Chapitre 16

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''On ne se débarrasse pas de sa culpabilité en l'accumulant.''
Albert Camus

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Lamine

Ce matin-là, après ma conversation avec ma mère j'étais totalement sonné mais il fallait que je me rende au travail. J'avais des responsabilités à assumer.

Malgré ma détermination, le travail m'était devenu insurmontable. Chaque document que je tentais de lire, chaque réunion à laquelle je participais, semblait flou et hors de portée. Mon esprit était ailleurs, embrouillé par la torpeur des événements récents.

À la pause déjeuner, Ibou et Cherif, m'avaient demandé si on pouvait se retrouver au café du coin. Nous le faisions quelques fois pour discuter car nos lieux de travail n'étaient pas très loin les uns des autres.

Le simple fait de sortir de l'environnement de bureau me paraissait un répit bienvenu.

Nous nous étions installés à une table, et le café avait été commandé. Je m'étais laissé tomber dans ma chaise, distrait, incapable de me concentrer sur autre chose que le chaos intérieur.

Ibou, m'avait fixé avec inquiétude

- Lamine, ça ne va pas du tout. Tu as l'air complètement tourmenté. Qu'est-ce qui se passe ?

Cherif avait ajouté

- Oui, ça se voit que quelque chose te tracasse. Si tu veux en parler, on est là pour ça.

J'avais soupiré profondément avant de me lancer en racontant autre chose

- Vous vous souvenez de Zeïnab, ma copine du collège ? je l'ai rencontrée au supermarché récemment...

Les yeux de Cherif s'étaient aggrandi d'étonnement.

- Zeïnab ? Celle qui avait disparu du jour au lendemain sans laisser de trace ? Oui, je me souviens bien d'elle. Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

J'avais hoché la tête

- Oui, c'est bien elle. Elle avait une attitude vraiment bizarre. C'était comme si elle était terrifiée de me voir.

Ibou avait réfléchi un moment avant de proposer

- Peut-être qu'elle a été surprise de te voir, surtout après tout ce temps. Ça pourrait expliquer son comportement étrange.

Cherif, cependant, semblait percer à jour ma détresse. Il n'était pas dupe et savait que Zeïnab ne pouvait pas être la cause de mon tourment

- Attends, ce n'est pas tout. Tu as l'air vraiment ailleurs. Ce n'est pas juste à cause de Zeïnab, n'est-ce pas ? Il y a autre chose.

J'avais détourné le regard, essayant de cacher ma confusion.

- Non t'inquiète, ce n'est rien de grave. Juste quelques soucis au bureau.

Ibou et Cherif s'étaient regardés, visiblement sceptiques. Cherif avait insisté

- Lamine, on se connaît depuis longtemps. On peut parler de tout. Si c'est plus sérieux que ça, tu peux nous le dire.

Je me sentais de plus en plus accablé par la difficulté de maintenir cette façade. J'avais soupiré une fois de plus avant de murmurer

- Vous avez raison. C'est un mélange de choses. Zeïnab, le travail, et... des problèmes personnels.

Ibou avait posé une main amicale sur mon épaule.

- Écoute, on est là pour toi. Peu importe ce qui te préoccupe, on peut t'aider. Parfois, juste en parler peut faire une grande différence.

Sous un autre angleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant