Chapitre 30

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"Il n'est jamais trop tard pour devenir ce que nous aurions pu être."

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Hélène

Lamine

Hassan me regardait avec cette expression, à mi-chemin entre l'inquiétude et l'incompréhension.

Il avait secoué la tête avant de me demander

- Pourquoi tu me poses cette question, Lamine ? Est-ce que... est-ce que tu es dans ce cas ?

J'étais là, sonné. Les mots s'alignaient dans ma tête, mais tout semblait confus, irréel.

Hassan était celui qui avait découvert ma stérilité. Le seul à comprendre à quel point cette nouvelle remettait en question tout ce que je croyais savoir. J'avais pris une grande inspiration avant de répondre, tentant de mettre un peu d'ordre dans ce chaos intérieur 

- Oui... enfin... Une copine d'enfance m'a contacté récemment. Et elle m'a raconté... qu'elle est tombée enceinte à l'époque, mais son père a tout fait pour me tenir à l'écart, pour que je ne sois au courant de rien. Elle avait quinze ans. Il ne voulait pas que l'affaire s'ébruite. Je n'ai jamais été au courant... jusqu'à aujourd'hui.

Hassan avait écarquillé les yeux. Je pouvais voir qu'il essayait d'assimiler l'information, tout comme moi. Après quelques secondes de silence, Il m'avait regardé avec des yeux perçants, des yeux d'ami qui me connaît depuis des années, qui sait à quel point ce sujet m'a hanté

- Alors c'est... ton fils. Ton fils, Lamine.

Ce mot, "fils", résonnait dans ma tête comme un écho dans un grand vide. Il résonnait dans ma tête, comme s'il ne m'appartenait pas, comme s'il venait d'un autre monde. Un monde où je pouvais être père, un monde auquel je n'avais jamais osé rêver. Mon cœur s'était mis à battre plus fort. Je ne pensais pas... je ne pensais pas que ce serait possible pour moi, que j'aurais jamais le droit d'entendre ces mots.

Une chaleur étrange, presque effrayante, s'emparait de moi, envahissant mon corps, du bout des pieds jusqu'au sommet de la tête. Je me sentais submergé par une vague d'émotions indescriptibles.

Hassan avait pris l'enveloppe que j'avais toujours à la main, l'avait ouverte, et en avait sorti les photos. Il les avait examinées longuement, ses yeux passant de l'une à l'autre. Puis, il m'avait regardé avec un sourire qui, étrangement, m'avait réchauffé le cœur.

- Regarde, Lamine, il te ressemble tellement. Il y a quelque chose dans son regard, ce même air sérieux que tu avais déjà à cet âge.

J'avais pris les photos, les scrutant avec plus d'attention cette fois-ci. Oui, il y avait quelque chose, une ressemblance évidente. Je ne l'avais pas remarquée avant, perdu dans la tempête de cette révélation. Mais maintenant, je pouvais la voir.

C'était comme si je me regardais, moi, quinze ans plus tôt. Un autre frisson m'avait parcouru, mais cette fois, il était suivi d'une chaleur, d'une sorte de lumière que je n'avais pas ressentie depuis si longtemps.

Hassan avait posé sa main sur mon épaule et avait ajouté, sincèrement 

- Lamine, je suis tellement content pour toi. Je sais à quel point tout ça a été difficile pour toi. C'est vrai que tu as perdu beaucoup d'années avec lui mais tu as encore largement le temps de tout rattraper. Tu as une seconde chance, mon frère.

Et là, c'était comme si quelque chose avait changé en moi. Un sourire, un vrai sourire, s'etait dessiné sur mon visage, un sourire que je n'avais pas eu depuis si longtemps.

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