Sous un autre angle

Chapitre 39

''Le plus grand danger face à la déception est d'arrêter d'espérer.''

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Hélène

Myriam

En le voyant là, devant moi, Malick, je me sentais presque étrangère. C'était la première fois que je le revoyais depuis notre divorce, et je réalisais à quel point il m'était devenu... lointain.

En vérité, qui aurait cru que deux personnes qui ont partagé tant de moments, bons ou mauvais, finiraient par se regarder comme des étrangers ? Mais c'est bien ce que nous étions devenus. Des étrangers.

Je scrutais son visage, essayant de comprendre ce que je pouvais encore ressentir en sa présence, mais rien de positif ne venait. Pas une seule image des moments heureux. Rien.

Tout ce que je voyais, c'était la douleur, l'injustice, les humiliations. Je revoyais sa mère, son visage figé dans une éternelle expression de mépris, dictant chaque geste de notre vie de couple. Et lui, Malick, toujours là, silencieux, complice de cette cruauté sans borne.

Je voyais ce mariage qui m'avait brisé, cette misère qu'il m'avait infligée avec la complicité de sa mère... Comment aurais-je pu voir autre chose ?

Et puis, il avait rompu le silence. D'une voix étonnamment naturelle, il m'avait demandé

- Comment tu vas, Myriam ?

Je n'arrivais pas à croire qu'il me parle ainsi, comme si de rien n'était, comme si nous étions de vieux amis qui se retrouvaient après une longue absence.

Peut-être pensait-il que le temps effaçait tout, mais pour moi, ce temps-là n'avait rien effacé, seulement clarifié.

Je lui avais répondu d'une voix ferme

- Je vais bien.

Il avait hoché la tête sans un brin de gêne

- Ça fait longtemps ! ajouta-t-il, comme s'il cherchait à prolonger cette discussion absurde.

Je m'étais retenue de lever les yeux au ciel. À quoi jouait-il exactement ? Je ne pouvais que me demander s'il avait vraiment oublié la façon dont ça s'est terminé entre nous. Si c'était une simple tactique de politesse ou s'il cherchait à apaiser sa conscience.

Mon ton s'était durci quand j'avais répondu

- Oui, ça fait longtemps.

Je ne voulais pas prolonger cette conversation inutile, mais il semblait déterminé à continuer.

Il avait baissé les yeux un instant, un sourire nerveux flottant sur ses lèvres.

- Je suis content de voir que tu vas bien. Vraiment.

Il avait marqué une pause, cherchant visiblement ses mots.

- Je n'ai jamais voulu que ça se termine comme ça entre nous. Sa voix se faisait plus douce, plus incertaine. Je regrette vraiment la manière dont tout s'est passé. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais peut-être les choses différemment.

Je l'avais regardé, et j'avais eu envie de rire. Revenir en arrière ? Peut-être dans une vie où sa mère n'existait pas. Peut-être dans une réalité où il avait su se tenir debout face à elle, au lieu de me laisser me noyer dans les humiliations. Ce genre de regret, je n'y croyais pas une seconde. Alors, intérieurement, je riais, mais à l'extérieur, mon visage était resté impassible.