Sous un autre angle

Chapitre 40

''Il n'y a que TOI qui rime avec MOI''

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Hélène

Myriam

Sous le jet d'eau brûlant de la douche, mes larmes se mêlaient à l'eau qui coulait sur mon visage. Je ne pouvais plus les retenir. J'avais gardé tout ça en moi pendant trop longtemps, et ce soir, tout avait éclaté. Je me sentais étouffée par la douleur qui montait en vagues, tout comme celles qui se fracassaient sur les rochers plus tôt dans la soirée.

Khalil... ses mots résonnaient encore dans ma tête.

Tu mérites d'être aimée, Myriam, vraiment aimée, pour qui tu es, sans condition.

Cette phrase tournait en boucle dans mon esprit. Comment pouvait-il dire ça avec tant de sincérité et de conviction, alors que moi, je ne savais même plus si j'en étais capable?

J'avais toujours cru que l'amour était censé guérir, apaiser, donner un sens. Mais avec Malick... tout avait été détruit. J'avais aimé Malick, sincèrement, avec une naïveté qui me paraît aujourd'hui presque ridicule. J'avais cru qu'en le choisissant, en choisissant ce mariage, je choisissais le bonheur. Mais ce qui m'attendait était bien loin de ce que j'avais imaginé. Trahison, incompréhension, une vie passée à essayer de combler un vide, à essayer de mériter le minimum. Et puis, quand il a pris une deuxième femme, j'ai compris que je ne pourrais jamais combler ce vide.

La douleur m'avait changée. J'avais dû me construire une armure, solide et impénétrable. J'avais appris à faire semblant que tout allait bien, à me dire que je m'en sortais, que j'avais tourné la page. Mais ce soir, en croisant Malick et en écoutant Khalil, toute cette façade s'était effondrée.

Je n'avais jamais vraiment pleuré pour Malick, pas vraiment. Je m'étais convaincue que j'étais passée à autre chose. Mais là, sous cette douche, je ne pouvais plus me mentir. La douleur était là, elle avait toujours été là, enfouie sous une montagne de "ça ira", de "je suis forte".

Mais je n'étais pas forte. Pas ce soir. Ce soir, j'étais vulnérable.

Et Khalil... Il était si différent de Malick. Depuis le début, il m'avait vue, vraiment vue. Il avait été là quand j'étais brisée, sans rien attendre en retour. Il avait toujours été respectueux, attentionné, jamais oppressant. Et ce soir, il avait mis des mots sur ce qu'il ressentait depuis si longtemps. Pourtant, au lieu de me réjouir de cette déclaration, j'étais là, en train de pleurer sous ma douche comme si je ne pouvais rien accepter de bon dans ma vie.

Pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas simplement laisser Khalil m'aimer ? Pourquoi je suis tellement effrayée de lui faire confiance ? Me demandais-je en essuyant mes joues trempées.

Je savais qu'il méritait mieux que mes peurs, mieux que mes hésitations. Il méritait une femme entière, une femme qui pouvait l'aimer sans retenue. Et moi... je n'étais plus cette femme. J'étais brisée, marquée par des années de désillusions, de sacrifices, de déceptions.

J'avais vu dans ses yeux qu'il était déçu, qu'il s'attendait à ce que je dise autre chose, à ce que je sois prête à lui ouvrir mon cœur. Mais je ne pouvais pas. Pas après tout ce que j'avais vécu. Et puis, il y avait cette peur qui me rongeait : et si l'histoire se répétait ? Si, comme Malick, Khalil finissait par me délaisser, par se lasser de moi ? Après tout, il n'avait jamais été marié. Il n'avait pas connu la vie de couple, les compromis, les sacrifices. Et surtout, il n'avait jamais été confronté à la douleur de ne pas avoir d'enfants.