

Je sentais les larmes monter, mais je refusais de les laisser couler. Pas devant Hamid. Je devais rester forte, même si à l'intérieur, je me sentais brisée.

Hamid s'était penché légèrement en avant, sa voix brisant le silence tendu

- Le mariage n'est pas facile, Myriam. Ce sont des défis, des moments où on est testé. C'est un parcours parsemé d'épreuves, de défis. Il faut faire preuve de patience, de compréhension et d'écoute. Je comprends ce que tu ressens, mais... essaie de comprendre aussi ce que Malick traverse.