Chapitre 19

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''Parler de ses peines c'est déjà se consoler''
Albert Camus


Myriam

Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner. Les vibrations étaient incessantes, envahissantes. C'était un déluge de notifications, des messages qui s'accumulaient, des appels manqués qui s'ajoutaient à la liste.

J'avais désactivé les sons, mais chaque bourdonnement m'irritait encore plus. J'avais l'impression d'être cernée, enfermée dans un cercle de regards invisibles, de murmures malveillants.

Ils avaient tous vu les photos de ce maudit mariage sur les réseaux sociaux. Certains se demandaient ce qui se passait réellement, d'autres me contactaient, sûrement par curiosité, ou pour s'immiscer dans cette humiliation publique. Après tout,mon mariage ne durait que quatre ans. Quatre petites années.

Je savais bien que parmi tous ces messages, il y en avait de sincères, de ces quelques amis ou proches qui compatissaient véritablement.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser aux autres, ceux qui se repaissaient de ce drame, qui attendaient de voir comment j'allais réagir. Après tout, une femme mariée sans enfant est toujours un sujet de commérage, une proie facile pour les langues bien pendues.

Je sentais une boule de colère et de douleur me nouer la gorge. Je n'avais pas besoin de leur pitié. Elle me brûlait comme de l'acide, me rappelant sans cesse que j'étais une victime, que j'avais été trahie. Que mon mari, Malick, avait osé me faire cela. Et cela me blessait encore plus profondément que je ne l'aurais imaginé. Comment avaient-ils osé, lui et sa mère ?

Juste au moment où je décidais de couper tout contact avec le monde extérieur en éteignant complètement mon téléphone, il avait sonné à nouveau. Cette fois, ce n'était pas une notification. C'était un appel.

J'avais regardé l'écran et avait vu que c'était ma mère. Elle appelait au moment précis où j'étais prête à me retirer de tout ce vacarme, de tout ce tumulte.

J'avais pris une profonde inspiration et j'avais décroché, une part de moi espérant qu'elle ne me jugerait pas, qu'elle serait là pour me réconforter.

- Où es-tu, Myriam ? Sa voix était tendue, lourde d'inquiétude.

J'avais retenu un sanglot.

- Je suis à la maison, maman.

Il y avait eu une pause, un silence rempli de mille mots non dits.

- J'arrive tout de suite.

Et elle avait raccroché. Pas de longues explications, pas de questionnement inutile. Elle savait. Bien sûr qu'elle savait. Les nouvelles circulent vite, trop vite.

Mon cœur s'était serré à l'idée de la voir, de devoir affronter la pitié dans ses yeux. Cette pensée m'était insupportable.

J'avais éteint enfin mon téléphone, pour de bon cette fois, avant de m'asseoir sur le canapé.

Je voulais rassembler mes pensées, mais elles n'en faisaient qu'à leur tête. Elles tournaient en boucle autour de la même image : celle de Malick, mon mari, mon compagnon de vie, se tenant fièrement aux côtés de cette autre femme, cette nouvelle femme, un sourire éclatant accroché à ses lèvres, comme s'il venait de remporter le plus grand des prix.

Sous un autre angleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant