Sous un autre angle

Chapitre 55

"Nous ne sommes que poussière, et à la poussière nous retournerons..."

Bonne lecture
Votez massivement svp
Hélène

Lamine

Quand Bintou avait enfin lâché la vérité, que cet homme, cet ancien ami d'enfance avec qui elle avait eu cette histoire, l'avait recontactée, j'avais ressenti un choc électrique traverser tout mon corps.

C'était étrange, comme un mélange de surprise, de malaise, de curiosité mal placée d'inquiétude et peut-être même d'une pointe de colère que je tentais d'étouffer au fond de moi.

Mais je m'étais fait une promesse, non ? Je m'étais promis de rester ouvert, de l'écouter sans jugement, de la soutenir... Néanmoins j'étais inquiet. La paix que nous venions de reconstruire me semblait soudain fragile, vulnérable, prête à s'effriter au moindre souffle du passé.

Bintou me fixait avec une intensité rare, presque implorante. Elle avait cet air-là, ce regard intense. Celui qu'elle prenait toujours quand elle était sur le point de m'annoncer quelque chose de lourd, de profond. C'était le même regard qu'elle avait la nuit où notre monde s'était écroulé. Je voyais dans ses yeux la même peur, la même culpabilité, mêlée d'une sincérité désarmante.

Elle m'avait tendu son téléphone, les mains tremblantes. Elle avait tenu à me faire lire chaque mot, comme si elle espérait que je pourrais lire entre les lignes quelque chose qu'elle n'y voyait pas.

J'avais pris l'appareil, le visage grave. Je lisais, mais chaque phrase sonnait comme une menace silencieuse. Le message était bref, presque anodin, mais terriblement lourd de sous-entendus.

- Salut Bintou ! J'aimerais te voir. Juste une conversation, rien de plus. Avait-il écrit.

C'est tout ce qu'il avait écrit. Il disait vouloir la voir. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi tout à coup, après tout ce temps ?
J'avais senti mon cœur se serrer. Que voulait-il vraiment ?

J'avais jeté un coup d'œil à Bintou. Elle avait cette peur dans ses yeux, une peur qui me faisait mal, parce que je savais qu'elle redoutait de gâcher à nouveau tout ce que nous avions construit.

- Je suis désolée, Lamine... Avait-elle murmuré, sa voix brisée. Je ne sais pas pourquoi il m'a contactée. Je ne veux pas de problèmes entre nous, tu sais... On allait bien, tout allait bien.

Elle se tordait les mains, un tic nerveux qu'elle avait chaque fois qu'elle était submergée par l'anxiété. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, lui dire que tout irait bien, mais les mots restaient coincés dans ma gorge à cet instant.

J'avais pris une grande inspiration, me forçant à rester calme.

- D'accord ! Avais-je dit finalement, essayant d'adopter un ton rassurant. Écoute, je pense qu'il vaut mieux écouter ce qu'il a à dire. Peut-être qu'il veut juste clore ce chapitre, lui aussi.

Ses yeux s'étaient agrandis, comme si elle ne pouvait pas croire ce que je venais de dire. Elle avait secoué la tête, désespérée.

- Non, Lamine, je peux changer de numéro, on peut l'ignorer. Je ne veux pas que ça te fasse du mal, que ça nous fasse du mal...

Sa voix se brisait de plus en plus, et les larmes coulaient librement sur ses joues. Je m'étais avancé vers elle, essuyant une larme du bout des doigts.

- Chut... on a survécu à bien pire, n'est-ce pas ? Lui avais-je murmuré en essayant de lui sourire, même si je n'étais pas sûr d'y croire moi-même. S'il veut parler, laissons-le parler. On est plus forts que ça.