LXI

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Faith

Je suis étendue sur mon lit, le regard perdu sur le plafond. Aujourd'hui, je n'ai pas mis les pieds en cours. Mon père m'a donné l'autorisation de rester, comme s'il pressentait que tout ce qui m'accable ne trouverait aucun remède dans la froideur des salles de classe.

Aveugle et terriblement naïve, voilà ce que j'ai été.

Jessica l'avait bien vu, elle, elle m'avait avertie. Mais moi, j'ai fermé les yeux, refusé d'écouter. Une naïveté, une confiance aveugle dans des promesses déguisées qui masquaient leurs intentions. Comment ai-je pu croire, ne serait-ce qu'un instant, que mon père, lui, décidait de se racheter, de m'accorder quelque chose sans rien attendre en retour ? L'idée même est absurde. Et moi, je m'y suis accrochée comme on s'agrippe à un rêve qui s'effrite au matin.

Ariana m'a tout dit. Elle n'a rien dit de ce qu'elle faisait là bas à une heure si avancée, mais elle a parlé. Chaque mot qu'elle m'a dit a brisé un peu plus ce qu'il restait de mes illusions. Elle a raconté ce qu'elle avait entendu, la vraie vérité qui m'est tombée dessus comme un coup de poignard.

Pourtant, rien de tout ça n'excuse la décision d'Alban. Me quitter, soudainement, parce que mon père aurait promis de me rendre heureuse ? Comme si cette promesse était une menace. Comme si le bonheur, ou l'idée même que je puisse en trouver, était soudain devenu un fardeau pour lui. Ça n'a aucun sens, aucun.

Je n'ai rien dit à mon père. Et je n'en ai pas l'intention. Il ne se doute sûrement pas qu'une personne que je connais a espionné leur discussion. Et, au fond, je n'ai ni la force ni l'envie de le confronter. Non, si je dois blâmer quelqu'un, ce sera Alban. Lui seul, qui m'a rejetée sans un regard en arrière, comme si je n'avais jamais compté.

Pour de bon.

Cette pensée me hante, me broie de l'intérieur. Après tout ce que nous avons traversé, après tant de promesses, il m'abandonne pour de tels prétextes. Comment peut-il m'infliger ça, après tout ce que nous avons partagé ?

Je le sais, au fond de moi : il y avait sans doute réfléchi depuis longtemps, bien avant cette discussion avec Madame Wilson. Ce n'était qu'une excuse. Et moi, je me retrouve seule, enfermée dans un silence oppressant, à me demander combien de temps je tiendrai. Vais-je retomber ? Ou bien trouverai-je la force de continuer à éviter son regard, à feindre l'indifférence ?

Trop de choses restent à lui dire, mais je ne pourrai jamais les partager. Lentement, je me lève et m'avance vers le miroir. Mon reflet me renvoie l'image d'une jeune fille déboussolée, perdue dans un océan d'incertitudes. Mes yeux rougis, mes traits fatigués, tout en moi trahit la tempête qui fait rage en moi.

Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration, tentant désespérément d'invoquer une pensée un peu plus positive. Mais rien ne vient, rien, car la vérité s'impose à moi : Alban ne reviendra pas. Pas aujourd'hui, pas demain. Peut-être jamais.

Je me résous finalement à appeler Jessica. Malgré notre dispute d'il y a quelques jours, je sais que sa voix, aussi tranchante soit-elle, m'apportera au moins un peu de réconfort. Elle répond après quelques sonneries, sa voix résonne, presque nonchalante, comme si elle anticipait déjà la raison de mon appel.

— Mmh ? dit-elle.

— Jess... Tu n'es pas en cours ?

— J'ai séché, réplique-t-elle, sans surprise.

— Pourquoi ?

Un silence se pose, puis elle laisse échapper un rire sans joie, presque amer.

— Pourquoi ? Je peux pas te le dire. Je suis apparemment trop jalouse pour comprendre quoique ce soit, tu te souviens ?

Je soupire, me laissant aller dans ce soupir. Jessica, elle, enchaîne.

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⏰ Dernière mise à jour : 12 hours ago ⏰

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