Sous un autre angle

Chapitre 23

"Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement."
Eleanor Roosevelt

Myriam

L'interview dont Khalil m'avait parlé avait enfin eu lieu. Nous avions passé une semaine entière à la préparer, peaufinant chaque détail pour nous assurer que notre message serait clair et convaincant.

Et aujourd'hui, tout s'était déroulé à merveille. Assis l'un à côté de l'autre, nous avions répondu aux questions des journalistes avec assurance, expliquant avec passion ce que nous comptions faire.

Le projet de construction d'hôpitaux dans les zones reculées avait visiblement touché une corde sensible.

Les gens semblaient impressionnés et satisfaits, et comment ne le seraient-ils pas ?

Dans ces régions oubliées, des personnes mouraient chaque jour faute de soins appropriés.

Le manque d'infrastructures médicales signifiait que les malades devaient parcourir des kilomètres pour atteindre les grandes villes, une épreuve insurmontable pour beaucoup.

Et au-delà de la santé, ce projet avait aussi le potentiel de créer des emplois, de revitaliser des communautés entières. Khalil et moi maîtrisions le sujet, et les réactions positives de l'audience me donnaient le sentiment d'avoir accompli quelque chose de vraiment important.

À la sortie du studio, Khalil s'était tourné vers moi avec un large sourire, ses yeux pétillants de fierté.

- Myriam, tu as assuré pendant l'interview. Vraiment, tu étais incroyable.

Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire en retour, touchée par ses mots.

- Merci, Khalil. Mais tu as été tout aussi brillant. On forme une équipe de gagnants, après tout.

Il avait hoché la tête, son sourire s'élargissant encore.

- Absolument ! avait-il répondu.

Alors que nous marchions vers nos voitures, il s'était tourné vers moi et m'avait proposé

- Que dirais-tu de venir découvrir mon entreprise maintenant ? Je pense que ça pourrait être intéressant pour toi de voir comment on travaille sur des projets similaires.

J'avais accepté avec enthousiasme. C'était l'occasion parfaite d'en apprendre davantage sur sa façon de gérer les choses, et puis, je devais bien admettre que j'étais curieuse de voir son monde de plus près.

Dans la voiture, Khalil avait continué à parler de l'importance d'être sur le terrain pour superviser personnellement de tels projets.

- Pour ce genre de projet, il faut se déplacer souvent, être sur le terrain, avait-il expliqué en fixant la route devant nous. Il n'y a rien de mieux que d'être soi-même sur place pour s'assurer que tout se passe bien.

J'avais acquiescé, partageant son point de vue.

- Oui, je comprends parfaitement. Il faut être présent pour voir les choses de ses propres yeux.

Il avait semblé réfléchir un instant avant de me demander

- Et ça ne te posera pas de problème, avec ton mari et tes enfants ? Je sais que ce n'est pas toujours facile pour les femmes de concilier tout ça, avec les contraintes familiales.

J'avais souri intérieurement, un peu amusée par son inquiétude.

- Ne t'inquiète pas pour ça, répondis-je calmement. Ça ne posera aucun problème de mon côté.