Sous un autre angle

Chapitre 26

''Le passé n'est jamais mort. Il n'est même pas passé."
William Faulkner

Lamine

Le soleil déclinait lentement à l'horizon, projetant des ombres longues sur le terrain de basket.

Ibou et moi étions déjà là, assis sur le banc à l'entrée du terrain, attendant patiemment l'arrivée de Cherif. Ces moments de détente étant devenus une sorte de rituel pour nous, une pause bien méritée loin des préoccupations du quotidien.

Les paniers du terrain voisin résonnaient d'un bruit de balle qui frappait le sol et les cris des gamins qui jouaient. Ils semblaient si insouciants et heureux, comme nous l'étions autrefois.

- Alors, Ibou, je tiens encore à te féliciter pour tes fiançailles ! dis-je en souriant sincèrement. Je suis vraiment heureux pour toi. Enfin, tu vas te caser !

Ibou, les mains posées sur ses genoux, m'avait renvoyé un sourire, mais je pouvais percevoir une touche de réflexion silencieuse dans son expression.

- Merci, mon frère. Tu sais, je vous enviais un peu, toi et Cherif. Vous êtes mariés, heureux, avec vos vies bien établies. Moi j'étais encore le seul célibataire de la bande. Nana avait même commencé à se faire des idées. Elle n'arrêtait pas de me rappeler que j'étais le seul du groupe à ne pas avoir sauté le pas. Avoue-t-il

J'avais hoché la tête avec un sourire compréhensif.

- Tu sais, chacun avance à son rythme. Et puis, je t'avoue que la situation n'est pas toujours aussi rose qu'elle semble. De toute façon Tu n'es plus si loin que ça, mon ami. Bientôt, tu seras marié, et toutes ces plaintes se transformeront en autres choses, crois-moi.

Il avait souri avant de changer de sujet

- En parlant de ça, je voulais te féliciter encore pour la grossesse de Bintou. Je suis vraiment heureux pour vous. Vous allez enfin fonder une famille. Et je suis sûr que ce sera un vrai bonheur comme toujours. Certes c'est une nouvelle étape mais je suis sûr que vous serez des parents géniaux.

J'avais souri à cette remarque, amusé par la légèreté de ses mots et il avait continué ses taquineries.

- Vous qui êtes toujours collés serrés, vous allez passer de la lune de miel à une routine de parents. Tu vas te familiariser avec les couches et les cris de bébé. Se moque t-il

- Hum Ibou bientôt ce sera ton tour n'oublie pas. Répondis-je

J'avais souri mais une vague d'amertume m'avait envahi.

Si tu savais, mon cher Ibou, si tu savais... pensai-je.

Je m'étais dit en le regardant, que lui et les autres ont une image tellement parfaite de notre vie, alors qu'en réalité, c'est plutôt un chaos organisé.

Mes amis me voyaient toujours comme l'exemple d'une vie de couple parfaite, ignorant tout ce qui se cachait derrière cette façade...

C'est à cet instant que Cherif était arrivé, un large sourire aux lèvres, tenant son fils Sidiki par la main.

Les enfants grandissent tellement vite. Le petit trottinait joyeusement à côté de son père, ses petites jambes s'efforçant de suivre le rythme de Cherif.

- Eh, les gars ! Vous êtes déjà là ! s'exclama Cherif en nous rejoignant.

Je l'avais regardé en souriant, puis mes yeux s'étaient posés sur Sidiki.

- Alors, c'est toi qui fais la garde aujourd'hui, Cherif ? demandai-je, un sourire en coin.

Cherif avait hoché la tête en riant.