XLIX

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Faith, onze mois plus tôt.

— Faith, Mon Dieu, t'as bu trois verres et demi et tu marches même pas droit, se lamenta Jess avec un soupir exaspéré. En plus, ton rouge à lèvres s'est étalé tout autour de ta bouche.

— Elle a embrassé qui ? s'enquit Carol, intriguée.

— Marvin, répondit Jess en roulant des yeux.

— Marvin, le mec d'Emy ? demanda Ann, visiblement choquée.

Jess hocha la tête en signe de confirmation.

Mes talons à la main, mon bras accroché à celui de Jess, j'essayais de ne pas trébucher tout en accélérant le pas. Nous venions de descendre du bus, nous dirigeant vers ma maison après une soirée interminable. Les quatre filles qui m'accompagnaient ne cessaient de chanter du rap à tue-tête, formant une véritable cacophonie. Les sourcils froncés, je réfléchissais à la journée qui m'attendait demain. Emy était censée être mon amie. Il n'avait suffi que d'un stupide gage pour que je perde la tête et embrasse un garçon que je connaissais à peine. Le pire dans tout ça, c'était sans doute que je savais qu'Emy allait faire semblant de ne rien savoir. Peut-être parce qu'elle craignait que je ne la considère plus comme mon amie.

Ayant vécu ainsi par le passé, avec cette peur constante d'être rejetée par mes seules amies, l'idée que je faisais subir cela à quelqu'un d'autre me dégoûtait profondément. Les souvenirs de ces moments d'insécurité remontaient à la surface, me rappelant à quel point il est douloureux de se sentir trahie et abandonnée.

Une fois devant chez moi, je saluai les filles d'un signe de la main avant de pénétrer dans la maison, le cœur lourd de remords. Me plaçant devant le miroir, je tentai d'effacer les traces de rouge à lèvres autour de ma bouche. La lumière s'alluma soudainement, faisant bondir mon cœur de terreur.

Je me retournai, la gorge serrée par une peur intense.

— Pa...pa ?

— Faith ? fit-il, la voix empreinte de stupeur.

— Tu n'étais pas censé être à Portland ? demandai-je, mes lèvres tremblantes de nervosité.

Il me scruta de la tête aux pieds, ses yeux passant de ma robe trop courte prêtée par Ann à mon maquillage désordonné, signes éclatants d'une soirée tumultueuse.

— Notre vol a été annulé, le jet nous a ramenés, dit-il d'un ton froid.

J'avalai difficilement.

— Et toi, pendant mon absence, c'est ça que tu fais, hein ?

— C'est...

— C'est quoi, hein ? Ce n'est pas ce que je crois, c'est ça ? rugit-il, les sourcils froncés.

Je baissai la tête, honteuse.

— Putain, Faith, qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Quand est-ce que tu as commencé à m'échapper comme ça ? Qu'est-ce que j'ai loupé dans ton éducation ? T'as seize ans.

— Dix-sept, murmurai-je, presque inaudible.

— En plus de me désobéir tu me réponds ? s'écria-t-il.

Mon pied tapait nerveusement contre le sol.

— Donc, malgré tout ce que je te dis, toutes les menaces faites, t'es pas foutue de changer de comportement et d'arrêter de faire la pute, hein ?

Je relevai le regard, les sourcils froncés de frustration et de douleur.

— C'est la troisième fois en quatre mois que tu rentres comme ça à la maison et tu crois que je ne vais pas agir ? Tu te fourres le doigt dans l'œil, me prévint-il avec une froide détermination. Et tu sais très bien qu'on en a déjà discuté et que je ne parle pas dans le vent. On va partir d'ici, et très vite. Tu ne vis qu'entourée de petites garces qui ne font que t'influencer.

Forgotten MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant