Chapitre 18

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"Le vrai désespoir, c'est quand la vérité qu'on découvre nous pousse à remettre en question tout ce qu'on croyait savoir."
Albert Camus


Lamine

Cette nuit-là, j'avais fait un rêve qui m'avait glacé le sang. Dans ce rêve, Bintou avait enfin découvert la vérité, ce lourd secret que je portais depuis trop longtemps.

Ses yeux, habituellement remplis de douceur, me transpercaient de douleur et de colère. Elle se tenait devant moi, le visage fermé, les larmes coulant sans retenue.

- Comment as-tu pu me faire ça, Lamine ? me lance-t-elle, la voix tremblante de rage. Tu es un égoïste, un menteur... un homme cruel !

Je tentais de l'approcher, de lui expliquer, mais à chaque pas que je faisais vers elle, elle reculait.

Je sentais mon cœur se serrer, comme si une main invisible l'écrasait dans ma poitrine. Mon esprit était en feu, cherchant désespérément les mots pour la retenir, pour tout lui dire enfin. Mais ma voix ne sortait pas, elle restait bloquée dans ma gorge, étranglée par la peur.

Bintou continuait de s'éloigner, ses pas devenaient de plus en plus rapides, presque une fuite. Je courais après elle, mais elle s'éloignait de plus en plus. Je criais son nom, une fois, deux fois, puis encore, jusqu'à ce que je me réveille en sursaut, la sueur coulant sur mon front, mon cœur battant à tout rompre.

- Bintou ! hurlais-je dans la nuit silencieuse, le nom résonnant dans la chambre vide.

Je m'étais redressé brusquement, la poitrine serrée, mes mains tremblant légèrement. Ce n'était qu'un rêve, mais il semblait tellement réel.

J'avais respiré profondément, tentant de calmer les battements affolés de mon cœur. Mais la douleur était là, intense, m'écrasant la tête comme un étau.

Je m'étais levé péniblement du lit, cherchant à tâtons le tiroir de la table de chevet où je gardais des médicaments. Chaque mouvement m'aggravait le mal de tête, comme si mon crâne allait éclater.

En fouillant le tiroir à la recherche des comprimés, j'étais tombé sur quelque chose de dur, que je n'avais jamais remarqué auparavant. C'était un petit carnet, à la couverture usée, que j'avais examiné sous la lumière tamisée de la lampe de chevet. Le journal intime de Bintou.

Je ne savais pas qu'elle en tenait un, et je restais un instant immobile, hésitant. Mon cœur, déjà lourd de culpabilité, se serrait davantage à l'idée de violer son intimité. Mais la curiosité avait fini par l'emporter. J'avais ouvert le carnet avec une pointe de nervosité, tournant délicatement les pages.

Les premières pages étaient remplies de souvenirs heureux, de petits instants de vie que j'avais presque oubliés. Elle y avait décrit notre rencontre, notre premier rendez-vous, et les moments marquants de notre relation.

En lisant ses mots, je me surprenais à sourire, malgré la douleur persistante dans ma tête. Je me souvenais de ces journées ensoleillées, de nos escapades, de nos rires partagés. Je pouvais presque entendre sa voix douce à travers ces lignes, ressentir la chaleur de son amour.

Mais au fil des pages, le ton avait changé. Bintou commençait à parler de son désir d'enfant, de sa douleur de ne pas pouvoir m'en donner un. Elle avait décrit ses nuits d'insomnie, ses larmes secrètes, et sa culpabilité.

- Lamine est un ange, écrit-elle, il ne me persécute jamais pour cela, contrairement à tant d'autres hommes. Je me sens chanceuse, mais en même temps, je me sens si coupable... Je crains de le décevoir.

Sous un autre angleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant